Né le 13 juillet 1925 à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais), pendu le 3 mars 1944 au fort de Breendonk (Belgique) ; mécanicien à Berk plage ; résistant communiste et membre des FTPF.

Albert Nabor avait sept ans quand sa mère décéda. Il vécut chez son frère Isidore qui habitait le hameau de Lamonière à Berck-ville, après avoir passé quelques années à l’orphelinat de Dohen (Pas-de- Calais).
Envoyé en Allemagne au début 1942, à Bleckamer, Berlin et Cologne, il rentra en France en février 1943 et travailla ensuite pour les entreprises Burghman (port de Rouen) et au champ d’aviation d’Abbeville. Mal nourri, il se réfugia chez son oncle Alfred Nabor, artisan peintre demeurant au Touquet-Paris-plage, rue des Etapois. Un mois plus tard, il rejoignit un groupe de jeunes communistes calaisiens et intégra le détachement de FTP 2402 « Félix Cadras ». Il logea deux mois dans un hôtel à Calais.
Le 26 octobre 1943, Nabor, Jean Griset et Charles Sauvage attaquèrent la mairie d’Isques pour s’emparer de tickets de rationnement. Charles Sauvage apporta les tickets à Lille, à Emile Allain qui les remit à un responsable militaire de la région de Béthune.
Après l’exécution de Groos, rédacteur en chef du Télégramme de Boulogne-sur-Mer, à la mi-octobre une partie de l’équipe commandée par Emile Allain s’était en effet réfugiée à Lille. Nabor rejoignit Allain un peu plus tard et logea alors au café Linier, 1 Place Sébastopol.
Le 3 novembre1943, Nabor, Émile Allain, Roger Dubois, suite à une information donnée par le Capitaine Pichonnier, attaquèrent un convoyeur postal à Campagne-les-Hesdin, et s’emparèrent d’une somme de 485 000 Francs Le 4 décembre 1943 Nabor, Gaston Lelong , Clément Debremme exécutent un sous-officier allemand le long du canal entre Gondecourt et Houplines .
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Le 17 décembre 1943, les inspecteurs D’Anvers Henri et Vandamme Henri contrôlèrent le livre du garni du café Linier. Ils constatèrent qu’y figurait sur une page un nommé Bruman Robert né le 13 juillet 1926 à Paris-plage et à la page suivante un nommé Leroy Robert avec le même état civil. Le suspect ayant quitté sa chambre, les inspecteurs apprirent par la tenancière et la serveuse que le susnommé Robert fréquentait le café de la « Petite chaumière » rue Léon Gambetta à Lille. Le 18 décembre1943, vers 15h30, c’est dans ce café que le prénommé Robert fut arrêté par les deux inspecteurs en présence d’un feldwebel de la kommandantur de Lille qui était dans l’établissement en tant que client mais qui refusa de prendre part à cette interpellation. « Cela est l’affaire des Français, cela ne me regarde pas » dit-il. Fouillé au corps, Nabor fut trouvé en possession d’un pistolet automatique 7/65 1914 modèle automatic Pistol Retolaza Ebar N°14.557 garni d’un chargeur contenant 9 cartouches. Il fut établi que cette arme appartenait à un officier allemand abattu par Gaston Lelong (pièce 169). Il avait une carte d’identité manifestement fausse, datée du 10 avril 1943, au nom de Leroy Robert, né à Paris –plage le 13 juillet 1926. Il portait au poignet une plaque métallique, sur la face extérieure l’on trouvait « Robert 2447 » et sur la face interne : né le 13/7/1923. Interpellé sur son état civil il dit qu’il se nommait en réalité Nabor Albert, Robert né le 13 juillet 1925 à Berck-sur-Mer, machiniste sur locomotive. Il signala qu’il était réfractaire depuis un mois et que des camarades connus de lui sous leurs prénoms de Gaston, Roger et Jean lui ont donné le révolver, de l’argent (2000francs par mois) des titres d’alimentation et une fausse carte d’identité. ( 9W1075 pièce 187/7).
Au moment de son arrestation, deux autres hommes qui venaient d’entrer dans le débit de boissons avaient réussi à s’échapper, il s’agissait de Gaston Lelong et d’un nommé Jean.
Après son arrestation, Nabor avoua ses activités dans la Résistance à la police française et selon le témoignage du commissaire Coudoux (9w1075 pièce 183) « je lui ai fait remarquer qu’il devait taire toutes ces choses et j’ai arrangé sa déclaration pour passer sous silence tous ces attentats, dont le moindre était suffisant pour le faire fusiller s’il était connu des Allemands ». Avec la complicité de la police française il ne fut inculpé que d’un délit de droit commun et incarcéré à la prison de Loos, section française.
Mais, malheureusement pour lui, le groupe avait été identifié par Robert Picquot agent de l’Abwehr. Nabor fut réclamé par les Allemands vers le milieu du mois de janvier 1944.
Condamné à mort le 14 février 1944 par un tribunal allemand pour l’assassinat d’un sous- officier allemand, banditisme, vol à main armée et activité communiste, il fut pendu avec cinq de ses camarades le 3 mars 1944 en Belgique, au fort de Breedonck et inhumé au cimetière de Schaarbeek.
René Vandenkoornhuyse
Sources

SOURCES : DAVCC CAEN. — Archives départementales du Pas de Calais à Dainville (31w12). — Arch. Dép. Nord, Lille, 9w726. — Robert Chaussois, Calais au pied du mur Mars 1943 à Janvier 1944, Calais au bout du tunnel Février Août 1944, SA imprimerie centrale de l’ouest, la Roche sur Yon. — Jean-Marie Fossier, Zone Interdite Nord Pas-de-Calais, imprimé à Lens (62) dans les ateliers d’I.P.C pour le compte de la F.N.D.I.R.P. Archives départementales du Nord à Lille (9W1075). — Procès de la « petite chaumière ». – État civil.— Photo communiquée par René Lesage, 2020.

René Vandenkoornhyse

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