Né le 27 décembre 1920 à Hellin province d’Albacete (Espagne), fusillé le 13 février 1943 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; Espagnol ; terrassier ; résistant, communiste du Parti communiste d’Espagne clandestin.

Miguel Sanchez Tolosa
Miguel Sanchez Tolosa
Fils de Juan Sanchez coiffeur et de Maria Tolosa, Miguel Sanchez Tolosa, célibataire, habitait Albacete, siège du quartier général des Brigades internationales et de la Force aérienne républicaine pendant la guerre d’Espagne. En juillet 1938, au moment où s’engagea la bataille décisive de l’Ebre, les jeunes recrus de moins de 18 ans comme Miguel, appartenant à « La Quinta del biberon » , la classe biberon, furent mobilisés. Devant l’avancée des troupes franquistes, la famille se réfugia à Valence par peur de représailles. Comme des milliers de républicains espagnols, il prit le chemin de l’exil à travers les Pyrénées mais nous perdons sa trace entre Teruel et son arrivée en Loire-Inférieure, à Blain, le 4 septembre 1942, où il travailla comme terrassier. Contacté par Benedicto Blanco Dobarro, il entra dans la structure clandestine du Parti communiste d’ Espagne, distribua des tracts et collecta de l’argent pour l’organisation. Dans le cadre d’une vaste opération de répression débutée fin juin à Nantes, il fut arrêté le 17 ou le 18 septembre 1942, "pour organisation terroriste et transport d’armes" dans la caserne désaffectée de la Briandais de Saint-Nazaire où il s’était réfugié avec ses camarades guérilleros du « Groupo Especial » ". Transféré à Nantes, il y subit les sévices des policiers du SPAC, Service la police anti-communiste, puis le 21 septembre, fut écroué à la prison Lafayette de Nantes. Il partageait sa cellule avec ses camarades espagnols et Auguste Chauvin, un des dirigeants de l’Organisation spéciale OS du Parti communiste clandestin qui correspondait avec son épouse Marie : « ils ont un moral admirable...ils vous souhaitent d’être heureux dans le futur régime », lettre signée de leurs noms.
Le 15 janvier 1943, le procès appelé plus tard "Procès des 42" s’ouvrit au Palais de justice de Nantes ; il devait démontrer l’existence d’un complot communiste, en même temps qu’il visait à impressionner la population. Ces cinq Espagnols figuraient au banc des accusés : Alfredo Gomez Ollero et Benedicto Blanco Dobarro, en tant que chefs de l’Organisation spéciale, Miguel Sanchez Tolosa, Ernesto Prieto Hidalgo et Basilio Blasco Martin, comme simples membres du groupe de Blanco Dobarro.Le 28 janvier 1943 , le verdict fut rendu ; les trente-sept francs-tireurs furent condamnés à mort pour appartenance à une « organisation terroriste » par le tribunal militaire allemand FK 518 de Nantes, puis fusillés au champ de tir du Bêle, neuf le 29 janvier, vingt-cinq le 13 février dont les cinq républicains espagnols, et trois le 7 mai 1943.
Miguel Sanchez Tolosa fut inhumé au cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, avec ses camarades espagnols fusillés le même jour : Benedicto Blanco Dobarro, Basilio Blasco Martin, Ernesto Prieto Hidalgo et Miguel Sanchez Tolosa. aux côtés de douze Français dont les corps réintégrèrent plus tard les lieux de sépulture souhaités par leurs familles.Son corps y repose toujours.
La mention "Mort pour la France" lui fut attribuée suivant la décision du Ministre des Anciens combattants le 6 juin 1947.
En 2004, suite à la victoire de la gauche aux élections espagnoles, le "Collectif du Procès des 42" crée par le Comité départemental du souvenir des fusillés de Nantes et Chateaubriant eut l’idée d’envoyer aux autorités de Madrid un avis de recherche pour tenter d’établir le contact avec les familles de ces cinq fusillés. C’est ainsi que, très vite, deux premières familles se manifestèrent, des familles qui ignoraient tout de leur parent, frère, père, grand-père ou oncle, depuis son départ d’Espagne. Tout au plus avaient-elles été informées du décès, mais elles ignoraient l’activité de résistant, le procès, l’exécution et, bien sûr, le lieu de la sépulture.
La venue de ces familles à Nantes et leur recueillement sur les lieux où leur ancêtre avait été exécuté ou enterré ont donné lieu à des scènes émouvantes. Dans la foulée, le carré du cimetière de La Chapelle-Basse-Mer fut remis à neuf, et une sculpture, réalisée par le plasticien d’origine allemande Ekkehart Rautenstrauch et payée par une souscription volontaire, fut inaugurée le 12 février 2006, en présence des deux filles d’Alfredo Gomez Ollero, de la soeur de Miguel Sanchez Tolosa et d’une foule de 400 personnes.
Un hommage leur est rendu chaque année.
Il obtint la mention "Mort pour la France" le 3 juin 1947.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, B VIII 4, Liste S 1744 (Notes Thomas Pouty). – Archives consultées par Carlos Fernandez : (Arch. dép. Loire-Atlantique 1623 W43, 1305 W40, 27 J60, 1693 W109. Arch.mun. Blain 2 J13 ). — Carlos Fernandez De la Guerre d’Espagne...à la résistance, brochure éditée par le Comité départemental du Souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure, Amicale de Châteaubriant, Voves-Rouillé, Nantes, 2010 . — Auguste Chauvin, Résistant FTP, 1919-1943, lettres d’un héros ordinaire , Collectif pour la mémoire des 42, Éditions l’Oribus, 2004. — Mémoire retrouvée des républicains espagnols Édition l’Oribus, 2006 . — Ghislain Audion, Réfugiés espagnols en Loire-Inférieure, 1936-1945, De la République espagnole à la Résistance, Geste éditions, 2015, p.70-71 . — État civil.

Julien Lucchini, Annie Pennetier

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