Né le 27 juillet 1898 à Strasbourg (Basse-Alsace annexée), mort par suicide en prison le 9 juillet 1942 à Offenbourg (Bade, Allemagne) ; fondé de pouvoir à Strasbourg (Bas-Rhin) ; résistant, chef de l’organisation gaulliste Bareiss pour le secteur de Strasbourg-Campagne, arrêté le 3 juillet 1942.

Camille Ruff était fondé de pouvoir aux établissements Simon-Loeb à Strasbourg (Bas-Rhin), président du Boxer-Club de Strasbourg, domicilié à Eckbolsheim (Bas-Rhin). Dès l’été 1940, sans aucune liaison avec la France non annexée, il réunit un groupe d’opposants à l’annexion de fait de l’Alsace qui se mua rapidement en premier groupe de résistance organisé à Strasbourg. Au mois de décembre 1940, il entra en relation avec l’assureur Robert Falbisaner qui, lui aussi, avait créé un groupe de résistance. Ces deux groupes, qui recrutaient beaucoup dans les clubs canins, se fédérèrent sous la direction du vétérinaire Charles Bareiss, officier de réserve, quand celui-ci rentra du Sud-Ouest en Alsace en janvier 1941. D’abord lié aux services secrets de Vichy, le réseau allait devenir le Mouvement gaulliste d’Alsace et de Lorraine. Un stock d’armes, de munitions et d’explosifs était caché à proximité de sa maison. Quand il apprit le 1er juillet 1942 l’arrestation de Bareiss et d’autres dirigeants du réseau, Ruff demanda à son fils Jacques et à Henri Berger de les faire disparaître : ils immergèrent le tout dans le canal de la Bruche. Lui-même cacha ses archives dans un séchoir à linge fait de tubes de conduite d’eau.
Le 3 juillet, il fut arrêté en même temps que les autres chefs de secteur de l’organisation. Transféré immédiatement à la prison d’Offenbourg (Bade), il s’y suicida par pendaison le 9 juillet 1942 après un premier interrogatoire sans brutalité subi dans la matinée. Sans doute, craignait-il de ne pas pouvoir résister aux tortures à venir. La Gestapo ne découvrit jamais les membres de son secteur. Le 12 juillet, la dépouille mortelle fut rendue à sa veuve et à son fils. Le 13 juillet, il fut inhumé au cimetière d’Eckbolsheim en présence d’une grande partie de la population du village. Le lendemain, 14 juillet, sa tombe fut entièrement recouverte de fleurs bleues, blanches et rouges.
Sources

SOURCES : L’Alsace libérée, Strasbourg, 11-14 mai 1945 – Charles Béné, L’Alsace dans les griffes nazies, t. 3, Raon-l’Étape, 1975, p. 200-202, 214-215, 218, 291-292, 296-300 (photo de l’acte de décès).

Léon Strauss

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