Né le 30 octobre 1889 à Crévecœur-le-Grand (Oise), fusillé comme otage le 31 mars 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; cultivateur.

Fils de Paul, charretier, et de Rosalie, née Sagot, apprêteuse, Paul Decagny était cultivateur à Hétomesnil (Oise). Il fut arrêté à son domicile le 1er septembre 1940 par la police française pour « détention d’armes ». En août 1940, un voisin agriculteur, de retour d’exode, ayant constaté qu’une partie de son matériel agricole lui avait été dérobé,soupçonna son voisin et le dénonça à la Feldgendarmerie qui perquisitionna et découvrit un fusil Lebel, un revolver Mauser, un mousqueton et 200 cartouches.
Livré aux occupants, le 27 septembre 1940 il fut condamné à quatre ans et demi de prison par un tribunal militaire allemand, incarcéré à Villeneuve-Saint-Georges (Seine, Val-de-Marne). Le 21 février 1942 des résistants attaquèrent une colonne de marins allemands au Havre, et deux militaires furent blessés.
En représailles les Allemands fusillèrent vingt otages dont Paul Decagny à 9 h 32 au Mont-Valérien. Son inhumation eut lieu au cimetière de La Garenne-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Le nom de Paul Decagny figure sur le monument aux morts de Hétomesnil, l’Office national des anciens combattants de Caen lui attribua la mention « Mort pour la France » le 3 janvier 2012.


L’abbé allemand Franz Stock l’évoque dans son Journal de guerre :
« Mardi 31.3.42
Lever 5 heures, 15 otages au Cherche-Midi (attentat du Havre). Arrivé à 6 heures du matin, une partie d’entre eux sont des Juifs du camp de Drancy, quelques communistes, et d’autres déjà condamnés par le tribunal militaire.
2 parmi eux étaient réceptifs, aucun ne s’est confessé ou n’a communié : au dernier moment seulement, là haut au fort, avons fait ensemble acte de contrition et récité les dernières prières.
Corre, A., 6, rue Laos, XVe, catholique
Decagny, Paul, cultivateur, Hétomesnil par Lihus (Oise), catholique
Carpentier, René, Moulancourt, par Ville sur Andre, catholique
Guérin, Maurice Paul, 79, rue Henri Barbusse, Clichy, catholique
Noël, Raymond, Pont St. Maxence (Oise)
Souillart, Raymond [en fait Souilliart Raymond]
Aucun d’entre eux ne pratiquait, les autres étaient communistes ou Juifs, dont pour ces derniers, Bernard Lieberman [en fait Liberman Benjamin], croyant, qui avait beaucoup fait le bien, pria et demanda ma bénédiction. Les communistes moururent : "Vive le Parti communiste, la Troisième internationale, Staline, Lénine, Rosa Luxembourg, etc." Avec les "Allons enfants". Le chef [peut-être René Sahors, note de C. Pennetier] affirma que si Dieu et le ciel existaient, alors ils accueilleraient aussi un communiste.
Une partie (7) a été inhumée au cimetière de La Garenne, les autres (8) à Courbevoie ; sépultures pas terminées, c’est pourquoi attendu 3 heures. »
Notons que sur 15 otages ne donne les noms que de 7 d’entre-eux.
Ceux manquants sont pour l’essentiel des Juifs
ainsi
Arbiser Ziskind
Banach Menachem
Gmach Markus
Ilzicer Daniel
Klein Arnost
Rabinowicz Joseph
mais aussi
Lambard Paul
Sahors René
Toulza Clément
Ce qui fait 9 et non 8 selon nos biographies. Un otage aurait échappé à l’abbé Stock. A moins que le rebelle René Sahors ait subi un sort particulier.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 2117, 77W 1008. – DAVCC, Caen, Otage-B VIII dossier 3/AJ41 245 (Notes Thomas Pouty). – État civil, Arch. Dép. Oise. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit., p. 56. – Françoise Rosenzweig, "La répression allemande dans l’Oise (1940-1944), Annales historiques compiégnoises, n°141-142, printemps 2016. — Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb.

Daniel Grason

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