Né le 21 août 1920 à Paris (XIVe arr.), fusillé, par condamnation, le 16 mai 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; fraiseur ; communiste ; résistant de l’Organisation spéciale (OS) puis des FTPF.

Fils de Michel, démolisseur, et de Charlotte, née Lambert, ménagère, Raymond Tardif était membre d’une famille nombreuse de huit frères et sœurs. Il habitait chez ses parents au 156 rue de Vanves (aujourd’hui rue Raymond-Losserand) à Paris (XIVe arr.) et exerçait le métier de fraiseur. Il participait aux activités du groupe de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) de l’arrondissement et à celles des Auberges de la Jeunesse. Né « Émile » Tardif, il était appelé Raymond par ses proches.
Il adhéra au Jeunesses communistes du XIVe arr. de 1937.Après l’interdiction du Parti communiste, en septembre 1939, il arrêta son activité militante. En août 1940, il la reprit et distribua des tracts. En novembre il alla travailler à Mourmelon (Marne) comme mécanicien fraiseur jusqu’en avril 1941, puis il rentra à Paris. Pierre Georges, dit Fabien, le contacta à la fin du mois de novembre ou au début décembre 1941 et il devint membre de l’OS. Il recruta André Aubouet, un voisin.
Il prit part à de nombreuses actions, dont un attentat à la grenade contre les locaux de la Wehrmacht à l’hôtel Océan, avenue du Maine (XIVe arr.). Le 7 décembre 1941, il était avec l’équipe qui jeta une grenade dans le mess des sous-officiers allemands au 171 rue de la Convention (XVe arr.) ; les vitres se brisèrent, mais il n’y eut aucun blessé. Lors de l’action contre un local du Rassemblement national populaire (RNP) le 2 janvier 1942 vers 18 h 40, 118 rue du Faubourg-Saint-Martin (Xe arr.), son arme s’enraya. Le 20 janvier 1942 vers 20 h 20, Robert Marchand tira sur l’agent de la Feldpost Léo Pepling ; une balle le blessa ; trois membres de l’OS, dont Raymond Tardif, étaient en protection. Il était également en protection le 1er mars 1942 vers 9 h 35, sous la supervision de « Fabien », rue de Tanger (XIXe arr.), où des soldats allemands avaient leur cantonnement dans une école. Karl Schönhaar tua la sentinelle, une bombe fut déposée, mais elle n’explosa pas.
Raymond Tardif fut arrêté le 10 mars 1942 au Bar du Métro, place Cambronne dans le XVe arrondissement, par des inspecteurs de la Brigade spéciale no 2 (BS2). Un carnet de rendez-vous fut trouvé sur lui. Interrogé, il donna un rendez-vous qui se révéla infructueux. Cela provoqua colère et coups des policiers lors de son interrogatoire. Deux combattants, Jean Garreau et André Aubouet, furent arrêtés le 13 mars. Raymond Tardif fut incarcéré à la prison de la Santé (XIVe arr.). Il fut condamné à mort le 13 avril 1942 par le tribunal du Gross Paris qui siégeait à la Maison de la Chimie (VIIe arr.). La presse collaborationniste, dont Le Matin, annonça le verdict : « 25 condamnations à mort au procès de terroristes ». Il fut passé par les armes le 16 mai 1942 à 15 h 05 avec ses compagnons au Mont-Valérien.
Dans une salle de la Maison de la Chimie, une plaque commémorative a été apposée avec les noms des fusillés : « En ce lieu, ont été jugés du 7 au 14 avril 1942 par un tribunal militaire nazi, siégeant à la Maison de la Chimie réquisitionnée, 27 combattants membres des premiers groupes de résistance armée (OS-FTPF), livrés à l’occupant par la police de Vichy ».
Le secrétariat général aux Anciens Combattants accorda la mention « Mort pour la France » le 25 novembre 1945 à Raymond Tardif. Il fut homologué sergent.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 1W 0252, BA 1752. – DAVCC, Caen, Boîte 5, Liste S 1744-219/42 (Notes Thomas Pouty). – S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – J.-M. Berlière, F. Liaigre, Le sang des communistes, op. cit. – André Rossel-Kirschen, Le procès de la Maison de la Chimie (7 au 14 avril 1942), L’Harmattan, 2002. – Le Matin, 15 avril 1942. – Site Internet Mémoire des Hommes. – État civil, Paris (XIVe arr.).

Daniel Grason

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