Né le 20 janvier 1911 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé le 16 février 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier tôlier ; membre des Jeunesses communistes ; secrétaire de la section du PCF à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis) ; secrétaire CGT des Métaux à Saint-Ouen ; résistant, membre de l’Organisation spéciale (OS).

Fils de Julien, manœuvre, et de Clarisse, née Morice, ménagère, Eugène Lumeau épousa en mairie de Saint-Ouen le 13 février 1932 Renée Pater, le couple eut trois enfants, la famille vivait 21 rue Rabelais à Saint-Ouen. Il adhéra au Parti communiste en 1933, devint secrétaire de la section locale du PCF, milita à la CGTU, puis à la CGT. Chaudronnier, il travailla à l’Alsthom à Saint-Ouen. Lors de la déclaration de guerre, il fut affecté spécial à la Société générale de constructions mécaniques au 24-26 rue de la Gare à La Courneuve (Seine, Seine-Saint-Denis).
Le 11 novembre 1940, Eugène Lumeau prit part à la manifestation dans les Puces de Saint-Ouen et il participa en compagnie de Roger Linet et Alfred Ottino au groupe de l’OS qui fit dérailler un convoi militaire allemand à Épinay-sur-Seine (Seine, Seine-Saint-Denis) le 17 juillet 1941.
Des policiers de la Brigade spéciale d’intervention (BSI) du commissariat de Saint-Ouen surveillèrent plusieurs militants communistes de la région nord (Seine, Seine-Saint-Denis) : Alphonse Jouis d’Aubervilliers, Étienne Duban de La Courneuve, Francis Soulabaille du Bourget, Henri Debray de Pantin et Eugène Lumeau de Saint-Ouen.
Ces cinq militants organisaient des distributions de tracts de l’organisation communiste OS dans des entreprises du secteur. Le 16 septembre 1941, le commissaire de Saint-Ouen, accompagné d’inspecteurs, arrêta Eugène Lumeau à son domicile. Des brochures et des tracts édités par le Parti communiste furent saisis lors de la perquisition. Une lettre anonyme arriva en octobre à la préfecture de police : « Veuillez avoir la bonté de vous intéresser au communiste Eugène Lumeau déjà arrêté, distributeur de tracts et menées communistes. »
Lors de son interrogatoire, Eugène Lumeau assuma son activité clandestine. Il était chargé d’entrer en contact avec d’anciens militants, de recueillir des informations sur l’état d’esprit des salariés dans la perspective d’éditer des tracts. Il plaçait également des timbres syndicaux. Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, il fut torturé à de multiples reprises.
Incarcéré, il comparut le 4 février 1942 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à mort pour « activité en faveur de l’ennemi et agissements communistes », il fut passé par les armes par des soldats de l’armée allemande le 16 février 1942 à 16 h 05 au Mont-Valérien. Le quotidien collaborationniste Le Matin publia le 18 février un « Avis », ainsi libellé : « Eugène-Marie Lumeau, de Saint-Ouen (Seine), condamné à mort pour activité en faveur de l’ennemi, par suite d’agissements communistes, a été fusillé aujourd’hui. »
Renée Lumeau, son épouse, fut soupçonnée par la brigade de Rouen d’avoir, avec Rose Foucher et Madeleine Alexis, envisagé de faire évader Geneviève Bousquié, internée politique, hospitalisée à l’hôpital de Vernon (Eure). Renée Lumeau avait rendu visite à Geneviève Bousquié en étant accompagnée de Rose Foucher et du fils de Geneviève Bousquié âgé de quatorze ans. Le 1er mai, Madeleine Alexis avait déjà rendu visite à la malade, ce qui avait attiré l’attention des policiers : les trois visiteuses demeuraient à Saint-Ouen. Elles furent interrogées, et en l’absence de preuves, il n’y eut pas de suite.
En 1943, des policiers découvraient chez un militant communiste 2.000 photographies d’Eugène Lumeau, de format identité, avec la mention « militant syndicaliste fusillé pour être resté fidèle à ses opinions ». Ces petites photographies étaient vendues pour récolter des fonds afin de venir en aide aux familles victimes de la répression.
Eugène Lumeau fut inhumé le jour de son exécution, 16 février 1942, au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) division 39, ligne 1, n°30 puis transféré le 20 avril 1945 dans le carré des victimes de guerre 1939-1945 au cimetière communal de Saint-Ouen où une cérémonie se déroula le 22 avril 1945.
Renée Lumeau, l’épouse d’Eugène Lumeau, témoigna devant la commission d’épuration de la police. Le rapport du 26 août 1945 mentionnait qu’« aux archives de la police judiciaire son dossier avait disparu ».
Le ministère des Anciens Combattants attribua à Eugène Lumeau la mention « Mort pour la France », statut militaire, le 17 avril 1946. Eugène Lumeau fut homologué FFI.
Le nom d’Eugène Lumeau figure sur une stèle commémorative aux côtés des autres fusillés de la commune et des victimes de la déportation.
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, et à Saint-Ouen sur le monument de la Résistance et de la Déportation du cimetière communal. De plus, son nom apparaît sur la plaque commémorative UFM-CGT, 94 rue Jean-Pierre Timbaud à Paris (XIe arr.).
Le conseil municipal de Saint-Ouen donna le nom d’Eugène Lumeau à une rue de la ville.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : État civil, Saint-Nazaire. — Arch. PPo., 1W 0053, 77W 50, BA 1801, BA 2117, KB 50. — DAVCC, SHD Caen, Boîte 5, Liste S 1744-106/42 (Notes Thomas Pouty), AC 21 P 80806. — Arch. Dép. Seine-Saint-Denis. — Arch. mun. Saint-Ouen. — Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J. — Le Matin, 18 février 1942. — Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis, Éd. de l’Atelier, 2004. — J.-P. Besse et T. Pouty, Les fusillés, Éd. de l’Atelier, 2006. — Roger Linet, La traversée de la tourmente, Messidor, 1990. — B. Epin et J. Lefort, Chez nous à Saint-Ouen, Messidor/Temps Actuels, 1982. – Le Réveil de Saint-Ouen, août 1945 et 24 juillet 1964. — L’Humanité, 23 avril 1945. — Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940-1945, Nantes, 2001. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Mémorial GenWeb. –

Daniel Grason, Robert Kosmann

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