Né le 23 octobre 1902 à Vyborg (Finlande, Russie), fusillé le 13 mars 1944 au fort de la Duchère (Lyon, Rhône) ; ouvrier photographe (portraitiste) ; résistant au sein des FTPF de Creyers (Drôme).

Jacques Oustenko était le fils de Michel et de Marie Hetchitaïlo. Il demeurait 26 cours Berriat à Grenoble (Isère). Il était marié et avait une fille. Il exerçait la profession d’ouvrier photographe (portraitiste). Il rejoignit le maquis des Francs-tireurs et partisans (FTP) de Creyers, situé au-dessus du défilé des Gâts.
Le 26 février 1944, les Groupes mobiles de réserve (GMR) du groupe Comtat d’Avignon attaquèrent le maquis de Creyers. Ils firent prisonniers Jacques Oustenko et dix-sept autres maquisards non armés et les enfermèrent au collège de garçons de Die (Drôme). Les responsables de la Résistance de Die décidèrent d’envoyer le groupe FTPF de Paul Béranger pour les libérer. Le 27 février, à l’aube, Béranger et ses hommes partirent de Sainte-Croix (Drôme), et arrivèrent à Die où ils furent renforcés par un groupe diois. Vers 7 heures, le groupe attaqua le collège et pris l’avantage sur les GMR. Jacques Oustenko et d’autres prisonniers purent s’échapper. Mais l’arrivée inopinée d’un car de GMR, appelés la veille en renfort, renversa la situation. Les GMR firent prisonniers dix-neuf hommes, des maquisards évadés, parmi lesquels Jacques Oustenko, et des hommes du groupe Béranger.
Le 28 février, ils furent incarcérés à la prison de Valence (Drôme) puis transférés le 9 mars à la prison Saint-Paul (Lyon). Le 13 mars, Jacques Oustenko comparut avec neuf autres résistants devant la cour martiale du secrétariat général au maintien de l’ordre, dans la salle de l’anthropométrie de la prison Saint-Paul. Ernest Planel, l’un des accusés qui échappa à la peine de mort raconta ensuite : « le 13 mars 1944, j’ai comparu devant la cour martiale de Vichy, à Lyon. La séance s’est passée comme suit : nous étions dix accusés [...] La cour se composait de trois hommes vêtus de costume civil. Une douzaine de gardes mobiles en armes assistaient à l’audience [...]. La séance a eu lieu [...] à quinze heures, dans un bureau de la prison Saint-Paul. Pour nous rendre de notre cellule au bureau [...], nous avions dû passer entre deux haies de gardiens de la prison, qui sont restés dans le couloir. [...] La séance a duré environ quinze minutes. Un des membres de la cour a dit à l’officier commandant les gardes mobiles de faire présenter les armes. Ensuite, il nous a lu l’acte d’accusation ainsi conçu : vous êtes inculpés de meurtres, et tentatives de meurtres, [...] menées antinationales, sabotages, etc [...]. Il nous a ensuite déclaré : vu la loi de la cour martiale [...] vous êtes condamnés à mort par fusillade immédiate. Il a ordonné aux gardes d’emmener les condamnés ». Rapidement après, parmi les dix condamnés, Jacques Oustenko, André Dupuis, William Gutschmidt, Alfred Brochot, Vincenzo Santoro (ou Santori), Alexandre Flor et Guy Landowicz (un membre des Francs-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée [FTP-MOI] de Grenoble) furent emmenés au fort de la Duchère (Lyon, IXe arr.) où des Français, des GMR, les fusillèrent.
Le corps de Jacques Oustenko fut inhumé dans le cimetière de la Guillotière (Lyon).
Lyon, fort de la Duchère (19 février - 4 août 1944)
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3678W19, 3808W65. – CHRD, Lyon, Art. 1167 (dossier de Guy Landowicz). – Fédération des unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l’amour de la France, Drôme-Vercors, 1940-1944, 1989. – Jean Abonnenc, Il n’est pas trop tard pour parler de Résistance, 2004. – Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, les déportés politiques, résistants, otages, juifs, nés, résidant ou arrêtés dans la Drôme, 1940-1945, 2006. – Virginie Sansico, La justice du pire, les cours martiales sous Vichy, 2002. – www.museedelaresistanceenligne.org~ ; Mémorial GenWeb.

Jean-Sébastien Chorin

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