FLOR Alexandre
Né le 6 septembre 1901 à Budapest (Hongrie), fusillé le 13 mars 1944 au fort de la Duchère (Lyon, Rhône) ; étudiant en médecine de nationalité hongroise ; résistant dans le maquis FTPF de Creyers (Drôme).
Engagé volontaire pour la durée de la guerre, il quitta Paris le 6 mai 1940 pour être affecté à la 14e section d’infirmiers militaires de Lyon (Rhône). Il fut démobilisé le 4 octobre 1940 à Lyon.
A partir de cette date, il demeura au 24 chemin des Alouettes (Lyon, VIIe arr.). Il eut dans un premier temps des difficultés à poursuivre ses études faute de ressources. Au mois de mars 1941, son frère, domicilié au Brésil, lui fit parvenir de l’argent. Alexandre Flor put ainsi s’inscrire en 5e année à la faculté de médecine et de pharmacie de Lyon. Le 24 juin 1943, il fut recensé comme juif. A cette date, il n’avait pas changé d’adresse et il était toujours étudiant en médecine.
Alexandre Flor rejoignit le maquis FTP de Creyers (Drôme), situé au-dessus du défilé des Gâts. Le 26 février 1944, les Groupes mobiles de réserve (GMR) du groupe Comtat d’Avignon attaquèrent le maquis. Ils firent prisonniers Alexandre Flor et dix-sept autres maquisards non armés et les enfermèrent au collège de garçons de Die (Drôme). Les responsables de la Résistance de Die décidèrent d’envoyer le groupe FTPF de Paul Béranger pour les libérer. Le 27 février, à l’aube, Béranger et ses hommes partirent de Sainte-Croix (Drôme), et arrivèrent à Die où ils furent renforcés par un groupe diois. Vers 7 heures, le groupe attaqua le collège et prit l’avantage sur les GMR. Alexandre Flor et d’autres prisonniers purent s’échapper. Mais l’arrivée inopinée d’un car de GMR, appelés la veille en renfort, renversa la situation. Les GMR firent prisonniers dix-neuf hommes, des maquisards évadés, parmi lesquels Alexandre Flor, et des hommes du groupe Béranger.
Le 28 février, ils furent incarcérés à la prison de Valence (Drôme) puis transférés le 9 mars à la prison Saint-Paul (Lyon). Le 13 mars, Alexandre Flor comparut avec neuf autres résistants devant la cour martiale du secrétariat général au Maintien de l’ordre, dans la salle de l’anthropométrie de la prison Saint-Paul. Ernest Planel, l’un des accusés qui échappa à la peine de mort témoigna après-guerre : « Le 13 mars 1944, j’ai comparu devant la cour martiale de Vichy, à Lyon. La séance s’est passée comme suit : nous étions dix accusés [...] La cour se composait de trois hommes vêtus de costume civil. Une douzaine de gardes mobiles en armes assistaient à l’audience [...]. La séance a eu lieu [...] à quinze heures, dans un bureau de la prison Saint-Paul. Pour nous rendre de notre cellule au bureau [...], nous avions dû passer entre deux haies de gardiens de la prison, qui sont restés dans le couloir. [...] La séance a duré environ quinze minutes. Un des membres de la cour a dit à l’officier commandant les gardes mobiles de faire présenter les armes. Ensuite, il nous a lu l’acte d’accusation ainsi conçu : vous êtes inculpés de meurtres, et tentatives de meurtres, [...] menées antinationales, sabotages, etc. [...]. Il nous a ensuite déclaré : vu la loi de la cour martiale [...] vous êtes condamnés à mort par fusillade immédiate. Il a ordonné aux gardes d’emmener les condamnés. » Rapidement après, parmi les dix condamnés, Alexandre Flor, André Dupuis, William Gutschmidt, Alfred Brochot, Jacques Oustenko, Vincenzo Santoro (ou Santori) et Guy Landowicz (un FTP-MOI de Grenoble) furent emmenés au fort de la Duchère (Lyon, IXe arr.) où des Français les fusillèrent.
Lyon, fort de la Duchère (19 février - 4 août 1944)
SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3678W19, 829W283.- Arch. Mun. Lyon, 981WP377.– CHRD, Lyon, Art. 1167 (dossier de Guy Landowicz). – Fédération des unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l’amour de la France, Drôme-Vercors, 1940-1944, 1989. – Jean Abonnenc, Il n’est pas trop tard pour parler de Résistance, 2004. – Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, les déportés politiques, résistants, otages, juifs, nés, résidant ou arrêtés dans la Drôme, 1940-1945, 2006. – Virginie Sansico, La justice du pire, les cours martiales sous Vichy, 2002. – Site Internet Mémoire de la Résistance.
Jean-Sébastien Chorin