Né le 12 mars 1908 à Digoin (Saône-et-Loire), fusillé après condamnation le 26 septembre 1943 à la citadelle de Besançon (Doubs) ; maçon ; syndicaliste CGT du bâtiment de Côte-d’Or ; militant communiste ; résistant au sein des FTPF.

Paul Paqueriaud, après la fréquentation de l’école communale, travailla à Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or) dans l’entreprise de maçonnerie de son père. Il fit son service militaire de 1928 à 1930 dans l’artillerie et s’engagea au Parti communiste et à la CGT. Il était secrétaire général du syndicat CGT du Bâtiment de Nuits-Saint-Georges de 1937 à la déclaration de guerre. Le syndicat qui était affilié à la 9e région fédérale du bâtiment avait son siège route de Quincey à Nuits-Saint-Georges.
Il était marié le 7 juillet 1934 à Nuits-Saint-Georges avec Marcelle Guy et père de deux enfants.
Mobilisé en 1939, il fut blessé en juillet 1940 par une bombe d’avion et fut démobilisé en octobre 1940. Dès son retour en Côte-d’Or, Paul Paqueriaud se mit en relation avec ses camarades Louis Trentini et Emile Proudhon de Comblanchien, de Raymond Piot de Beaune pour la distribution des tracts du Parti communiste clandestin. Les tracts sont amenés par Jean Nicolas, responsable de la collecte des cotisations et de la répartition des tracts du PC pour le département. Au cours des mois de juin et de juillet 1941, plusieurs vagues d’arrestations déferlèrent chez les militants communistes de Côte-d’Or. Le 29 juillet, avec plusieurs dizaines d’hommes et de femmes, Paul Paqueriaud était arrêté par la police française et interné sur ordre du préfet à la prison de Beaune (Côte-d’Or). Mis en liberté surveillée à sa sortie de prison le 4 octobre 1941, il recruta au cours de l’année 1942 pour les FTP du secteur de Nuits-Saint-Georges et de Beaune.
Particulièrement recherché et craignant d’être arrêté communiste, il s’éloigna de la Côte d’Or et se réfugia à Besançon en mars 1943 où il obtiont de faux papiers. Membre du Front national, il devint un responsable régional des FTPF, membre du groupe Marius Vallet (du nom du premier fusillé officiel de la citadelle de Besançon). Il vivait caché à Besançon où il assurait la liaison entre les groupes FTP « Guy Môquet » de Marcel Simon, « Marius Vallet » et le groupe « Alsace » (créé à l’initiative d’un jeune Suisse, André Montavon).
Il fut arrêté le 10 juin 1943 à Besançon par la Sipo-SD. Incarcéré à la prison de la Butte à Besançon sous les motifs d’« aide à l’ennemi et attentats terroristes », il fut jugé par le tribunal militaire allemand (tribunal de la Feldkommandantur 560) de Besançon, avec 22 camarades FTPF dans un procès organisé à la prison de la Butte du 15 au 18 septembre 1943. Il fut condamné à mort avec 17 de ses camarades (6 peines de travaux forcés furent également prononcées, et un condamnation à mort ne fut pas effective car Claude Montavon, qui le logeait, était Suisse et gardé par la Allemands pour un échange).
Le 26 septembre 1943 à 5 h 40 du matin, quatre camions montèrent les 16 résistants à la citadelle de Besançon. Ils chantaient « La Marseillaise ». Ils ont été fusillés par groupe de quatre, de 7 h 36 à 8 h 25. Paul Paqueriaud fut exécuté dans le dernier groupe à 8 h 25 du matin avec Marcel Simon, Saturnino Trabado et Balthazar Robledo. Furent également exécutés René Roussey, Gaston Retrouvey, Raymond Aymonnin, Georges Rothamer, Marcel Reddet, Philippe Gladoux, Roger Puget, Roger Puget, Jean-Paul Grappin, Henri Fertet.
Son nom figure à ce titre sur le monument commémoratif « Aux Martyrs de la Résistance » établi dans la citadelle.
Il fut reconnu comme déportés et internés de la résistance (DIR), Forces françaises de l’intérieur (FFI). Son épouse était également une résistante très active. Paul Paqueriaud était domicilié rue Henri Challand à Nuits-St-Georges en 1939.
Dernière lettre.
A Madame Paul PAQUERIAUD,
à Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or).
Adieu, mes chers. Adieu, tous ceux que j’aime. Dans quelques instants j’aurai cessé de vivre ; je me sens fort pour affronter la mort. Ma plus grande peine est de mourir loin de vous, sans vous serrer dans mes bras, sans même pouvoir embrasser mes enfants. Jusqu’à la mort, j’aurai devant les yeux la vision dernière de vos images chéries.
Je revois mon petit Robert m’envoyer, à travers le grillage qui nous séparait, de gracieux baisers avec sa petite menotte, et c’est le cœur serré que je revois mon petit Serge, les yeux remplis de larmes, pleurer en appelant son papa. Adieu, chers enfants. Vous n’avez plus de papa. Vous n’irez plus jamais faire de belles promenades avec lui ; et le soir, assis sur ses genoux, vous n’écouterez plus les belles histoires qu’il vous contait avant d’aller faire dodo. Vous n’avez plus de papa. Heureusement pauvres innocents, vous ne pouvez pas encore comprendre ce que ces mots représentent pour vous. Mais plus tard, lorsque vous comprendrez, bien les dernières paroles que votre papa vous adresse avant de mourir : chérissez tendrement votre maman, car elle a beaucoup de chagrin ; écoutez bien ses conseils ; suivez-les ; étudiez bien, et travaillez bien pour devenir des hommes. Aidez-la, aimez-la toujours ; ne l’abandonnez jamais, et puis... pensez quelquefois à votre pauvre papa, car il vous aimait tant.
Adieu, Marcelle chérie, tu n’as plus d’époux ; j’ai le cœur serré en pensant que je te laisse seule dans la vie avec la lourde tâche d’élever nos deux petits chéris. Pour eux, j’avais fait de beaux projets d’avenir : la mort m’empêche de tenir mes promesses. Mais j’ai confiance en toi, ma chérie ; je te les confie ; je sais que tu sauras leur donner l’éducation morale que j’aurais voulue pour eux ; guide-les et conseille-les comme je l’aurais fait moi-même.
Adieu, ma chérie, sois courageuse. Je sais que sincère et grande sera ta douleur. Mais on ne vit pas avec les morts ; c’est pourquoi, avant de partir, je voudrais encore te donner ce dernier conseil : écoute-moi, Marcelle, tu es encore jeune pour terminer ta vie avec deux enfants. Tu as encore droit au bonheur, prends un autre compagnon pour terminer ta vie : qu’il soit un ami tendre pour toi, un père affectueux pour nos petits. Sans doute, vais-je te paraître cruel en un pareil moment : mais ces dernières paroles me sont dictées par ma conscience, et l’amour sincère que j’ai pour toi et pour nos deux enfants.
Adieu, mon cher papa, le soutien de tes vieux ans te quitte au seuil de la vieillesse, sans pouvoir t’embrasser une dernière fois. Adieu, ma chère sœur, adieu, ma petite Huguette. Adieu, ma chère vieille maman.
Adieu, tous mes parents, adieu, tous mes amis : à vous tous, je vous confie mon bien le plus précieux, ma compagne aimée et mes enfants chéris. En pensant à moi, pensez à eux ; ne les abandonnez pas. Pour moi, après la guerre, je voudrais reposer pour toujours dans le petit cimetière où dorment déjà quelques-uns des miens, dans la petite ville qui a vu naître mes enfants et où j’ai connu des jours heureux parmi vous.
 
Adieu, mon aimée  ; pense à moi quelquefois. Garde-moi toujours ta confiance ; défends ma mémoire et le nom que je laisse à mes chers petits ; parle-leur de moi, apprends-leur à aimer leur papa. Jusqu’à la mort, mes pensées seront près de vous.
 
Adieu, mon petit Serge, adieu, mon petit Robert ; votre papa vous embrasse une dernière foi  ; pensez à lui et soyez heureux. Adieu, tous ceux que j’aime ; je vous embrasse tendrement ; pensez à moi.
 
Adieu, et que vive la France.
 
Victor-Paul PAQUERIAUD.
 
Besançon, le 26 septembre 1943.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 457113. — Mémorial GenWeb. – DVDrom, AERI, La Résistance dans le Doubs. – Fanny Monin, « Les fusillés dans le département du Doubs de 1941 à 1944 », Master 1, Université de Franche-Comté, 2009, p. 55. – Blog d’histoire d’Hervé Chabaud. — Raymond Tourrain, L’Histoire du groupe Guy Mocquet, Amicale du groupe Guy Mocquet, imprimerie A. Eblé, Besançon, 1974, Besançon. — Arch. municipales Dijon, 7 F 4. — Résistance en Côte-d’Or, Gilles Hennequin, édition de 1987. — Les communistes dans la Résistance en Côte-d’Or, édition de 1996. — Arch. Dép. de Côte-d’Or, recensement, état civil.

Michel Thébault, Claude Pennetier, Jean Belin

Version imprimable