Né le 12 août 1895 à Nocé (Orne), fusillé comme otage le 21 septembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; facteur rural ; conseiller municipal de Maisons-Maugis (Orne) ; résistance aide et sauvetage.

Marcel Champion et Camille lors de leur mariage.
Marcel Champion et Camille lors de leur mariage.
Fils de Victor et de Marcelline, née François, Marcel Champion participa à la Grande Guerre comme caporal d’infanterie du 8 avril 1915 au 25 octobre 1919. Blessé le 13 août 1918, il fut cité à l’ordre du régiment le 21 septembre : « Excellent gradé très brave et très courageux [...] a brillamment entraîné ses hommes à l’assaut d’une position fortement tenue, a été grièvement blessé au cours de l’action. » Il fut décoré de la Croix de guerre. Élu conseiller municipal sur une liste modérée, il ne prit part à aucune campagne politique.
Il épousa Camille Chuat, avec qui il eut un enfant. La famille vivait à Maisons-Maugis. Camille Champion tenait un petit hôtel meublé, des militants communistes clandestins résidaient de courtes périodes dans l’établissement dont Henri Colin, ex-conseiller municipal communiste de Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine). Des courriers qui leur étaient adressés étaient gardés probablement pour rendre service car le couple Champion était sans appartenance politique. Le 3 mars 1942, la police judiciaire arrêta le couple sous l’inculpation de « menées communistes » anti-allemandes et pour avoir hébergé et caché Henri Colin et d’être membres du Parti communiste clandestin. Il fut livré aux Allemands, interné au Cherche-Midi à Paris (VIe arr.), prison administrée par les occupants.
Au cours de la première quinzaine du mois d’avril, le préfet de police de Paris reçut plusieurs courriers. Henri Lebrun, frère de lait de Marcel Champion, traiteur glacier à Bois-Colombes, membre du Parti social français du colonel de La Rocque et du mouvement des Fils des Croix de Feu écrivait qu’il était certain que l’enquête établirait l’innocence du couple. « Vous avez affaire à de bons français [...] à un fonctionnaire zélé apprécié de ses chefs [...] à un paysan conservateur et respectueux de l’ordre, à un innocent. »
Un ami de la famille écrivit : « Je connais la famille depuis treize ans je n’ai jamais entendu parler politique chez eux. » La receveuse des postes de Boissy-Maugis estima que Marcel Champion était « victime d’une odieuse machination ». Le maire de Nocé, Alexandre Heroux, ancien instituteur de Champion se souvenait du « bon élève ». Depuis, « il s’est toujours bien conduit en citoyen respectueux des lois de son pays [...] à ma connaissance, il ne s’est jamais livré à aucune manifestation subversive ». Des habitants de Maison-Maugis et de Boissy-Maugis signèrent un texte en trois points : « Ils n’ont jamais déployé d’activité politique d’aucune sorte. » Ils « ont toujours fait preuve d’une moralité exemplaire » et « leur honorabilité les place au-dessus de tous soupçons ».
Le 17 septembre 1942 vers 21 h 45, à la sortie du Rex, boulevard Poissonnière, une bombe explosa à sept mètres du cinéma, lors d’une séance réservée à l’armée allemande ; dix-sept militaires furent blessés. En représailles les autorités d’occupation décidèrent de fusiller quarante-cinq otages le 21 septembre au Mont-Valérien. Marcel Champion fut passé par les armes à 9 h 40. Tous les corps furent incinérés au Père-Lachaise ; l’urne funéraire de Champion fut inhumée au cimetière parisien de Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis).
Incarcérée, puis transférée au camp de Romainville, Camille Champion était dans le convoi du 24 janvier 1943 qui partit de Romainville à destination d’Auschwitz-Birkenau. Matricule 31656, elle y mourut le 4 mai 1943.
Le ministère des Anciens Combattants attribua la mention « Mort pour la France » le 22 mars 1946 à Marcel Champion. Les noms de Camille et de Marcel Champion figurent sur la plaque commémorative de « La commune de Maison-Maugis à ses morts glorieux 1939-1945 ».
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 77W 245, BA 1752. – DAVCC, Caen, Otage-B VIII dossier 6 (Notes Thomas Pouty). – FMD, Livre-Mémorial, Éd. Tirésias, 2004. – JO no 269 du 20 novembre 1987. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Suresnes.

Daniel Grason

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