Né le 1er juin 1921 à Petit-Quevilly (Seine-Inférieure, Maritime) ; abattu à Barneville-sur-Seine (Eure), le 24 août 1943 lors de l’attaque allemande contre le groupe de francs-tireurs FTP qu’il commandait ; groupe dit du « Maquis de Barneville ».

Tract d'aprés-guerre. AM Petit-Quevilly
Tract d’aprés-guerre. AM Petit-Quevilly
A l’automne 1942 l’organisation départementale (Seine-Inférieure, Maritime) des FTP dirigée par André Duroméa, chargea Albert Lacour et Maurice Mailleau* de recruter de jeunes volontaires pour la lutte armée contre l’occupant. Ils rassemblèrent d’abord des jeunes de Petit-Quevilly, puis, après février 1943, des réfractaires au STO de Seine-Inférieure et de la Somme. L’organisation fournit à ce nouveau sous-groupe FTP du détachement Jeanne d’Arc deux éléments militairement expérimentés : Jules Bridoux, dit Michel, puis appelé Jacques Sady, responsable militaire FTP et André Dumont, venu d’Amiens. Les deux hommes étaient les auteurs de l’attentat d’Amiens du 25 décembre 1942 contre le mess des officiers allemands qui fit 37 morts.
De novembre 1942 à août 1943, cette poignée d’hommes, au nombre de quinze à vingt, qui n’étaient pas tous rassemblés en un seul lieu, fut à l’origine de plusieurs actions audacieuses contre les forces d’occupation. Durant dix mois ils accumulèrent par petites équipes de cinq hommes au maximum, les sabotages ferroviaires, les attentats contre les industries au service des occupants, les lignes à haute tension, les transformateurs, le tout dans un rayon de cinquante kilomètre autour de Rouen. Sans oublier les attentats contre les troupes d’occupation pour récupération d’armes et les braquages pour assurer le ravitaillement du groupe. L’enquête de la police leur attribua 35 actions en 10 mois. Au printemps 1943, le groupe composé de réfractaires au STO récemment recrutés, se cachait dans la forêt des Essarts au sud de Rouen. Puis le 1er août 43, il dut déplacer son QG un peu plus loin de Rouen dans une grotte proche de Bourg-Achard, dans un bois de la commune de Barneville-sur-Seine, commune de l’Eure située aux limites de la Seine-Inférieure.
Durant l’été 1943, le groupe de FTP fut affecté par une première arrestation d’un de ses membres le 31 juillet 1943 : celle de Gérard Brillet arrêté chez lui à Rouen par l’inspecteur Louis Alie, de la brigade antiterroriste. Puis le 12 août 1943, le véritable chef militaire du groupe : Jules Bridoux, clandestin au Havre, fut abattu en mission devant le siège de la Gestapo du Havre, tandis que Maurice Mailleau, blessé et arrêté fut transféré dans les services de police de Rouen.
Le 24 août 1943, mit un tragique point final au groupe de Lacour et Mailleau. Lors d’une attaque matinale à main armée contre un centre de distribution de tickets de rationnement à Grand-Quevilly,le jeune franc-tireur Achille Guisier fut reconnu par un dénonciateur un peu après dans un tramway de Rouen. Arrêté et menacé de mort par la police d’Alie, il révéla l’existence du QG de la grotte de Barneville. Le 24 août au soir, l’inspecteur collaborateur Alie accompagné de plus d’une centaine de soldats allemands et de GMR français se lancèrent à l’assaut de la grotte de Barneville. Deux des maquisards furent abattus au cours d’un combat inégal : Albert Lacour et le présumé Autrichien déserteur Rudolph Pfandlbauer*.
Albert Lacour, proposa à ses camarades de se rendre en sortant de la grotte afin d’épargner des vies humaines, tandis que Pfandlbauer et lui resteraient à l’intérieur. Un assaut final des Allemands avec armes automatiques et à la grenade coûta la vie aux deux partisans. En ce 24 août 1943, le groupe FTP de Barneville était anéanti avant la tombée de la nuit.
Parmi les FTP arrêtés ce jour-là, six furent exécutés comme otages le 8 novembre 1943 au stand de tir du Madrillet à Grand-Quevilly. Il s’agissait de Jean et André Séhy*, Maurice Compagnon*, Marcel Lechevallier*, Robert Legros*.
Maurice Mailleau* qui faisait partie de ce groupe avait déjà été arrêté au Havre le 12 août, lors d’une mission. Un septième homme, André Dumont* de Mers-les-Bains, arrêté également à Barneville fut plus tard fusillé à Amiens le 5 février 1944. Le 8 novembre 1943 le FTP havrais Ernest Derrien fut fusillé aux côtés de ceux de Barneville ainsi que Gérard Brillet de Rouen qui, sans être enregistré aux FTP, avait participé à certaines de leurs actions récentes.
Les autres arrêtés de Barneville furent déportés à Buchenwald : Roger Cavel, Jean Baptiste Lepront, Christian Pivert, Marius Thébaut. Un déporté le fut à Mauthausen : Achille Guisier. Roger Cavel fut le seul à ne pas revenir vivant de Buchenwald.
Enfin Christian Sénard échappa à la mort en s’évadant, fin octobre 1943, de la prison de Rouen Bonne-Nouvelle en compagnie du dirigeant interrégional FTP Albert Leroy. Les deux hommes reprirent aussitôt le chemin de la lutte contre l’occupant.
Dés la fin 1944, la ville de Petit-Quevilly honora la mémoire d’Albert Lacour en attribuant son nom à une rue de la commune . À la Libération, sous l’impulsion des maquisards survivants et de la ville de Petit-Quevilly (mairie PCF), un comité pour le souvenir du maquis de Barneville fut fondé, organisant chaque année à la fin du mois d’août une cérémonie du souvenir à la grotte de Barneville. Albert Lacour, considéré comme le chef organisateur du maquis FTP de Barneville devint une icône du « Parti des fusillés ». Sa bravoure, à l’instar de celle de Guy Mocquet ou de Fabien, fut donnée en exemple à la jeunesse lors des meetings du PCF de l’après-guerre. En 1961 une rue nouvelle de Petit-Quevilly prit le nom de rue du Maquis de Barneville. En 1967, Fernand Châtel, journaliste communiste, ancien dirigeant FTP, ancien déporté à Sachsenhausen raconta la première histoire du Maquis de Barneville dans une plaquette éditée à la mairie de Petit-Quevilly. Son récit de l’histoire du Maquis de Barneville fit longtemps référence. Pour des raisons diverses, trois noms de FTP de Barneville n’étaient pas mentionnés par Fernand Châtel dans sa plaquette. Ceux d’Achille Guisier qui "avait parlé", du fusillé Gérard Brillet et de l’évadé de Bonne-Nouvelle, Christian Sénard.
L’on se reportera à Lieux d’exécutions ou de mémoire : « Maquis de Barneville ».
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen. — Archives Départementales de Seine-Maritime : Dossier Policier Alie de Rouen 1943, Inculpés-Barneville (sans cote). — Notes et plaquette 1943 : Petit-Quevilly au temps du Maquis de Barneville (publiée en 2013) de Michel Croguennec, archiviste à Petit-Quevilly. — Archives départementales de Seine-Maritime : documents sonores 1940-44 : entrevues (1982) avec les anciens FTP Gustave Avisse et André Duroméa, avec Ferdinand Delrot (1983) et Christian Sénard (1991) rescapé de Barneville. — Hommage aux fusillés et aux massacrés de la Résistance en Seine Maritime.1940-1944, édité par l’Association Départementale des familles de fusillés de la Résistance de Seine-Maritime(1992). — « Les Chantiers de Normandie (de Grand-Quevilly) », ouvrage de Michel Croguennec Rouen, Edition Gecko, petit à petit (2008). — « André Duroméa raconte » Editions Messidor 1987. — « Communistes au Havre » Marie-Paule Dhaille-Hervieu Editeur PURH (2010). — Plaquette récit racontant l’histoire du Maquis de Barneville, par Fernand Châtel (1967). — Arch. Mun de Petit-Quevilly pour l’iconographie. — État civil.

Jean-Paul Nicolas

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