Né le 29 août 1900 à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis), fusillé le 26 février 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; boucher aux abattoirs de la Villette, plombier-couvreur ; communiste ; résistant FTPF.

Fils d’Auguste et d’Elisabeth, née Wagner, Lucien Lefranc épousa Georgette Laplace dont il eut un fils en 1923. La famille vivait 7 rue Villebois-Mareuil à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis). Il adhéra au Parti communiste, devint secrétaire de la cellule Louise Michel, no 1037 de la section d’Aubervilliers.
Mobilisé en septembre 1939, fait prisonnier en juin 1940, il était libéré le 26 novembre 1941 comme ancien combattant de la guerre 1914-1918. Il changea de métier, fut plombier-couvreur chez Lambert 61 rue Heurtault à Aubervilliers. Contacté en avril 1942 par un responsable communiste, il consentit à reprendre une activité militante, distribua des tracts. Sollicité pour entrer dans les FTP, il accepta d’être responsable d’un groupe de trois, puis commissaire politique de la région Paris Nord.
En juin 1942 il était avec les FTP qui mettaient le feu à une permanence du Rassemblement national populaire (RNP). Il assura le 16 septembre 1942 la protection des FTP, dont l’un lança vers 21 h 50 un engin incendiaire contre l’office de placement allemand 76 route des Petits-Ponts à Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis). Les services de police et de la gendarmerie réalisaient le 24 septembre 1942 une vaste opération d’ensemble contre les militants communistes réels ou supposés du département de la Seine.
Dès le petit matin, les forces de répression interpellaient 1631 communistes à l’heure du laitier en application du décret du 18 novembre 1939 qui permettait sur décision du préfet d’interner les « individus dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique ». Lucien Lefranc fut interné au camp de Pithiviers (Loiret). Sa femme, également arrêtée, fut internée à Pithiviers puis au camp de la Lande à Monts (Indre-et-Loire).
Le 3 novembre les policiers vinrent à Pithiviers prendre Lucien Lefranc et le livrer au Sonderkommando IV à l’hôtel Bradford où il fut certainement torturé. Incarcéré à Fresnes, le 16 février 1943 il comparut devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à mort pour « activité de franc-tireur », il fut passé par les armes le 26 février à 16 h 04 au Mont-Valérien.
Inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), Lucien Lefranc fut réinhumé après la Libération au cimetière communal d’Aubervilliers. Son nom figure sur le monument aux morts. Le secrétariat général aux Anciens Combattants attribua la mention « Mort pour la France » à Lucien Lefranc le 25 janvier 1946. Le conseil municipal d’Aubervilliers donna le nom de Lucien Lefranc à une avenue de la ville.
Le Journal de guerre de l’Abbé Stock évoque sa mort.
"Vendredi 26.2.43
10 exécutions
Visites à Fresnes. Y suis prévenu de 10 exécutions. Suis resté pendant le déjeuner. Visité plusieurs dans la 3ème division.
Les noms des 10, pour activités de francs-tireurs, détention d’armes, etc. : Leblanc Georges, Aubervilliers, rejeté (mon assistance).
Lefranc Frédéric, Aubervilliers, ni confessé ni communié, mais ai prié avec lui au poteau, belle mort.
Gargam Marcel, Aubervilliers, s’est confessé, a communié son frère est prêtre. Belle mort. Rabot Gabriel, prié au poteau, me donna un peigne et mourut les mains jointes. Femme alsacienne.
Berthelot Marcel, rejeté.
Récouraut ]Recourat Victor, s’est confessé, a communié, belle mort.
Dupont Lucien, le chef, beaucoup d’attentats sur la conscience, communiste des pieds à la tête, chanta l’Internationale et dit en allemand : « Ich bin glücklich, für mein Vaterland sterben zu können » (Je suis heureux de pouvoir mourir pour mon pays). Rejet. Il se fichait de la mort, a joué chaque jour avec la vie pendant 14 mois. Etait complètement captivé par les idées bolcheviques.
Grosperrin Charles, très calme, s’est confessé, a communié.
Dallais Alexandre, a refusé, habite 34, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, Paris Vème. Bolzer Pierre, de St-Ouen, refusa tout secours spirituel. Avait appris le jour même la naissance de son fils. Né le jour où il fut condamné à mort.
Enterrés tous les dix au cimetière d’Ivry, 47ème division 1ère ligne."
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 77W 265, BA 1836, BA 1798. – DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII 4, Liste S 1744-51/43 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb.

Daniel Grason

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