Né le 22 septembre 1918 à Châteaulin (Finistère), fusillé, après condamnation, le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur armurier à l’Arsenal de Brest (Finistère) ; résistant, membre du groupe Élie rattaché au réseau Confrérie Notre-Dame (CND) Castille.

Joseph Prigent était marié. Il eut une fille, Josiane, née après son arrestation le 30 mai 1941. Il habitait rue Saint-Felou à Lambézellec (aujourd’hui quartier de la ville de Brest).
Ajusteur armurier à l’Arsenal de Brest, dès le mois d’août 1940 il fut recruté dans la Résistance par Louis Élie, un entrepreneur de transport, alors qu’ils faisaient partie tous les deux de la défense passive. Au mois d’octobre 1940, l’organisation de Résistance initiée par Louis Élie, appelée groupe Élie, était structurée. Elle comportait un service de renseignements et un service action qui s’attacha à subtiliser des armes aux soldats allemands dans les cafés. Louis-Jean Élie contacta le capitaine René Drouin qui parvint à entrer en contact avec le colonel Rémy et le réseau CND Castille : en février 1941, le groupe Élie fut rattaché au réseau CND Castille. Le 18 mars 1941, Joseph Prigent participa à un commando qui tenta de libérer neuf personnes de la prison de Pontaniou à Brest, dont deux Canadiens, plusieurs marins-pêcheurs de Camaret (Finistère) coupables de transferts vers l’Angleterre, et plusieurs jeunes de Lannion (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) condamnés à mort pour terrorisme. On attribue aussi au groupe Élie un attentat à l’hôtel Continental, siège des autorités allemandes à Brest, qui eut lieu le 4 avril 1941, et qui fut parachevé par l’explosion d’une bombe incendiaire larguée par un avion britannique.
Le 30 avril 1941, vers 21 heures, Joseph Prigent, Albert Muller et François Quéméner attaquèrent quatre Allemands installés au café des PTT, rue Louis-Blanc. Les Allemands parvinrent à s’enfuir, mais Albert Muller fut blessé de six balles dans le ventre. Il fut conduit chez un médecin, qui appela l’ambulance municipale. Il fut opéré le 1er mai, et, jugé transportable, il rentra chez lui le 10 mai 1941, sur sa demande. Le 13 mai dans l’après-midi, des Allemands frappèrent à sa porte et l’emmenèrent, malgré son état, jusqu’à leurs locaux de l’école Bonne-Nouvelle. Ce fut la première d’une longue série d’arrestations qui dura jusqu’à la fin juin 1941. Le 14 mai, Joseph Prigent fut arrêté à son tour. Après un passage à Bonne-Nouvelle, les résistants étaient conduits, les uns après les autres, à la prison du Bouguen, à Brest.
Le 5 juillet 1941, Joseph Prigent fut transféré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Il fut condamné à mort le 22 novembre 1941 par le tribunal allemand du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.).
Joseph Prigent a été fusillé au Mont-Valérien le 10 décembre 1941 avec dix de ses camarades : Louis-Jean Élie, Georges Bernard, Robert Busillet, René Gourvennec, Roger Groizeleau, Albert Muller, Roger Ogor, François Quéméner, Louis Stephan et Joseph Thoraval. Vingt autres avaient été condamnés à des peines de réclusion variant de cinq à quinze ans ; parmi eux, cinq moururent en déportation et un fut porté disparu.
Un service religieux célébré à Saint-Martin à Brest le 8 janvier 1942 en mémoire des onze membres du groupe Élie fusillés le 10 décembre 1941 réunit plusieurs centaines de personnes.
Joseph Prigent fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 10 décembre 1941 division 39, ligne 3, n°10.
Par une lettre du 17 décembre 1941, le maire de Brest demanda à Fernand de Brinon d’intervenir auprès des autorités allemandes pour que les corps des onze brestois fusillés le 10 décembre 1941 soient rendus aux familles. Sans succès. C’est à partir de juillet 1947 que les remises de corps s’effectuèrent. Joseph Prigent a été réinhumé le 8 octobre 1947 à Lamballe (Finistère).
La mention « Mort pour la France » lui fut attribuée par le ministère des Anciens Combattants le 24 novembre 1948. Par décret publié du 16 septembre 1953, publié au Journal officiel du 22 septembre, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, et on lui attribua la Croix de guerre, ainsi que la Médaille de la Résistance.
En souvenir du groupe Élie, la ville de Brest a appelé « rue des 11-Martyrs » l’une de ses voies qui donnent sur son hôtel de ville, perpendiculairement à la rue Jean-Jaurès. Une plaque a été apposée.
Le nom de Georges Bernard figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Son nom figure aussi sur une stèle érigée en 2003 à Brest dans le square Rhin-Danube en hommage aux seize résistants du groupe Élie Morts pour la France, avec la mention "La ville de Brest A la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour que nous puissions vivre libres - Groupe Élie : premier groupe de résistance brestoise.". On y trouve les noms des onze membres du groupe Élie fusillés le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, et aussi les noms de cinq membres du groupe Élie morts en déportation : Jean Caroff, Capitaine René Drouin, Yves Féroc, Jean Gouez et Hervé Roignant.
Dernière lettre à sa fille.
20 décembre 1941
Ma petite Josiane chérie,
Ma petite fille chérie, au moment où je t’écris, il ne me reste plus que 2 heures à vivre et toi, ma chérie, tu es âgée de six mois et dix jours exactement. J’aurais eu le bonheur de t’avoir vu une fois et d’avoir pu te tenir dans mes bras, hélas, pendant dix petites minutes seulement alors que j’aurais tant voulu pouvoir le faire toute ma vie. Ton papa te demande d’être toujours bien sage envers ta maman en souvenir de lui. Sois une consolation pour elle car c’est une brave et bonne maman que tu as. Ne lui fais jamais de chagrin. Rends la heureuse. Adieu ma chérie. Ton papa qui bientôt ne sera plus t’embrasse bien tendrement et une dernière fois.
Ton papa
Jo Prigent

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Fichier des fusillés, FNDIRP du Finistère Nord à Brest. — Arch. mun. Brest. — Eugène Kerbaul, Chronique d’une section communiste de province, Brest, janvier 1935-janvier 1943, Presses de l’imprimerie commerciale de Rennes, 1992. — resistance-brest.net. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine. — Notes de Jean-Pierre Ravery.

Gilles Pichavant

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