SCHMERBER Claude, Charles [prénom germanisé en Karl par les nazis]
Né le 14 juin 1914 à Mulhouse (Haute-Alsace annexée, Haut-Rhin), guillotiné le 19 juin 1944 à Halle (Allemagne) ; instituteur.
À la suite des décrets d’incorporation en Alsace d’août 1942, il a été contraint d’intégrer l’armée allemande. Mais n’ayant pas répondu à sa convocation en date du 25 février 1943, il fut détenu au « camp de sûreté » de Schirmeck-Vorbrück (La Broque, Bas-Rhin). Il y passa son conseil de révision le 18 mars 1943, bien qu’il ait refusé de signer son livret militaire, et fut transféré au 342e Bataillon de grenadiers à Neuhaus (Bohême, Autriche), où il refusa à nouveau d’endosser l’uniforme allemand en arguant de sa citoyenneté française et en rappelant sa demande de servir dans la LVF. Il fut arrêté et envoyé à la prison militaire Fort Zinna de Torgau (Allemagne). Le 5 octobre 1943, il maintint sa position devant le 4e sénat du Reichskriegsgericht dirigé par le docteur Reuter. Le tribunal justifia son obligation au service militaire par ses origines généalogiques et par les décrets d’incorporation en Alsace d’août 1942. Il fut alors condamné à la peine de mort pour « défaitisme » et à la perte de la dignité militaire. Le jugement fut confirmé le 26 octobre 1943 par le lieutenant-général von Hase.
Le 19 juin 1944, à 17 h 12, Claude Schmerber fut guillotiné à la prison Roter Ochse de Halle par le bourreau Roselieb, après avoir rédigé une dernière lettre à l’attention de sa mère. Sur demande du professeur von Studnitz de l’Institut de zoologie de l’Université de Halle, qui menait des recherches sur la captation des couleurs, Claude Schmerber et dix-huit autres détenus se virent poser un bandeau sur les yeux quinze à trente minutes avant l’exécution, puis leurs yeux furent prélevés sous une lumière rouge pour que les rétines soient étudiées. Son corps a été incinéré le 21 juin au Gertraudenfriedhof de Halle. L’urne, déposée dans la tombe no 1385 de la section 4, a été déterrée le 6 novembre 1946, puis remise au cimetière de Mulhouse le 15 mai 1948. La Légion d’honneur et la Croix de guerre lui ont alors été décernées à titre posthume.
SOURCES : Jugement de Claude (Karl) Schmerber par le Reichskriegsgericht (Arch. militaires de Prague, copie au Mémorial « Roter Ochse » de Halle-an-der-Saale). – Auguste Gerhards, Morts pour avoir dit non, Éd. La Nuée bleue, 2007, p. 87-96. – Frédéric Stroh, Les Malgré Nous de Torgau, 2006, p. 76-77 et 231-235. – Auguste Gerhards, Tribunal de guerre du IIIe Reich, Paris, Éd. Le Cherche-Midi, 2014, p. 144, p. 444-446.
Frédéric Stroh