Né le 18 juillet 1896 à la Fourchotte, commune de Brion (Yonne), fusillé comme otage le 25 avril 1942 au champ de tir d’Égriselles, commune de Venoy (Yonne) ; professeur de mathématiques ; résistant communiste membre du Front national et du réseau Quand Même (BCRA).

Abel Minard
Abel Minard
Fils d’un gendarme que ses opinions politiques situaient plutôt à gauche, Abel Minard effectua sa scolarité secondaire au lycée de Tonnerre. Tuberculeux, il fut mobilisé dans le service intérieur pendant la Grande guerre et ne put reprendre ses études qu’en 1921, lorsqu’il fut vraiment guéri. Il obtint une licence de mathématiques à la faculté de Dijon en 1923 et devint enseignant. Nommé au lycée de Sainte-Menehould dans la Marne, il y fit la connaissance de Mariette Blin, institutrice, qu’il épousa en 1928 et dont il eut une fille, Thérèse, née en 1932. Les époux Minard furent mutés en 1934 dans l’Yonne, Mariette d’abord à Bernouil puis à Vézinnes, Abel au lycée de Tonnerre où il se forgea une solide réputation.
Mariette était membre du Parti communiste, mais Abel semble n’avoir été que sympathisant. Au domicile des Minard, les militants communistes de l’Yonne aimaient à se rencontrer : Claude Aillot, jeune militant tonnerrois, Robert et Germaine Bailly, qui animaient à Auxerre l’association des Amis de l’URSS, le maire communiste de Junay, Charles Michecoppin, etc.
Mariette Minard, qui avait fait la grève du 30 novembre 1938, fut révoquée en décembre 1940 par le préfet Bourgeois. Elle fut chassée de son logement de fonction de Vézinnes et les Minard s’installèrent au moulin d’Enfer à Tonnerre. Ils y hébergèrent le responsable régional du Parti communiste René Roulot et accueillirent à leur domicile des réunions clandestines. En octobre 1941, Abel Minard était entré dans le réseau Quand Même, immatriculé avec l’indicatif RQM 77 sous le pseudonyme de « Mathé ». Ce réseau, qui cessa son activité en décembre 1941, avait pour mission de transmettre à Londres des renseignements concernant les lieux de stationnement des unités allemandes et leur identification, de faciliter les évasions des prisonniers de guerre des Frontstalags encore implantés dans l’Yonne et de récupérer des armes. Abel Minard semble n’avoir jamais fait part à l’organisation communiste de son adhésion à ce réseau gaulliste.
En décembre 1941, Jean-Pierre Ringenbach, qui venait de remplacer René Roulot à la direction locale du Parti communiste, nomma Abel Minard responsable de secteur avec une mission d’hébergement et de renseignement.
Arrêté le 29 janvier 1942 par la Gestapo à Troyes, Ringenbach céda sous la torture le 24 février et dénonça la plupart des résistants communistes qu’il connaissait.
Le 5 mars 1942, la Gestapo et les services du commissaire spécial Grégoire vinrent arrêter à Tonnerre Abel Minard puis Claude Aillot. Ils furent transférés à Auxerre, puis à Troyes pour interrogatoire puis à nouveau à la prison d’Auxerre. Bien que la perquisition de son domicile n’ait donné aucun résultat, Abel Minard a été fusillé comme otage, le 25 avril 1942, au champ de tir d’Égriselles, en même temps que Pierre Picard, en représailles à un attentat commis contre un soldat allemand à La Courneuve le 2 avril 1942.
En 1943 le groupe des sédentaires Francs-tireurs et partisans (FTP) de la Fourchotte, aux activités résistantes duquel participait Mariette Minard, lui rendit hommage en prenant le nom de « Groupe Abel Minard ».
En 1979, le collège de Tonnerre prit le nom d’Abel Minard ; son nom et celui de Claude Aillot figurent sur une plaque apposée dans le bureau du proviseur du lycée de Tonnerre. Son nom est aussi gravé sur la stèle des fusillés d’Égriselles et sur le monument des déportés et internés fusillés de l’Yonne à Auxerre.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen. – AN, 3 A G 2/44, liquidation du réseau Quand Même. SHD, 16 P 420286, dossier individuel d’Abel Minard. – Arch. Dép. Yonne, 149W, 1178W, 149W22844, Z6 NL/19510, dossier d’instruction du procès Ringenbach. – Frédéric Gand, fiches biographiques d’Abel Minard et de Mariette Minard. – CDrom La Résistance dans l’Yonne, ARORY-AERI, 2004. – Robert Bailly, Les feuilles tombèrent en avril, Paris, Éd. Sociales, 1977, 2e éd., 1984. – Robert Bailly, Si la Résistance m’était contée..., ANACR Yonne, 1990. – Roger Pruneau, Contribution à l’histoire du département et de la Résistance dans l’Yonne pendant la guerre 1939-1945, 2002.

Joël Drogland

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