Né le 9 janvier 1925, fusillé le 30 mai 1944 au lieu-dit « Le-Trou-de-Chirac », commune de Montgueux (Aube) ; garçon de café ; maquisard FTP (maquis du Vignot).

Plaque commémorative de la cabane du Vignot
Plaque commémorative de la cabane du Vignot
La Cabane du Vignot
La Cabane du Vignot
Réfractaire au STO, Pierre Chalant avait gagné le maquis du Vignot qui regroupait quelques autres réfractaires. Le maquis s’était implanté dans les bois du Vignot, sur la commune de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes (Yonne), à la fin de 1943. Tous étaient originaires de l’Aube mais le maquis se trouvait sur le territoire du département de l’Yonne. Le maquis s’implanta près d’une route, avec de simples branchages pour abriter les hommes. Durant l’hiver, Olivier Ancel et Camille Guérin, responsables FTP nogentais, décidèrent de le déplacer dans une cabane de chasse, dans les bois du Vignot.
Composé de jeunes réfractaires peu expérimentés et insuffisamment encadrés, il s’agissait davantage d’un groupe d’hommes qui se cachaient dans les bois que d’un véritable maquis. Fin février 1944, les effectifs atteignaient une trentaine d’hommes. Le témoignage de Maurice Renaudat, résistant sédentaire dont le domicile proche servait de base logistique au maquis, permet de comprendre qu’ils aient été repérés et dénoncés : « Pratiquement tous les soirs, quatre ou cinq gars du maquis passaient à la maison prendre du ravitaillement, grignoter quelque chose et, sans doute, trouver un peu de chaleur humaine. Tous étaient issus d’un milieu modeste et n’avaient pas dépassé le niveau du certificat d’études (…).On riait comme des fous quand ils parlaient de leurs coups de mains sur les bureaux de tabac, les recettes buralistes ou les bureaux de poste. Ils connaissaient aussi les fermiers plus ou moins collaborateurs : là ils se faisaient un malin plaisir de chaparder des poules et des lapins ou des sacs à grains pour s’en faire des couvertures (...) Ils se ressemblaient tous, inconscients et extrêmement gais. Avaient-ils seulement conscience de faire la guerre ? »
Le maquis fut attaqué vers 8 h du matin, le 7 mars 1944, par une trentaine d’Allemands venus dans un car réquisitionné à Romilly-sur-Seine. À cette heure-là, deux sentinelles, Maurice Bord et Lucien Vanier, faisaient le guet autour de la baraque. Quand l’alerte fut donnée par les sentinelles, Pierre Chalant fit partie de ceux qui purent se sauver. Ceux qui ne s’éveillèrent pas à temps furent pris. Les deux sentinelles furent tuées et Pierre Chalant fut blessé. Il se réfugia à Nogent-sur-Seine dans la famille du résistant Pierre Broulhet mais ils furent arrêtés peu après. Pierre Chalant fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Troyes et exécuté à Montgueux le 30 mai 1944 au lieu-dit « Le-Trou-de-Chirac ». Six autres maquisards capturés le jour de l’attaque du maquis subirent le même sort, le 8 juin 1944 : Jean Alba, Dominique Bruni, Lucien Constant, Fernand Fournet, Maurice Lange et Fernand Romanens. Parmi ceux qui s’étaient échappés, quatre furent capturés dans la vallée de la Seine et moururent en déportation.
Le nom de Pierre Chalant figure sur la plaque commémorative fixée sur la façade de la cabane de chasse dans les bois du Vignot (commune de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes) et sur le monument des fusillés et déportés de l’Yonne à Auxerre. « Mort pour la France ».


Voir Le-Trou-de-Chirac, commune de Montgueux
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). —Témoignage de Maurice Renaudat, in Bulletin de l’Association des Amis de La Chapelle de Villeneuve-aux-Riches-Hommes, n° 9, p. 31-52, 1995. — CDrom, La Résistance dans l’Aube, AERI-CRDP de Champagne-Ardennes, 2010. — Robert Bailly, Si la Résistance m’était contée, Éd. ANACR-Yonne, 1990. — Joël Drogland, Histoire de la Résistance sénonaise, Auxerre, ARORY, 2e édition 1998. — Mémorial GenWeb.

Joël Drogland

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