Né le 11 mai 1913 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), fusillé le 9 février 1944 au fort de Bondues (Nord) ; gardien de la paix ; militant communiste ; résistant Front national-FTPF.

Jean Rouvillois
Jean Rouvillois
Crédit : Pierre Rouvillois
Gardiens de la paix de Boulogne-sur-Mer ; Jean Rouvillois est à gauche au premier rang.
Gardiens de la paix de Boulogne-sur-Mer ; Jean Rouvillois est à gauche au premier rang.
Crédit : Pierre Rouvillois
Jean Rouvillois (agrandissement de la photographie précédente)
Jean Rouvillois (agrandissement de la photographie précédente)
Crédit : Pierre Rouvillois
Fils de Jean-Baptiste Auguste et de son épouse Thérèse Marguerite Harduin, tous deux alors sans profession, Jean Rouvillois devint gardien de la paix résidant à Boulogne-sur-Mer. Il épousa Jeanne Albertine Bodart, et le couple eut deux enfants, Jean-Jacques et Jeannine. En septembre 1939, Jean Rouvillois fut incorporé à la Marine nationale comme matelot mécanicien, et servit notamment sur des chalutiers d’évacuation du 28 mai au 15 juin. Replié à Toulon le 2 août, puis cantonné à Saint-Tropez, il fut démobilisé le 12 novembre 1940. Il rentra alors à Boulogne-sur-Mer, reprit son emploi de gardien de la paix et il rejoignit la Résistance.
Le 27 septembre 1943 le groupe de FTP commandé par Émile Alain* eut pour ordre d’attaquer le commissariat de Boulogne-sur-Mer dans le but de s’emparer de tickets de ravitaillement. Ce jour-là à 2 h 30 du matin, c’est Émile Alain* qui, coiffé du képi de Jean Rouvillois, sonna à la porte du commissariat et donna le mot de passe « Molière » (fourni par Jean Rouvillois). Dès que le gardien de la paix Laurant eut ouvert la porte, Émile Alain tenta de le désarmer, tandis que Jean Griset et Rémy Pillard pénétraient dans le couloir, les autres résistants faisant le guet. Rémy Pillard fut accueilli par des coups de feu ; il riposta en tirant en l’air (des policiers faisant partie du Front national). Cette attaque fut ratée, mais dans la confusion le képi de Jean Rouvillois tomba par terre et il ne fut pas récupéré. Il ne fallut pas longtemps pour que la Gestapo retrouve son propriétaire.
Le 12 octobre 1943, Jean Rouvillois fut arrêté à Boulogne-sur-Mer par la Feldgendarmerie pour atteinte à la sécurité des troupes d’occupation. Mentionné comme militant communiste, il était résistant FTP et membre du Front national. Incarcéré à Loos-lès-Lille (Nord), il fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand OFK 670 de Lille.
Jean Rouvillois a été fusillé le 9 février 1944 à 16 heures au fort de Bondues par les autorités allemandes. Selon certaines sources, il serait mort en criant « Vive la France ! ».
Son nom a été donné à une rue de Boulogne-sur-Mer, et figure sur le monument des fusillés de Bondues ainsi que sur le monument aux morts et la plaque commémorative de la Résistance de Boulogne-sur-Mer. Jean Rouvillois repose aujourd’hui au cimetière de l’Est de Boulogne-sur-Mer.


Dernière lettre de Jean Rouvillois à son épouse :
Lille, le 9 février 1944
Ma petite femme adorée, min quin chérie,
Mes deux petits trésors d’amour,
J’ai eu hier ta visite et j’ai eu la joie de sentir tes lèvres contre les miennes, mais hélas ! pour la dernière fois. Sois courageuse, mon trésor, car il te faut beaucoup de courage pour lire cette dernière lettre, car il est deux heures trente et à quatre heures nous devons être fusillés. Je te recommande nos deux petits trésors que je ne reverrai plus. Élève-les convenablement, mon Jean-Jacques chéri pour en faire un homme, et ma petite Jeanine une bonne petite femme courageuse comme sa mère. La tâche la plus dure est pour toi, ma chérie, car il te reste toute la vie devant toi et tu es jeune encore, très jeune, et même très jolie. Pour moi, il n’est plus question que d’heures, de minutes même, mais moi ce n’est rien, le pire c’est vous. Dis adieu à ceux que j’aime et au revoir à tous.
J’ai devant moi la photo de nos deux petits ; ils me sourient les trésors, et pourtant ils ne me reverront plus.
Tu as toute la vie devant toi ma chérie, il ne faudra pas rester toute seule. Il faut refaire ta vie, et surtout choisir, pour nos petits, un père qui ne les rende pas malheureux. Tout ce qui est chez nous t’appartient et tu vas recevoir un colis avec mes affaires, ce sera des souvenirs pour nos deux trésors que j’aimais tant, de même que toi ma femme chérie.
Et je veux que tu gardes un bon souvenir de moi, car depuis que nous sommes mariés, je n’ai jamais appartenu qu’à toi. J’ai toujours eu une très grande confiance en toi et tu le méritais grandement. Adieu, ma chérie et surtout sois courageuse et soigne bien mes deux trésors chéris.
Adieu min quin et courage.
Ton mari qui t’aime, votre père qui vous adore. J’ai pensé à vous tout le temps de mon séjour à la prison, et je meure en pensant à vous.
Baisers à Marguerite, Georges, tante Pauline, Mémère et toutes et tous. Adieu mes trois amours chéris et courage.
VIVE LA FRANCE !
Jean Rouvillois
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII 5 (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Pas-de-Calais (31w12). – Robert Chaussois, Calais au pied du mur. Mars 1943 à Janvier 1944, SA imprimerie centrale de l’Ouest, La Roche-sur-Yon. – J.-M. Fossier, Zone interdite, op. cit. – Notes René Vandenkoornhuyse. – Musée de la Résistance de Bondues, Ils étaient 68, op. cit. – Mémorial GenWeb.— Documents communiqués par Pierre Rouvillois, cousin de Jean Rouvillois.

Julien Lucchini, Dominique Tantin

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