Né le 27 novembre 1891 à Béziers (Hérault), fusillé le 27 novembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Surenes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ingénieur, professeur à l’École pratique de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; résistant, membre du réseau Georges-France 31.

Fils de Léon Ross, négociant-artisan en tissus (né français à Nancy en 1861 de parents eux-mêmes français), et de Louise Weill, sans profession (née française en 1861 à Raon l’Étaple, Vosges), René Ross diplômé de l’École supérieure d’Électricité, était ingénieur à Lyon (Rhône). Il se maria le 7 octobre 1920 à Paris (Xe arr.) avec Yvonne, Esther née Alexander (19 février 1891, née française), sans profession, fille d’un négociant. Le couple eut deux enfants nés à Calais, André en 1922 et Jean-Claude en 1927. Titulaire de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur pour faits de guerre,il avait été intoxiqué au gaz à Verdun et blessé au genou par un éclat d’obus, il y souligne son attachement à la France.
Entré dans l’enseignement le 1er octobre 1933, comme professeur à l’École pratique de commerce et d’industrie de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), il était domicilié avec sa famille 10 rue des Halles. Candidat du Parti socialiste SFIO au conseil général dans le canton de Guérande en octobre 1937, il fut en conflit avec l’organisation pour avoir critiqué publiquement Léon Blum et Vincel Auriol dans un débat public le 23 octobre 1937. La SFIO prononça son exclusion pour 5 ans. Début 1938, la section nazairienne du cartel confédéral des Service publics lui retira ses délégations syndicales. Il démissionna du Parti socialiste SFIO le 5 février 1938 et adhéra au Parti radical.
Mobilisé au début de la guerre le 3 septembre 1939, capitaine commandant une batterie, il fut démobilisé le 25 juin 1940 comme capitaine de réserve ; le 20 juillet suivant il fut décoré de la Croix de guerre, ordre de la 1ère division marocaine.
Il fut suspendu de ses fonctions en raison de la loi du 3 octobre 1940 sur les Juifs. René Ross en envoyant des courriers de protestation à l’inspecteur d’Académie, au sous-préfet, au préfet de Loire-Inférieure, au ministre de l’Instruction publique, au Conseil d’État et au maréchal Pétain, faisait état de ses états militaires, de ses inventions techniques dans les domaines de l’électricité et de la balistique, de la qualité de sa carrière et indiquait qu’il « était réputé juif encore que je ne pratique aucune religion et que mes sympathies aillent depuis longtemps au Christianisme ». René Ross argumenta longuement sur l’ histoire de sa famille, française depuis au moins trois générations, dans la lettre qu’il envoya le 10 mars 1940 au préfet de la Loire-Inférieure. En raison de son dossier professionnel, son salaire fut maintenu jusqu’en mars 1942. Il travailla aux services publics de la ville de Saint-Nazaire, dans le cadre des services de la défense passive, ne touchant qu’une légère indemnité.
Dans le cadre de l’affaire dite « de Saint-Nazaire », le 18 janvier 1942, il fut arrêté à son domicile par les autorités allemandes pour « espionnage ». Le compte rendu de son procès le présente comme étant de « race juive ». Membre du réseau Georges-France 31, il fut accusé d’avoir envoyé en zone libre des courriers d’espionnage.
Incarcéré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), il fut condamné à mort le 12 novembre 1942 par le tribunal du Gross Paris, qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.).
René Ross a été fusillé le 27 novembre 1942 au Mont-Valérien. La direction des enseignements du ministère annonça, le 18 décembre 1942, qu’il avait été condamné à mort pour « espionnage ». La mention « Mort pour la France » fut mentionnée sur le registre de naissance.
Son nom est inscrit à Suresnes sur le Monument commémoratif cloche au Mont-Valérien.
L’abbé Stock, aumônier allemand écrivit :
« 16 exécutions. Visite à Fresnes, où appris que 16 exécutions prévues pour l’après-midi.
Darrtichon Alexandre ; Gontier Pierre ; Ross René ; Netter Jean ; Vinçon ; Chevaux ; Huet Pierre ; Leblond Charles ; Camus René ; Roussel Ernest ; Hugon A.Casimir ; Mascré ; Renard Maxime ; Massé Eugène.(...)
Ross et Netter étaient Juifs ;
(...) L’’exécution eut lieu à 4 heures au Mont-Valérien. N’en suis parti qu’à 5h30. Arrivâmes au cimetière, tout était fermé. Nous finîmes par y entrer, avec des lanternes. Il faisait déjà nuit noire. Les 16 furent enterrés vers 7 heures environ. 47ème div. 2ème ligne. »
Sources

SOURCES : Arch. Nat., F60/1554. – Arch. Dép. Loire Atlantique, 1694W25. – DAVCC, Caen, Boîte 5, Liste S 1744 (Notes Thomas Pouty). – Divers sites Internet sur les fusillés du Mont-Valérien. – Le Travailleur de l’Ouest, 1937-1938. — Serge Klarsfeld, Léon Tsévery, Les 1007 fusillés du Mont-Valérien parmi lesquels 174 juifs, Édité par l’Association Les fils et filles de déportés juifs de France, 1995. — Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940-1945, Nantes, 2001. — État civil en ligne. — Abbé Stock, Journal de guerre, op. cit.

Julien Lucchini

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