Né le 10 novembre 1907 à Vrély (Somme), fusillé après condamnation par les Allemands le 2 août 1943 à Amiens (Somme) ; ouvrier agricole ; résistant au sein des FTPF.

Communiqué par Philippe Pauchet
Fils de Charles Auguste Dizy, bonnetier, et de Suzanne Valet, ménagère, Alfred Dizy fut adopté comme pupille de la Nation le 25 novembre 1919. Il s’était marié le 12 avril 1930 à Vrely avec Marthe Bourse et demeurait à Morlancourt (Somme).
Le couple eut deux enfants. En juin 1942 Alfred Dizy rejoignit les FTPF et intégra  le groupe Michel. Il participa à 11 déraillements et à la destruction de l’écluse de Sailly-Laurette. Les membres du groupe sont obligés de se cacher et, pour de nourrir, ils s’emparent de tickets d’alimentation dans plus de vingt mairies différentes entre février et avril 1943. Activement recherché par les polices françaises et allemandes, Alfred Dizy avait quitté son domicile dès l’année 1942.
Il fut arrêté à Amiens le 21 avril 1943 par la police française, après une série d’attentats, nombreux déraillements de trains, auxquels il participa en tant que chef de groupe FTPF dont le chef de section était Jules Bridoux alias Michel.. Lui furent reprochés des actes de franc-tireur et de terrorisme.
Déféré le 22 juillet 1943 devant le tribunal militaire allemand FK 580 d’Amiens, Alfred Dizy fut condamné à mort et interné dans la prison de la même ville. Un peloton d’exécution allemand le fusilla le 2 août suivant dans la citadelle avec dix camarades de son groupe : Georges Debailly, Alfred Dizy, Charles Lemaire, Jules Mopin, Georges Robbe,Ernest Lesec, Paul Moreau, Louis Martin, Maurice Seigneurgens, Jacques Wilgos et Henri Wilgos.
Alfred Dizy a reçu la mention « Mort pour la France » le 28 octobre 1957. Il était titulaire de la carte de combattant volontaire de la Résistance.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de sa commune de naissance Vrély et une plaque déposée au pied de celui de sa commune de résidence Morlancourt (Somme).
La dernière lettre de Alfred Dizy
 
Lundi 2 août 1943
Ma chère petite Marie-Marthe, cher petit Charles, chère petite Thérèse, chère maman, chers frères, chers beaux-frères et belles-sœurs et chers amis et maman Laure.
Je viens d’être réveillé en cette nuit, quelle heure est-il ? Je n’en sais rien, et l’on vient de me prévenir, aie du courage chère Marie-Marthe, reste forte sur le chemin que tu as encore à parcourir, il est dur mais tu sauras le monter pour le bien-être de nos chers enfants qui ne doivent pas savoir les horreurs que nous passons et qui seront plus heureux que nous ne l’avons été ; et de temps en temps, tu n’auras qu’à leur parler de moi, mais en souriant. Il ne faut pas que mon absence soit un obstacle pour eux. Laisse-les prendre leurs plaisirs comme il faut ; et toi, sois toujours courageuse, le deuil vous l’avez déjà fait depuis 7 mois que je suis absent, cela suffit, prenez vos plaisirs. J’aurais eu plaisir à voir mes enfants grandir auprès de moi, mais le sort en est autrement et une chose qu’il faut que tu comprennes que ce n’est pas toi la première et peut-être pas encore la dernière, c’est ce qui prouve que dans toutes les guerres, il n’y a rien de bon à attendre, rien que de la misère. Hier, 1er août, je t’ai écrit une lettre ainsi qu’à ma chère maman à qui je fais déjà allusion à ma disparition, quant à moi, je sais qu’il n’y a plus qu’un moment à passer et j’aurai subi le même sort que René. Mais je vais mourir courageusement, sois-en certaine et après ma vie sera faite, je serai effacé à tout jamais de tout le monde et toi ma chère maman, c’est encore un rude coup pour toi à passer, tu es encore une fois mises à l’épreuve, et espérant que c’est la dernière que lorsque cette guerre maudite sera terminée, mon frère Marcel sera rentré, que tu seras heureuse pour terminer tes vieux jours et tu auras mes enfants qui me remplaceront. Je te les recommande également, c’est eux les plus à plaindre, ces pauvres petits. Que veux-tu, c’est la vie qui est plaine d’embûches, ne me pleure pas, ne porte pas mon deuil, car lorsque je ne serai plus, je ne serai plus rien, d’ailleurs ma lettre du 1er août te l’indique déjà. Embrasse bien tout le monde pour moi, je vous ai vus une fois avant de mourir, c’est le principal. René, lui, n’a pas eu ce plaisir.
Adieu, chers enfants, adieu chère Marie-Marthe, chère maman, frères, Julien, beaux-frères, belles-sœurs, maman Laure et toute la famille, adieu chers camarades et amis pour qui, certainement, ma mort sera une drôle de surprise, pour vous également, mais que voulez-vous, la mort de nos pères de l’autre guerre n’a pas été mise à profit, j’espère que la nôtre servira à quelque chose. Adieu et courage, moi je reste courageux jusqu’au bout, faites de même, dans quelques instants je ne serai plus rien. Adieu à tous
Alfred
Sources

SOURCES : AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — SHD, Vincennes, 16 P 186 821. — PADS 99 W 127/2329. — État civil. — René Vénard, Le courrier picard, 1944, bataille pour un titre, publications René Vénard, 1989. — Daniel Pillon et Catherine Roussel in La Résistance dans la Somme, DVD Rom. Fondation de la Résistance. — Notes de Philippe Pauchet.

Frédéric Stévenot, complété par Philippe Pauchet

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