Né le 23 février 1908 à Rocroi (Ardennes), fusillé par condamnation le 23 février 1944 au fort de Bondues (Nord) ; garçon coiffeur ; résistant, membre de l’Organisation civile et militaire (OCM).

Paul Royaux était le fils de Joseph Royaux, mouleur, et d’Odile, Pélagie Saive, son épouse. En 1928, il effectua son service militaire, mais il fut rappelé en 1939 dans une compagnie motocycliste. Célibataire, il était coiffeur de profession, employé au salon Schwartz à Charleville (Ardennes).
« Petit, l’œil vif, l’esprit pétillant, la parole facile, l’argument convaincant, et l’humeur bagarreuse, Royaux a milité avant guerre dans une organisation syndicale, la C.G.T. Avec son ami André Point, qu’il a rappelé auprès de lui en octobre 1940, il a repris son travail dans un salon de l’avenue Jean-Jaurès. Les civils ne sont pas nombreux alors, à Charleville, et la clientèle comprend, outre les quelques carolopolitains rentrés, des prisonniers de guerre du Frontstalag et... des Allemands. Royaux couvre ceux-ci de lazzis et devant leur manque de réaction, il en conclut à leur lourdeur d’esprit, à leur lenteur de compréhension, ce qui explique peut-être sa témérité. Les prisonniers qui l’entendent ont vite découvert en lui un allié possible à leurs projets d’évasion, et c’est ainsi que, avec Point, il va commencer à organiser le passage d’évadés de la zone interdite à la zone simplement occupée. Cette filière se continuera jusqu’en zone libre d’une part, et d’autre part jusqu’en Allemagne, où Royaux ira lui-même rechercher son frère prisonnier. » Ainsi Georges-Henri Lallement décrivait-il Paul Royaux.
Comme beaucoup, Paul Royaux voyait dans l’aide aux prisonniers de guerre évadés la forme de résistance la plus adaptée et la seule possible en ces débuts de temps d’occupation. En 1940, la Wehrmacht est victorieuse sur tous les fronts, la Grande-Bretagne est assiégée, personne ne croit qu’elle pourra résister longtemps à la formidable machine de guerre nazie.
Un dimanche de janvier 1941, au café Le Pacha, cours d’Orléans à Charleville, Paul Royaux invita quelques amis qui partageaient ses sentiments et qui eux aussi voulaient faire quelque chose contre l’occupant. Étaient là : son compagnon André Point, garçon coiffeur comme lui ; l’industriel François Perrin ; l’employé Ernest Ledent ; le brigadier de police Aimable Pruvost ; le contremaître Gaston Robinet ; l’étudiant Étienne Brice.
À l’issue des discussions et au moment de se séparer, Paul Royaux affirma avec témérité : « Rappelez-vous que c’est ici que s’est tenue la première réunion de la Résistance ardennaise. » En mars, il tenta de se rendre à Londres pour se présenter au général de Gaulle, en recevoir une mission officielle, prendre de ses services des directives précises, recevoir un appui financier. Après plusieurs tentatives infructueuses de passage par voie maritime à partir de la Bretagne, à court d’argent et d’énergie, profondément déçu, il rentra à Charleville. Mais par l’intermédiaire d’une amie de Rethel, il prit contact avec des membres de l’état-major parisien d’un mouvement de résistance récemment créé, l’Organisation civile et militaire (OCM), dont il devint le représentant dans les Ardennes.
Filière d’aide aux prisonniers de guerre évadés qui arrivaient de tous les coins du département depuis la Belgique, mais aussi collecte et transmission du renseignement dans le cadre du réseau Centurie, sabotage, recherche de terrains de parachutage, dissimulation d’armes et de munitions dans le cadre des Unités de combat et de renseignement (UCR) qu’il avait mises en place, Paul Royaux se dépensa sans compter.
En juillet 1942, il participa à une réunion des responsables de groupements de Résistance français et belge, à Herbeumont, en Belgique. L’animateur était un agent du Special Operations Executive (SOE) qui se lança, écrira un des hommes présent, dans « un étourdissant exposé des possibilités et des moyens pouvant être mis à [la] disposition [de la Résistance] par les organismes anglais de Londres ». Sceptiques, les présents demandèrent « un message de confiance avant de suivre aveuglément. Ce message, tous les Ardennais, écoutant régulièrement la BBC s’en souviendront : ``Ardenne, tiens ferme ! Courage, les amis, à bientôt’’. »
Grâce à cette affiliation à un réseau Buckmaster, les Ardennes reçurent leurs premiers parachutages d’armes en mai et juin 1943 sur le Monty, territoire de la commune de Messincourt, à la frontière belge.
Rapidement, les activités de Paul Royaux ne purent plus être ignorées de l’occupant. La première alerte sérieuse intervint au printemps 1942, lorsqu’un agent de la police allemande tenta d’infiltrer le groupe et après que Paul Royaux et ses camarades s’en furent débarrassés en l’exécutant et en jetant son corps dans la Meuse.
Malgré cet échec, les Allemands persévérèrent et parvinrent à leur fin : à la fin du mois d’octobre 1942, la filière d’aide aux évadés passant par le Secours national à Charleville fut démantelée par la police allemande à la suite de l’infiltration d’un « mouton » en son sein.
De nombreuses arrestations eurent lieu dans le département. Paul Royaux fut « grillé » et dut quitter les Ardennes. Il laissa comme successeur son lieutenant, qui était depuis toujours son ami, André Point, futur « commandant Fournier ».
Paul Royaux fut alors affecté dans le département du Nord, où il devint « Ernest Duval », dit aussi « Max », agent de liaison interrégional de l’OCM assurant le contact entre Jean Tison, responsable départemental du mouvement, et la direction de la région A à Paris, c’est-à-dire Roland Farjon.
Alors qu’il se rendait à un rendez-vous, Paul Royaux tomba dans une souricière tendue par la Gestapo à Paris, square Montholon (IXe arr.), le 16 décembre 1943.
Emprisonné un temps à Saint-Quentin (Aisne), il fut vraisemblablement pris en charge par « l’ange gardien des V1 » pour ses activités d’espionnage. Transféré au siège de l’Abwehr d’Arras (Pas-de-Calais), à l’Hôtel de Commerce de la ville, il fut condamné à mort par le tribunal du 65e corps d’armée allemand et exécuté, dans le plus grand secret, le jour de son trente-sixième anniversaire, le 23 février 1944, au fort de Bondues, en compagnie d’Alexandre Schimmel.
Par décision du 9 avril 1945, la Commission nationale d’homologation des grades obtenus à titre des Forces françaises de l’intérieur (FFI) a prononcé en faveur de Paul Royaux l’homologation dans le grade d’assimilation de lieutenant-colonel. Par ailleurs, Paul Royaux a été fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume.
Son corps est inhumé au cimetière d’Aiglemont (Ardennes). Une rue de cette commune porte son nom, qui est aussi inscrit sur le monument aux morts.
Son nom également est inscrit sur le Mémorial de Berthaucourt à Charleville-Mézières, et une rue de cette commune porte le nom de Paul Royaux.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Musée de la Résistance de Bondues, Ils étaient 68, op. cit. – Laurent Thiery, La Répression allemande dans le Nord de la France (1940-1944), Lille, Presses du Septentrion, 2013, p. 239-256. – Philippe Lecler, Face à la Gestapo, Éd. Euromédia, Douzy, 2011 – Dossier Paul Royaux, Service historique de la Défense, Vincennes. – Fonds « Michel Rousseau » (La Coupole). – Mémorial GenWeb.

Frédéric Stévenot, Julien Lucchini, Laurent Thiery, Philippe Lecler

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