Né le 4 octobre 1911 à Saint-Pellerin (Eure-et-Loir), fusillé le 30 mars 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; employé SNCF ; syndicaliste CGT ; résistant FTPF.

 Jean Saliou
Jean Saliou
Rail et Mémoire
Fils de Jean, Marie Saliou et d’Agnès Sparfel, Jean Saliou était employé SNCF en tant que facteur-enregistrant à la gare de Courtalain (Eure-et-Loir), syndiqué à la CGT. Il était marié avec Fernande Ossant et père de famille, son fils aîné Jean naquit en juillet 1931.
En 1940, brigadier de transmission au 14e régiment de Dragons portés, il participa à la campagne de Belgique en mai 1940, puis son unité se reforma en Seine-et-Oise. Démobilisé en juillet 1940, il réintégra son emploi à la SNCF. En septembre 1940, son frère Henri étant interné au camp de Mailly près de Troyes, Jean Saliou avait préparé un plan d’évasion.
Résistant, en 1942, il devint chef de groupe, participant à la distribution de tracts et à l’affichage de préférence la nuit, de village en village. A l’automne 1943, à sa demande, sa soeur Henriette, fonctionnaire à la préfecture d’Orléans, lui fournit des cartes d’identité, environ 150, ainsi que des cachets pour aider des réfractaires au STO. Selon les consignes de Londres, il hissa le drapeau français sur la mairie d’Arrou, sur celle de Courtalain et sur le monument aux morts de Saint-Pellerin. Il participa à deux sabotages sur les voies ferrées de Chartres à Courtalain, le 10 décembre 1943 à la Halte du Bois-Mouchet et le lendemain à Courtalain provoquant des interruptions ferroviaires.
Arrêté dans son bureau dans la nuit du 6 au 7 janvier 1944, pour activité de franc-tireur par l’inspecteur français Denuzières de la 5e Brigade d’Orléans revêtu de l’uniforme allemand, il fut maltraité par lui et soigné trois jours à la l’infirmerie de la prison allemande de Chartres.
Il fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand FK 544 de Chartres, déplacé à Fresnes, le 15 mars 1944, où il était emprisonné depuis le 8 mars 1944.
Jean Saliou a été fusillé le 30 mars 1944 au Mont-Valérien parmi trente et un résistants d’Eure-et-Loir, et inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Voir liste à Maurice Marais.
Il avait écrit une dernière lettre à sa famille, sa soeur, Mme Pelloie, domiciliée 18 rue Coulomiers à Orléans (Loiret).
La mention « Mort pour la France » lui fut attribuée par décision du secrétaire général aux Anciens Combattants en date du 21 août 1945. Il a été homologué au grade de sous-lieutenant par arrêté du 26 avril 1948 avec prise de rang du 1er mars 1944 (JO du 12 mai 1948.
Il a été décoré de la Médaille de la Résistance (décret du 31 mars 1947), de la Croix de guerre avec étoile de vermeil (17 août 1950), et fait chevalier de la Légion d’honneur (25 octobre 1951).
Son nom est inscrit sur la Cloche commémorative du Mont-Valérien, sur le monument aux morts de Saint-Pellerin et sur la plaque commémorative aux cheminots en gare de Chartres.
Fresnes, le 30 mars 1944
Chers Soeur, beau-Frère, Neveux et toute la famille.
Je viens vous remercier par cette dernière lettre de toutes les douceurs que vous avez su me faire parvenir pour atténuer une vie de condamné à mort.
Ce matin à 11 Heures, j’ai appris que le recours en grâce avait été rejeté et que je serais exécuté à 15 Heures. Je te fais adressé les affaires que je possédais ici ma chère Henriette. Tu as été si bonne ma chère grande soeur que je te laisse le soin de partager. Ma montre qui a été déposé à la prison de Chartressera confié à ton fils Jean, offre un souvenir durable à Jacques et Josiane, à tes 2 fils et aux filles d’Henri. Pour toi ma chère Henriette ce que tu feras sera bien. Une paire de boucles d’oreilles à Suzanne, il y a longtemps que je l’avais dans l’idée. S’il reste de l’argent pour la , places-le pour que nos enfants puissent en prendre possession à leur majorité.
Tu leur apprendras quand tu le jugeras utile mon sort, tu les embrasseras bien pour moi. Je leur souhaite de grand coeur qu’ils soient plus heureux que j’ai pu l’être durant mon existence. Je te remercie ainsi que Suzanne et André de m’avoir tenu un si bon moral jusqu’à la fin. J’ai encore 2 Heures à attendre et c’est avec vous tous que je partage mes dernières pensées.
Ne vous attendrissez pas, vivez heureux la mort (suite barrée mais lisible) la mort n’est rien lorsque l’on sait que c’est par amour pour sa Patrie.
Je suis pris au dépourvu je vous dit adieu. Bons baisers à tous.
Mes pensées s’en vont vers vous adieu à tous.
Jean
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII dossier 4 / Boîte 5 (Notes Thomas Pouty). – État civil.— MemorialGenWeb. — Abel Le Boy, "Rapport sur l’affaire des fusillés du 30 mars 1944", publié comme supplément au Bulletin de la Société Archéologique d’Eure-et-Loir, n°85, Juillet, Août, Septembre 2005, Mémoires XXXIV-I. — Site Rail et Mémoire (dernière lettre, don de son fils Jean)).

Julien Lucchini, Annie Pennetier

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