Né le 1er février 1869 à Paris (IIIe arr.), fusillé comme otage le 16 septembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; horloger ; socialiste.

Fils de Félix, relieur, et de Jeanne, née Grumbach, relieuse, Isaïe Bernheim épousa Flore Schwob, et le couple eut six enfants : Marcel, Marthe et Fernande, Germaine, Jeanne et Raymond. Étant soutien de famille, il fut classé dans la réserve active en 1893, dans l’armée territoriale en 1896, dans la réserve territoriale en 1902 puis libéré de ses obligations militaires le 1er septembre 1915.
Il était connu comme militant du Parti socialiste unifié, beau-père de Jean Goldsky du Bonnet rouge. Il fut secrétaire de la 3e section du Parti socialiste en 1913. Il vivait 5 rue des Quatre fils (IIIe arr.) jusqu’en 1934, puis il déménagea au 10 rue Jules-Verne dans le XIe arrondissement.
Plusieurs locataires se succédèrent dans l’appartement du IIIe arrondissement qui comprenait un grenier. Début septembre 1941, une nouvelle locataire, Gabrielle L., prit possession des lieux. Elle découvrit dans le grenier des clichés d’imprimerie, prit peur et les porta au commissariat Saint-Avoie. Elle déclara au commissaire qu’elle avait craint d’être fusillée. Lors de la perquisition du grenier, d’autres clichés en zinc furent saisis. Le commissaire les qualifia de « juifs et communistes ».
Isaïe Bernheim fut arrêté le 2 septembre 1941. Il resta dans les locaux de la police jusqu’au 4 septembre. Sur la feuille de journée du commissariat, il fut écrit qu’il était gardé à vue pour « propagande communiste et abus de confiance ». Des militaires allemands l’emmenèrent au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs, puis le 15 des soldats de la Wehrmacht l’emmenèrent à la prison du Cherche-Midi à Paris (VIe arr.) administrée par les autorités allemandes.
Les militaires allemands firent l’objet de plusieurs actions de la Résistance à Paris début septembre 1941. Le 6 vers 4 h 30 du matin des sentinelles allemandes de faction devant la propriété d’un collaborateur dans le XVIe arrondissement essuyèrent des coups de feu. Le même jour, vers 23 h 30 l’adjudant Hoffmann fut pris pour cible, rue Fontaine (XVIe arr.). À la même heure, boulevard Bonne-Nouvelle (Xe arr.), Ehwin Gerstner reçut plusieurs coups de poing au visage. Au moment où il prenait son billet à la station Porte Dauphine (XVIe arr.), le matelot Denecke fut blessé d’une balle à la cuisse le 10 vers 19 h 15. Enfin, le 11 sur les Champs-Élysées (VIIIe arr.) le trésorier général Knop reçut un coup de matraque sur la tête.
Les autorités d’occupation décidèrent de fusiller en représailles dix otages le 16 septembre 1941 au Mont-Valérien. Isaïe Bernheim, soixante-douze ans, fut passé par les armes à 8 h 30 en compagnie de : Lucien Matheron, vingt et un ans, René Joly quarante et un ans, Lucien Clément vingt-neuf ans, Albert Gokelaere vingt-six ans, Jules Bonnin vingt-quatre ans, David Liberman dix-neuf ans, Chil Opal cinquante ans, Henri Bekerman vingt et un ans et Léon Blum soixante-deux ans.
Le lendemain, un Avis signé du général Von Stülpnagel fut placardé sur les murs de Paris avec les noms des dix otages "fusillés par mesures de répression contre des agressions commises à Paris contre des membres de l’Armée allemande". Le journal collaborationniste Le Matin publia la reproduction du placard allemand à la une ; le texte du quotidien soulignait qu’il y avait « dix communistes dont cinq juifs de fusillés », reprenant ainsi à son compte la théorie nazie du soi-disant complot « Judéo-Bolchévique » responsable de la guerre. La rédaction du journal appelait la population à dénoncer les auteurs des attentats qualifiés de « criminels ».
Isaïe Bernheim fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 16 septembre 1941 division 39, ligne 4, n°17.
Sa fille Marthe Lévy, mandatée par sa sœur Fernande, entama de très longues démarches pour que leur père Isaïe Bernheim soit reconnu « Mort pour la France » et « Interné Politique ». Le ministère des Anciens Combattants accorda la première mention le 16 avril 1956 et la seconde le 6 octobre 1959. La mention « Mort pour la France » ne fut portée sur l’acte de décès d’Isaïe Bernheim que le 30 septembre 1971.
Isaïe Bernheim semble être le doyen des fusillés du Mont-Valérien. Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. PPo. 77W 3114. — Archives de Paris, registre matricule D4 R1 571. — DAVCC, Caen, Otage B VIII dossier 2 (Notes Delphine Leneveu, Thomas Pouty). — Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit.Le Matin, 17 septembre 1941. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Site Internet CDJC. — État civil (IIIe arr.). — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason

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