Né le 16 mars 1913 à Montilly-sur-Noireau (Orne), exécuté sommairement le 1er août 1944 au camp de Souge (Gironde) ; diplômé de Centrale, ingénieur, astronome ; résistant, membre fondateur de l’Armée secrète (AS), chef régional de l’AS en région Rhône-Alpes, membre de l’état-major des Corps-Francs du Mouvement de Libération nationale (MLN), combattant FFI.

Fils du pasteur Raymond Ducasse, de la paroisse de Dieuze (Moselle), et d’Émilie Letouzey, Robert Ducasse était le fils aîné d’une famille de six enfants. Ses parents hébergaient à leur domicile les persécutés politiques et raciaux venus trouver refuge dans la région, ce qui semble avoir joué un rôle important dans l’activité ultérieure de leur fils aîné. Le père avait été nommé pasteur de la paroisse de Dieuze en 1919, où naquirent les cinq autres enfants. Plus tard, sous l’Occupation, son père joua un rôle important dans le sauvetage de juifs, ce qui lui valut, en juin 1993, à titre posthume, la distinction de Juste. Son nom figure par ailleurs sur le mur des Justes des Nations, au mémorial Yad Vashem de Jérusalem (Israël).
Robert Ducasse passa son baccalauréat à Nîmes (Gard), où il se confronta à l’histoire cévenole et protestante qui semble avoir joué un rôle prépondérant dans ses convictions personnelles. Il monta ensuite à Paris où, reçu à l’École centrale (1936) puis à l’Institut d’optique (1937), il devint ingénieur en 1938. Ayant rencontré à cette époque, semble-t-il, Lucie Aubrac, il se lia d’amitié avec elle ainsi qu’avec son époux Raymond. Il pratiquait alors plusieurs sports avec assiduité.
Appelé à combattre au début de la Seconde Guerre mondiale, il servit comme officier de Marine à Toulon puis prit part à a défense côtière de l’île du Levant (Var). Après la capitulation, en juin 1940, il fut mis en congé et prit contact avec un certain nombre d’officiers qui, comme lui, refusaient la capitulation. À la demande de ces premiers réseaux, il entra au ministère de l’Information de Vichy, pour la France pétainiste, où il fut deux années durant un espion précieux pour la Résistance. En 1941, il était ainsi devenu membre du mouvement Libération-Sud.
L’année suivante, il devint l’adjoint de Raymond Aubrac à la création de l’Armée secrète (AS) et prit le pseudonyme de Vergaville. Il prit alors part à de nombreuses actions, notamment en matière de collecte d’armes. En 1943, son rôle consista à cacher les réfractaires au Service du travail obligatoire (STO) et, au printemps, il devint chef régional de l’AS pour la région Rhône-Alpes. Il œuvra alors à l’unification des mouvements de la Résistance intérieure. Le 19 octobre, dénoncé, il fut arrêté et conduit à la prison Montluc de Lyon (Rhône), où se trouvaient alors Raymond Aubrac et Jean Moulin. Néanmoins, envoyé à la prison de la Santé (Paris, XIVe arr.) puis à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), il parvint à s’évader à la gare de l’Est (Paris, Xe arr.) lors de son transfert en Allemagne, et trouva refuge chez sa sœur.
En février 1944, Robert Ducasse fut nommé à l’état-major des Corps-francs de Libération du Mouvement de Libération nationale (MLN) et, le mois suivant, il fut en contact avec Kriegel-Varimont. En avril, il fut envoyé à Bordeaux (Gironde) afin de reconstituer les Forces françaises de l’Intérieur (FFI) locales, après qu’une dénonciation ait conduit à de nombreuses arrestations en Gironde. Sous le pseudonyme d’Honoré, il prit alors contact avec le groupe de Résistance Marc de Lucien Nouhaux, afin de réorganiser la Résistance locale. Après le débarquement du 6 juin, l’état-major FFI assura être en mesure de retarder la remontée des troupes allemandes, et ainsi d’empêcher tout repoussement des forces alliées. Le 21 juin, cependant, il fut arrêté au lieu-dit Le Forêt, à Targon (Gironde) par la gendarmerie de Créon (Gironde) sur dénonciation d’un habitant, en compagnie de René Pezat et de trois autres personnes. Ayant avoué son rôle au sein de la Résistance, Robert Ducasse fut remis à la SAP, torturé, puis livré aux autorités allemandes. Incarcéré au fort du Hâ, torturé à nouveau, il fut passé par les armes le 1er août 1944 au camp de Souge.
Le corps de Robert Ducasse n’a jamais été retrouvé. Une tombe honorifique a été dressée au cimetière des maquisards de Cerdon (Ain) le 21 octobre 1984, en présence de sa famille et de Lucie Aubrac. En avril 1945, Kriegel-Varimont lui a rendu hommage, déclarant : « la belle figure de protestant, les cheveux en brosse, une carrure d’athlète, Vergaville, qui faisait ses promenades nocturnes dans les caves des prisons lyonnaises, quand ses amis s’y trouvaient. L’organisateur le plus remarquable de l’action de sabotage contre l’ennemi. » Le nom de Robert Ducasse figure sur les monuments aux morts de Saint-Sébastien-d’Aigrefeuille (Gard) et de Dieuze, ainsi que sur le mémorial des fusillés de Souge, à Martignas-sur-Jalle (Gironde). Il existe une rue Robert-Ducasse à Montilly-sur-Noireau.
Sources

SOURCES : Comité du souvenir des fusillés de Souge, Les 256 de Souge, op. cit. — Site Dieuze historique. — Mémorial GenWeb.

Julien Lucchini

Version imprimable