Né le 26 mars 1906 à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur à la SNCF ; syndicaliste CGT ; militant communiste ; résistant au sein de l’Organisation spéciale (OS) puis des FTPF.

Jean Teurroc
Jean Teurroc
Cliché communiqué par Gildas Priol.
Fils de Paul, Marie Teurroc, employé, et de Joséphine Goasdoué, ménagère, Jean Teurroc, ajusteur au dêpot de Brest (Finistère) de la SNCF, adhéra à la CGT en 1936 au dépôt de Brest.
D’après Eugène Kerbaul, il adhéra au Parti communiste clandestin sous l’occupation allemande en janvier 1941. Il intégra le groupe OS des cheminots communistes brestois dès sa formation, ce même mois de janvier 1941, avec Ténéran Monot, Roger Chaigneau et Coicadan. Il participa aux premiers sabotages qui, par la valse des étiquettes des wagons, désorganisèrent le trafic. Des dizaines de wagons furent immobilisés dans la première quinzaine de février 1941, au point d’embouteiller les voies du port de commerce et de la gare du Rody. Des wagons en souffrance durent être stationnés sur la voie montante de Paris-Brest, obligeant la SNCF à faire circuler les trains montants et descendants sur la même voie. Une équipe de la police viendra de Rennes (Ille-et-Vilaine) pour enquêter sur ces sabotages.
En compagnie de Ténéran Monot et de Mazé, qui, comme cheminots, disposaient d’Ausweiss et pouvaient se déplacer librement, il participa à des « opération punitives » la nuit, sur le port de commerce de Brest, contre les soldats allemands. Elles donnèrent lieu à la publication, les 27 et 28 mars 1841, d’Avis de la Kommandantur à propos « de soldats allemands lâchement molestés la nuit ».
On doit à Jean Teurroc de nombreux autres sabotages à la gare et au dépôt SNCF de Brest. Il avait inventé un procédé particulier de sabotage des locomotives à vapeur, que les résistant appelèrent la « goupille brestoise », ce type de sabotage étant repris en divers endroits de France par d’autres cheminots. Il s’agissait, après s’être glissé sous la locomotive, de remplacer certaines goupilles en acier par des goupilles plus fragiles, soit sciées à demi, soit en bois. Elles ne tenaient que quelques kilomètres, et disparaissaient ensuite en fragments dispersés le long de la voie. Il préconisa l’emploi d’acide dans les boîtes de graissage d’essieux de wagons, ce qui provoqua des dégâts assez loin du lieu de sabotage, rendant alors difficile d’en déterminer l’origine. Il sabota aussi des machines-outils.
Jean Teurroc sabota à l’explosif les plaques tournantes de la gare de Brest, qui permettaient l’entrée des machines dans les ateliers de réparation. Fin 1942, en compagnie d’André Berger, il sabota, toujours à l’explosif, le tableau électrique de la gare de Brest.
C’est après ce sabotage qu’à la suite d’une altercation avec un chef de service celui-ci le dénonça comme suspect. Il fut arrêté le 21 janvier 1943 à Brest, où il fut emprisonné et torturé. Il fut transféré à Rennes en mars 1943, puis à Fougères, où il fut à nouveau abominablement torturé par les policiers français et allemands. Très affaibli par les sévices subis, il se blessa grièvement en tombant d’un lit superposé à la prison de Rennes. Les Allemands le firent opérer à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) et veillèrent à ce qu’il soit bien soigné. Le 16 août il le transférèrent à Fresnes (Seine, Val-de-Marne).
Il fut jugé le 28 août 1943, par le tribunal allemand du Gross Paris, 11 rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), et condamné à mort pour actes de franc-tireur et sabotages.
Jean Teurroc a été fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien, en même temps que dix-huit autres résistants communistes brestois. Il fut inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
La mention « Mort pour la France » lui fut attribuée par le tribunal civil de Brest en date du 12 janvier 1945.
Sources

SOURCES : Fichier des fusillés, arch. de la FNDIRP du Finistère-Nord, à Brest. – Eugène Kerbaul, 1918-1945, 1 640 Militants du Finistère, Presses de l’imprimerie commerciale de Rennes, 1988. – Eugène Kerbaul, Chronique d’une section communiste de province, Brest, janvier 1935-janvier 1943, Presses de l’imprimerie commerciale de Rennes, 1992. – Site Internet Mémoire des Hommes. – État civil.

Gilles Pichavant

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