Né le 13 septembre 1921 à Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis), fusillé le 8 juillet 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur-mécanicien.

Fils de Charles et de Blanche, née Delente, Maurice Laisney était le second d’une fratrie de quatre enfants. Il demeurait chez ses parents domiciliés depuis 1936 au 303 avenue du Président-Wilson dans le quartier de la Plaine à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis). Sa mère ne travaillait pas, son père retraité de la Gendarmerie et de la Compagnie du Gaz de la Ville de Paris, était huissier à la Thomson-Houston au 16 bis rue de Châteaudun à Paris (IXe arr.).
Maurice Laisney exerçait depuis le 15 novembre 1939 la profession d’ajusteur-mécanicien aux usines Hotchkiss, 307 boulevard d’Ornano à Saint-Denis. L’entreprise fabriquait des engins blindés pour les occupants. Le 13 avril 1942 plusieurs véhicules prenaient feu. Un commissaire de police mena l’enquête de concert avec des officiers allemands de la police secrète de campagne (Geheimfeldpolizei, GFP).
La police française interrogea cent soixante ouvriers, sept furent arrêtés le 14 avril et inculpés, Maurice Laisney, René Chezeau, ajusteur, d’Épinay-sur-Seine, tous deux pour « propagande et activité en faveur de l’Angleterre et de la Russie » ; André Durel, chaudronnier, de Saint-Ouen pour « sabotage de travaux effectués sur un tank » ; Edmond Gué, ajusteur-mécanicien, de Goussainville « considéré comme suspect » pour avoir « quitté l’usine sans autorisation le jour de l’incendie » ; Désiré Gouyette, même métier, de Saint-Denis, avait vidangé « le réservoir d’un tank dans un bidon de 20 litres » ; Louis Héraudet, même métier, même inculpation, de Saint-Ouen et Roger Bohn, manœuvre interprète, de Vincennes, pour « outrages par paroles envers les autorités françaises et allemandes ».
L’acte de malveillance établi, la suite de l’enquête se focalisa sur Maurice Laisney qui ce jour-là se déplaçait dans l’atelier avec une pancarte sur son dos « RAF ». Il aurait déposé une feuille sur le bureau du contremaître « France, libère-toi », et d’autres inscriptions relevées dans les WC lui furent attribuées. Enfin, des tracts auraient été découverts dans son vestiaire.
Incarcéré, Maurice Laisney comparut le 13 juin 1942 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Passé par les armes le 8 juillet 1942 à 15 h 05 au Mont-Valérien, il fut inhumé au cimetière communal d’Asnières-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine).
Dans une note de janvier 1943, les Renseignements généraux soulignaient que sa culpabilité avait été établie « en déduction » et « aussi par des déclarations d’ex-militants communistes, lesquels, redoutant de se voir compromis, ont jeté la suspicion sur Laisney ». Les policiers relevaient : « Il y a eu cinq ou six foyers d’incendie résultant de dispositifs combinés et d’installations qui n’avaient pu être faites par un seul homme, entre autres : le placement de bacs pleins d’essence et d’huile à côté des dispositifs d’allumage ».
« On peut donc assurer, en dehors de toute considération que l’attitude de certains ouvriers a été pour le moins suspecte puisqu’elle a plutôt contribué à charger Laisney qu’à établir strictement la vérité. » « Laisney s’est toujours refusé à toute déclaration, même sur les faits les plus évidents. »
Aucun des six autres inculpés ne figura sur les listes des fusillés ou déportés. Les forces syndicales de la CGT clandestine et politiques du Parti communiste clandestin étaient très actives au sein de l’entreprise en cette année 1942. Fin septembre, début octobre, un arrêt de travail eut lieu pour protester contre l’envoi d’ouvriers en Allemagne.
Le 11 novembre 1942, pour commémorer l’armistice du 11 novembre 1918, 75 % du personnel composé de 1 400 ouvriers et employés cessait le travail à 11 heures, cinq délégués informaient la direction que le travail reprendrait à 13 h 30. À la reprise, 90 % des ouvriers ne reprenaient pas le travail et, à 15 heures, les autres quittèrent l’usine.
Le 9 décembre 1942, la police allemande en armes procédait à la réquisition de dix-neuf ouvriers en remplacement de dix-neuf réfractaires. Le personnel cessa le travail de 14 h 15 à 15 h 15 en signe de protestation.
Le ministre des Anciens Combattants attribua la mention « Mort pour la France » à Maurice Laisney le 6 septembre 1947. Une stèle commémorative porte son nom au cimetière d’Asnières-sur-Seine.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 1W 0654, BA 2100, PCF carton 13 rapports hebdomadaires des Renseignements généraux. – DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII 3, Liste S 1744-358/42 (Notes Thomas Pouty). – Arch. mun. Asnières-sur-Seine. – Site Internet Mémoire des Hommes.

Daniel Grason

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