Né le 22 septembre 1894 à Aix-en-Issart (Pas-de-Calais), fusillé le 28 mars 1944 au fort de Bondues (Nord) ; cultivateur ; résistant, membre de l’Organisation civile et militaire (OCM).

Fils d’Augustin Dautremer, charpentier, et de Marie Wallois, ménagère, Julien Dautremer, cultivateur, vivait à Aix-en-Issart. Il s’était marié le 31 mai 1920 à Sempy (Pas-de-Calais) avec Valérie Merlot, et était père de deux enfants. Avant guerre, il avait été membre des Croix de feu, selon Roger Pannequin. Sous l’Occupation, cependant, il hébergea à son domicile des résistants et communistes clandestins, notamment Pannequin après son évasion de la citadelle de Huy en Belgique en juillet 1943 où il était retenu par les Allemands.
Dans la grange de la ferme des Dautremer étaient conservés cinq dépôts d’armes parachutées lors d’une opération effectuée sur la commune du Ponchel (Pas-de-Calais). Ces armes avaient été cachées chez lui à la demande d’André Velut, son chef et adjoint au responsable de l’Organisation civile et militaire (OCM) dans le canton de Montreuil-sur-Mer. Dautremer participa également, en tant que membre de l’OCM et du réseau Centurie, à l’évasion de soldats britanniques. Le 6 mars, André Velut fut arrêté à Campagne-les-Hesdin. Dès le lendemain, le domicile de Julien Dautremer fut perquisitionné par la Geheimfeldpolizei 716 d’Arras, la police militaire relevant de « l’ange gardien des V1 », qui trouva les armes entreposées dans la grange. Celle-ci était déjà informée de l’existence de ce dépôt, sans doute sur dénonciation, et s’était présentée à son domicile pour les récupérer. Deux autres membres de l’organisation furent encore appréhendés : Jean Watel et Marc Sarlandie. On connaît leur sort uniquement grâce à André Velut, seul rescapé, rentré de déportation en 1945.
Arrêté, Julien Dautremer fut incarcéré à Béthune, Arras, puis à Loos-lès-Lille (Nord). Les interrogatoires et différentes confrontations se déroulèrent à l’hôtel du Commerce d’Arras, siège de « l’ange gardien des V1 ». Le 28 mars 1944, Julien Dautremer et ses trois camarades furent secrètement déférés devant le tribunal spécial du 65e corps d’armée allemand alors réuni boulevard de la Liberté, à Lille. Velut condamné à mort obtint le droit de déposer un recours en grâce, alors que, pour Jean Watel, l’affaire fut remise à plus tard. Julien Dautremer et Marc Sarlandie furent quant à eux condamnés à mort et fusillés le jour même au fort de Bondues sans qu’aucune information ne soit communiquée sur leur sort. Ce n’est qu’après la libération de Bondues en septembre 1944 que les corps furent découverts. Exhumé le 5 octobre 1944, le sien fut reconnu par sa femme Valérie Merlot.
Il se vit décorer, à titre posthume, du grade de chevalier de la Légion d’honneur et de la Croix du combattant. Il repose désormais à Aix-en-Issart, où une rue a été baptisée en son honneur. Son nom figure sur le monument aux morts d’Aix-en-Issart, ainsi que sur le monument commémoratif du fort Lobau, à Bondues.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Fonds « André Velut » (La Coupole) – Musée de la Résistance de Bondues, Ils étaient 68, 2010. – Roger Pannequin, Ami, si tu tombes, Arles, Actes Sud, 2000. – Laurent Thiery, La répression allemande dans le Nord de la France (1940-1944), Lille, Presses du Septentrion, 2013, p. 239-256. – Mémorial GenWeb. – État civil.

Julien Lucchini, Laurent Thiery

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