Né le 4 février 1912 à Saint-Maxire (Deux-Sèvres), fusillé le 21 février 1944 à Villeurbanne (Rhône) ; adjudant-chef, agent administratif à l’intendance de l’Air à Montpellier (Hérault) ; résistant de l’Armée secrète (AS).

Maurice Popouneau s’engagea dans le premier régiment d’aérostiers auprès de l’intendance militaire de Tours (Indre-et-Loire) en 1932. Il poursuivit sa carrière militaire à Metz (Moselle) en 1934 et devint comptable en 1938.
En 1940, l’adjudant-chef Popouneau, marié et père d’un enfant, fut affecté à l’organe liquidateur du bataillon de l’Air à Perpignan (Pyrénées-Orientales), puis il devint chef du service des « fonds » de l’intendance de l’Air de Montpellier créé le 1er janvier 1941.
Membre de l’AS de l’Hérault à partir du 22 juillet 1943, il prit contact avec des soldats alsaciens-lorrains enrôlés dans la Wehrmacht. Il facilita leur désertion en leur procurant des vêtements civils et des faux papiers pour leur permettre de rejoindre les Forces françaises combattantes (FFC). Il communiqua aux services de renseignements alliés les plans de défense ennemis de la côte méditerranéenne du Grau-du-Roi (Gard).
Il fut arrêté par la Sipo-SD à Montpellier le 8 octobre 1943, incarcéré dans cette ville puis transféré à la prison Montluc à Lyon (Rhône) le 25 janvier 1944. Il fut condamné à mort le 17 janvier 1944 à Lyon par le tribunal militaire allemand pour le sud de la France, pour « aide à l’ennemi et incitation de soldats allemands à la désertion », et fusillé le 21 février 1944 au camp de la Doua à Villeurbanne.
Le site Internet relatif à Montluc apporte les précisions suivantes : « Le 21 février 1944, trois résistants français, Pierre Colin, Louis Maurel et Maurice Popouneau étaient extraits de la prison de Montluc et fusillés sur le site de la Doua, leurs cadavres abandonnés sur place, recouverts au fil des mois par la boue, et exhumés après la Libération par les équipes du Frère Benoît. Entre le 2 octobre 1943 et le 3 juillet 1944, 85 autres prisonniers de Montluc connurent un sort identique, dont 9 jeunes résistants luxembourgeois et 10 inconnus qui n’ont pu être identifiés. »
En 2003, un fonds d’archives relatives à Maurice Popouneau a été déposé par sa fille, Mme Frugier, aux archives départementales d’Indre-et-Loire.
Dernière lettre
Maurice Popouneau à sa famille
Lyon, prison de Montluc (Rhône), 21 février 1944
Lyon, le 21 février 1944
Ma petite femme bien-aimée, Ma fille bien-aimée,
Mes parents bien-aimés,
Ma petite Odette chérie, ma petite femme adorée, c’est à toi que je m’adresse particulièrement en cette heure délicate et pénible. Du courage, beaucoup de courage, ma bien-aimée ! Quand tu recevras cette lettre qui est la dernière, j’aurai cessé de vivre et par conséquent de souffrir. Je vous repasse ma souffrance ; bien à contrecœur bien sur. Je subis la loi de la guerre, je meurs pour avoir aimé fidèlement mon pays et je reste convaincu de l’avoir dignement servi. J’aurais voulu seulement vivre un peu plus longtemps pour vous chérir autant que vous le méritez ; je pars néanmoins convaincu que je ne vous quitte pas et que je vous retrouverai un jour. À ce sujet, ma bien-aimée, je te demande, pour que vous puissiez un jour venir me retrouver, que tu fasses baptiser ma Josette chérie. Cette foi m’a été nécessaire
pour vivre les heures cruelles que j’ai vécues depuis le 17 janvier 1944.
Je n’ai rien d’autre à te demander. Je te confie aveuglément ma fille, ma Josette bien-aimée et je n’ai qu’un désir, c’est que tu en fasses une femme aussi digne que toi. Tu sais, mon amour, combien je l’aime ; tu le lui diras un jour, quand elle aura l’âge de comprendre. Pour l’instant, ne lui parle plus de son papa, elle est trop petite, elle ne se rappellera pas de moi.
Veille sur papa et maman comme par le passé. Les moyens matériels dont tu disposeras seront suffisants pour assurer votre bien-être. De nombreuses personnes se présenteront à toi après la guerre ; j’ai tout mis en oeuvre avant de mourir pour que vous ne manquiez de rien.
Embrasse tout le monde pour moi. Encore une fois, beaucoup de courage.
Votre chéri qui vous adore, votre Maurice.
À toutes les deux, mes bien-aimées, Questions matérielles :
1°) l’Assurance-vie
2°) le secours mutuel
Ma solde te sera payée, je pense jusqu’à la fin de la guerre.
J’ai encore quelques minutes à vivre. Je vous embrasse, je couvre vos photos de baisers, je garde de toi ta photo d’identité, de Josette la petite épreuve n° 3, et papa et maman photographiés au mois de mars 1940.
Adieu mes chéries.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Sites Internet : Geneawiki ; Rescapés de Montluc ; Archives CG 37. — Guy Krivopissko, La Vie à en mourir. Lettres de fusillés 1941-1944, Tallandier, 2003, p. 282-283.

Dominique Tantin

Version imprimable