Né le 20 avril 1915 à Soufflenheim (Basse-Alsace alors annexée), guillotiné après condamnation le 23 février 1943 à la prison de Brandenburg-Görden (Allemagne) ; militaire de carrière ; agent P2 du SR Kléber ; condamné à mort par le Reichskriegsgericht à Berlin le 11 décembre 1942.

Fils d’Aloyse Ambos et de Marie Mack, commerçants en confection pour dames, il fit des études commerciales à l’EPS de l’Ill à Strasbourg. Il travailla chez ses parents puis comme aide-comptable. Il s’engagea en 1934 dans l’armée. Promu sergent en 1935, il fut affecté à Épinal (Vosges) en 1936. Affecté en septembre 1939 au 79e Régiment d’infanterie de forteresse à Hunspach (Bas-Rhin), lors du repli de son unité en juin 1940, il réussit à se faire interner en Suisse. Libéré le 5 février 1941, il fut incorporé dans l’armée de l’armistice et affecté le 31 mai 1941 comme interprète à la commission allemande d’armistice à Lyon (Rhône).
Désirant revoir sa famille restée en Alsace annexée de fait, il entra en rapport avec le commandant Schaller du Service de renseignements de Vichy. Il reçut en avril 1942 une formation d’agent de renseignement, puis fut chargé d’une mission d’espionnage des garnisons allemandes en Alsace et en Allemagne.
Avec un faux passeport allemand au nom de Georg Maurer, représentant de commerce à Strasbourg, il aurait envoyé à la boîte aux lettres qui lui avait été indiquée des renseignements militaires sur la région Nancy-Epinal en zone interdite. Il passa vraisemblablement une seconde fois la ligne de démarcation dans la nuit du 15 au 16 juin 1942, puis traversa avec difficulté les Vosges, où il aurait essuyé à plusieurs reprises des coups de feu pour pénétrer enfin en Alsace par Orbey (Haut-Rhin). Il s’arrêta un ou deux jours dans les auberges alsaciennes à proximité des casernes, le temps de collecter des informations et, dans sa famille, il recueillit également des renseignements sur l’état d’esprit des Alsaciens.
Le 6 juillet, il se rendit à Vienne (Autriche) pour faire évader deux prisonniers juifs français de l’Oflag de Kaisersteinbruch, à la demande de leurs familles. La surveillance pointilleuse du camp l’obligea à renoncer à ce projet. Il tenta alors en vain de franchir la frontière suisse et finit par se faire arrêter le 11 juillet à Masevaux (Haut-Rhin) d’où il voulait traverser les Vosges pour rejoindre la France non annexée.
Par l’analyse des fiches d’hôtels établies selon sa fausse identité, la Gestapo reconstitua son itinéraire. Incarcéré du 13 juillet au 19 septembre 1942 à la prison de Strasbourg, puis à celle de Kehl de l’autre côté du Rhin en Bade, il fut ensuite transféré à la prison militaire de Berlin. Il est à peu près certain qu’il ne donna aucun nom de ses chefs lors des nombreux interrogatoires qu’il subit. Au cours de l’un d’eux, il chercha à s’évader en rouant de coups un agent de la Gestapo, ce qui lui valut un régime encore plus sévère. Une infirmière de l’infirmerie pénitentiaire militaire de Berlin-Buch lui permit de faire parvenir à sa famille de brèves nouvelles de sa captivité. Ce fut le 4e Sénat du Reichskriegsgericht qui le jugea le 11 décembre 1942. Il fut accusé d’espionnage sous couverture de fausse identité, d’aide à l’ennemi, de passage de la ligne de démarcation sans autorisation, de pénétration dans un territoire sous contrôle de la Wehrmacht et d’entrée illégale dans le Reich ; pour tous ces faits, reconnus par l’accusé, Joseph Ambos fut condamné à mort. Le jugement fut confirmé le 2 janvier 1943 par l’amiral Bastian, président du RKG et Gerichtsherr (maître de la justice). La grâce du Führer, demandée par sa famille, lui ayant été refusée le 27 janvier 1943, Joseph Ambos fut exécuté (vraisemblablement guillotiné) à la prison de Brandenburg le 23 janvier 1943. Le jugement porte le cachet « liste rouge » et l’inscription manuscrite « Pas de publication car il s’agit d’un étranger ».
Selon le site de l’AASSDN, il avait dû partir en mission de son propre chef à cause de propos malveillants le concernant, mais ceux-ci avaient été démentis par la qualité des renseignements transmis. Le commandant Schaller décida donc, après la Libération, son intégration au réseau Saturne (P4) avec, à titre posthume, les avantages dus aux agents P2. Il reçut donc le grade de sous-lieutenant et la Médaille de la Résistance. Le nom de Joseph Ambos figure sur le monument des Anciens des Services spéciaux de la Défense nationale à Ramatuelle (Var) et sur le monument aux morts de Soufflenheim.
Sources

SOURCES : Auguste Gerhards, Tribunal de Guerre du IIIe Reich : des centaines de Français fusillés ou déportés. Résistants et héros inconnus 1940-1945, ministère de la Défense et Cherche-Midi, éditeurs, Paris, 2014, p. 171-173. – Site Internet de l’Amicale des agents des services spéciaux de la Défense nationale.

Léon Strauss

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