Né le 24 mars 1913 à Bury (Oise), fusillé après condamnation à mort par les Allemands le 4 décembre 1941 à Amiens (Somme) ; métallurgiste, couvreur ; militant communiste de l’Oise, résistant.

Eugène Cauchois
Eugène Cauchois
Fils d’Éléonore, Eugène Cauchois, mécanicien, et d’Augustine Réalle, sans profession, frère de Hugues, Eugène Cauchois arriva à Monchy-Saint-Éloi, (Oise) pendant son adolescence. Il obtint son certificat d’étude à onze ans, en 1924, "premier du canton".
Il fut mobilisé en 1933 au 80e régiment d’Infanterie, 9e compagnie et travailla à la Vieille montagne puis à la clouterie Rivière et enfin à la Tréfillerie de Creil où il fut secrétaire du syndicat CGT et siégea au comité de grève en juin 1936. Il adhéra au Parti communiste en 1937 et fut responsable communiste local. À cette date, il vivait avec Rolande Huchon dont il eut un fils Roland Huchon, le 27 novembre 1938 à Creil.
Domicilié à Nogent-sur-Oise au 76 rue Bonvilliers, mobilisé en août 1939, il écrivit son journal de soldat pendant la campagne de France sur un petit carnet. Fait prisonnier le 16 juin 1940 à Sainte-Maure (Aube), gardé au camp de Mailly, il s’évada dans la Somme et vécut dans la clandestinité. Sa compagne partie en exode, venait d’être tuée, le 12 juin 1940, dans un bombardement à Parmain (Seine-et-Oise). Résistant en 1941, il se réfugia à Compiègne chez une tante Marcelle où il fut arrêté avec son cousin, Eugène Legrand, le 4 octobre 1941, par la Feldgendarmerie, pour détention illégale d’armes et de munitions. Celui-ci avait trouvé une cartouche de revolver, et il l’avait donnée à un Néerlandais qui désirait acheter une arme. Cauchois se chargea de lui en trouver une. Lors de la transaction, le Néerlandais vint avec un Belge, également intéressé, mais Cauchois refusa de faire affaire avec lui. Il semble que le Belge le dénonça. Cauchois était connu de la police comme communiste clandestin.
Déféré devant le tribunal militaire allemand FK 580 d’Amiens, Eugène Cauchois fut condamné à trois ans de prison, puis à la peine capitale lors d’un second jugement rendu le 20 novembre 1941. Sa demande de grâce fut rejetée.
Il fut interné dans la prison de la même ville et un peloton d’exécution allemand le fusilla le 4 décembre 1941 dans la citadelle, à 17 heures.
Il avait laissé plusieurs dernières lettres : à ses parents, au chef de la prison, à la Mère supérieure de l’établissement où sa mère séjournait lui annonçant que « son grand est mort en français et même en chrétien » et à une tante.
Son fils Roland, orphelin, fut élevé par Gabrielle et Julien Laurent, mais n’ayant pas été reconnu par son père, il ne bénéficia pas d’une pension.
Une rue Eugène Cauchois fut inaugurée en 1949 à Monchy-Saint-Eloi et un nouveau groupe scolaire y prit son nom en septembre 1987.
Son nom a été inscrit sur le monument de Monchy-Saint-Éloi en décembre 2011, suite aux demandes réitérées de l’ANACR. Il a été reconnu "Mort pour la France" le 4 décembre 2011 seulement, car aucune reconnaissance par l’État n’avait été demandée. À cette occasion un hommage important lui fut rendu à Monchy-Saint-Éloi, Jean-Pierre Besse, président départemental de l’ANACR retraça son itinéraire, le sous-préfet lui rendit les honneurs de l’État. Une exposition accompagnait cette initiative. Son fils Roland Huchon offrit le certificat d’études primaires de son père au directeur de l’école Eugène Cauchois.
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Dernière lettre à ses parents
 
Mes biens chers parents,
Ce sera la dernière lettre que vous recevrez de moi, je viens d’apprendre que ma demande de grâce est rejetée, je n’ai plus que deux heures à vivre, aussi mes dernières pensées s’en vont vers vous. J’ai eu hier soir la lettre de ma tante Ninie datée du 18 novembre, je meurs content de savoir mon petit Roland en de bonnes mains, pauvre petit depuis deux mois je ne vivais plus je me demandais qu’est-ce qu’il devenait dans tout ça, aimez le bien surtout et faites en un homme, je tiens avant de quitter ce monde à vous remercier encore et une dernière fois.
Soyez sans crainte, je vais savoir mourir en véritable français, d’ailleurs vous me connaissez et vous savez bien que la mort ne l’effraie pas, surtout depuis le malheur arrivé à ma petite Rolande, je crois même que ce sera un repos pour moi, car vivre en bête traquée depuis un an je commençais à en avoir assez.
Surtout, prenez beaucoup de précautions pour prévenir ma pauvre maman. Si vous pouvez, attendez le retour de Gogo pour lui apprendre ça. Dans la joie du retour, le coup sera moins dur, embrassez la bien fort pour moi et dites lui que je suis parti en zone libre, surtout prévenir l’hôpital qu’ils [il] lui cache ça par tous les moyens.
Je tiens encore une fois à vous demander pardon si je vous ai fait avoir des ennuis au cours des enquêtes qui ont eu lieu, comme tout d’abord je ne vous ai jamais mis au courant de quoi que ce soit, vous pouvez être certain que je n’aurais pas voulu vous faire avoir aucun ennui en prononçant votre nom. Je n’en dis pas autant de ma tante Marcelle car c’est pour beaucoup de leur faute si j’en suis arrivé là enfin je lui pardonne quand [qu’en] même...
Je vais vous quitter car voici l’heure qui tourne, toutes les affaires qui restaient chez moi prenez tout et conservez les habits pour ce pauvre Gogo quand il reviendra, si vous avez l’occasion de voir ma tante Marcelle demandez lui le linge qui me reste chez elle, j’aime autant que Gogo en profite. Julien pourra demander mon vélo qui est chez Provin ce sera pour Gogo aussi. Quand à la carte de tabac elle n’a jamais été vendue a [à] personne conservez la.
Donc encore une fois je vous embrasse tous bien fort surtout mille gros baisers à mon Roland vers qui s’envolera ma dernière pensée, je vous le confie sans crainte.
Adieu tous et bon courage.
Dernier salut à tous mes camarades.
l’exécution a lieu à 17 h le 4-12-41.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Le journal d’un combattant et résistant de première heure, 1939-1941, fils de Monchy-Saint-Eloi , multigraphié, 2012, 36 p. — État civil.

Frédéric Stévenot

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