Né le 1er février 1900 à Saverne (Basse-Alsace annexée), guillotiné le 29 octobre 1943 à Halle (Allemagne) ; représentant de commerce à Saverne (Bas-Rhin) ; fondateur du réseau Uranus Kléber le 2 août 1940, agent des services spéciaux de la Défense nationale ; emprisonné au fort Zinna à Torgau, condamné à mort le 3 mai 1943 pour Landesverrat (haute trahison) par le Reichskriegsgericht de Berlin.

Aîné des treize enfants de Gérard Gerhards, militaire allemand devenu sous-chef de gare à Saverne, et d’Élisabeth Leyenberger, sage-femme, Théodore Gerhards fut pensionnaire dans des écoles privées catholiques à Saint-Rémy-Signeux (Belgique), à Saint-Hippolyte (Haut-Rhin) et à Fribourg (Suisse) avant de revenir à Saverne après le début de la guerre. Incorporé dans l’armée allemande le 2 mai 1918, il participa à la révolution allemande à Berlin en novembre 1918. Il rentra à Saverne le 19 novembre et reprit ses études chez les marianistes à Saint-Hippolyte, puis à Fribourg. Sa famille, du fait de la nationalité allemande du père, fut expulsée d’Alsace durant l’été 1919 et s’établit en Prusse Rhénane. Théo resta en France et effectua dix-huit mois de service militaire. Bien que réintégré dans la nationalité française, il rejoignit ensuite sa famille en Allemagne et fit des études d’ingénieur textile à Mönchengladbach (Prusse Rhénane). En 1925, l’arrêté d’expulsion fut annulé en raison de l’origine alsacienne de la mère et la famille put revenir à Saverne. Théo devint expert auprès d’une compagnie d’assurances, puis représentant en produits mécaniques. Il se maria à Saverne le 24 novembre 1930 avec Claire Kannapel : le couple eut quatre enfants. Après la naissance de son quatrième enfant en février 1939, il aida sa femme dans l’épicerie-mercerie de ses parents. Catholique fervent, il s’investit beaucoup dans les activités culturelles de sa paroisse. Son hostilité au Front populaire le conduisit à adhérer au Parti social français du colonel de La Roque. Mobilisé en avril 1940, il fut envoyé dans une usine d’armement à Auxerre (Yonne). Bloqué par l’avance allemande le 19 juin à Laignes (Côte-d’Or), il rentra en vélo à Saverne. Après l’annexion de fait, Gerhards participa à la fondation du réseau Uranus du SR Kléber des Services spéciaux de la Défense nationale dès le 2 août 1940. Membre actif du Club Vosgien et connaisseur du réseau des sentiers forestiers, il fit passer des prisonniers de guerre évadés et des réfractaires alsaciens en France non annexée, collecta des renseignements sur les usines d’armement, s’impliqua dans l’évasion de Robert Schuman. Dénoncé, il fut arrêté par la Gestapo le 6 juillet 1942. Incarcéré à Strasbourg, puis dans diverses prisons allemandes et finalement à la prison Alt Moabit à Berlin le 28 novembre 1942, il fut condamné à mort pour trahison par le Reichkriegsgericht de Berlin le 3 mai 1943. Transféré le 28 octobre 1943 à la prison de Halle-an-der-Saale (Saxe-Anhalt), il fut guillotiné le lendemain. Ses cendres furent ramenées à Saverne le 3 septembre 1948. Reconnu agent P2, il fut fait à titre posthume officier de la Légion d’honneur, Croix de guerre avec palmes, Médaille de la Résistance avec rosette remise par le général Leclerc à son jeune fils le 22 novembre 1946.
Sources

SOURCES : Archives du service historique de l’armée tchèque, Prague, fonds Reichkriegsgericht. – Dernières Nouvelles d’Alsace, 7 septembre 1948. – Auguste Gerhards, Théo Gerhards 1900-1943, Un Alsacien en résistance, Oberlin, Strasbourg, 2003. – Frédéric Stroh, Les Malgré-Nous de Torgau. Des insoumis alsaciens et mosellans face à la justice militaire nazie, L’incongruiste éditeur, s.l., 2006, p. 71, 173. – Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, no 13, p. 1161, no 45, p. 4617, no 48, p. 5092-5093.

Iconographie
Iconographie : Photo , NDBA, n° 5, p. 4617.

Léon Strauss

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