Né le 31 octobre 1921 à Strasbourg (Bas-Rhin), fusillé le 15 juillet 1943 à Strasbourg ; géomètre ; résistant du Front de la jeunesse alsacienne.

Fils de Georges, André Tschaen et de Georgine Braun, Pierre Tschaen était géomètre au cadastre à Strasbourg. Il adhéra au Front de la jeunesse alsacienne, mouvement de Résistance dirigé par Alphonse Adam. Ce dernier le désigna en juillet 1942 comme membre de l’état-major représentant les non-étudiants. Il organisa la prestation de serment des nouveaux membres sur le crucifix et le drapeau français. La cérémonie se tenait chez une cartomancienne de la rue du Faubourg-de-Saverne à Strasbourg. Il s’occupait aussi du passage clandestin des prisonniers alliés et des Alsaciens réfractaires ou déserteurs de la Wehrmacht.
Vers la mi-décembre 1942, Pierre Tschaen fut arrêté par la Gestapo, mais relâché quelques jours plus tard. Il reprit ses activités résistantes tout en se sachant suivi par les policiers. Il aurait cependant mis au courant ses camarades. Il fut quand même impliqué dans le procès devant le Volksgerichtshof à partir du 6 juillet 1943 : le président, Roland Freisler, ne comprit pas que son surnom était dû à sa ressemblance avec le professeur Nimbus de la bande dessiné française et tourna en dérision ce « héros prestigieux », selon le sens du mot en allemand.
Il fut condamné à mort le 7 juillet 1943 pour avoir « procédé en qualité de chef de groupe de cette organisation à des actes de sabotage : il a hissé le drapeau français sur un bâtiment de la place Karl Roos », ex-place Kléber.
Avec ses cinq compagnons, Alphonse Adam, Robert Kieffer, Robert Meyer, Joseph Seger, Charles Schneider, il a été fusillé à Strasbourg le 15 juillet 1943. Le 10 juillet 1945, Henri Frenay, ministre des Prisonniers, Déportés et Réfugiés, lui remit à titre posthume la Médaille de la Résistance.
Sources

SOURCES : E. May, Le drame de l’Alsace, 1939-1945, Strasbourg, 1949 p. 79-82 (réédition, Strasbourg, 2010, p. 94). – Eugène Ochs, Pardon sans oubli, Strasbourg, 1969, p. 30-33. – Charles Béné, L’Alsace dans les griffes nazies, t. IV, Raon-l’Étape, 1978, p. 281-303. – Marie-Joseph Bopp, Ma ville à l’heure nazie, Strasbourg, 2004, p. 287-288. – Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, no 47, Strasbourg, 2006, p. 4978. – Walter Wagner, Das Volksgerichtshof im nationalsozialistischen Staat, Munich, 2011, p. 461-464. – Alphonse Irjud, « Pas de pitié pour les traîtres », Saisons d’Alsace, no 121, 1993. – L’Alsace libérée, 25 février, 10 et 13-15 juillet 1945.

Léon Strauss

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