Né le 20 mai 1923 à Héricourt (Haute-Saône), fusillé après condamnation le 16 février 1944 à Frotey-lès Vesoul (Haute-Saône) ; quartier-maître dans la marine (radiotélégraphiste) ; résistant, membre des FTPF.

Bernard Maître, habitait chez sa grand-mère à Héricourt, ses parents résidant en Algérie. Quartier-maître dans la marine, il servit comme radiotélégraphiste à bord des sous-marins Casabianca et Aurore, jusqu’au sabordage de la flotte à Toulon le 27 novembre 1942. Revenu dans le Territoire-de-Belfort, il travailla comme dépanneur de TSFradio à Cravanche.
Réfractaire au STO (Service du Travail Obligatoire en Allemagne), il entra dans la Résistance au mouvement “Lorraine” puis aux FTPC (Francs Tireurs et Partisans Comtois) en Haute-Saône, dans la Compagnie Valmy en juillet 1943.
Il participa à de nombreux sabotages, en particulier ferroviaires à Aillevillers et Fontaine-les-Luxeuil le 11 novembre 1943. Il prit part à des actions punitives contre des collaborateurs, il était recherché pour « tentative de meurtre commise le 7 décembre 1943 sur la personne de Monsieur Thiebaud Henri, casernier au fort de Salbert (Territoire de Belfort) ».
Selon les sources, il aurait été arrêté le 11 décembre 1943 à Fouconnière (nom à vérifier) (rapport du commissariat de Belfort) ou le 20 décembre 1943 à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) par la Feldgendarmerie de Lure (Haute-Saône) pour « actes de franc-tireur et menées anti-allemandes » au cours de la rafle générale du groupement lors d’une réunion dans un café à Luxeuil-les-Bains. Il fut interné successivement à la prison de Lure puis dans celle de Vesoul.
Condamné à mort le 7 ou le 11 février 1944 (selon les sources) par le tribunal militaire allemand de Vesoul (FK 661), Bernard Maitre a été fusillé le 16 février 1944 à 8h04 à Frotey-lès-Vesoul, en même temps que sept autres résistants.
Eugène Barthélémy, Gilbert Duhaut, Henri Duhaut , François Henry, Henri Henry, Roger Letisserand , Marcel Fournier.
Leurs noms sont inscrits sur la stèle commémorative de la combe de Freteuille à Frotey-lès-Vesoul, où trente-neuf hommes ont été fusillés de février à avril 1944.
Une lettre du préfet de Haute-Saône adressée au préfet du Territore de Belfort, datée du 24 février 1944, accompagnant la traduction de l’avis constatant le décès, indique que la soeur du défunt ne désire pas que les autres membres de la famille soient prévenus.
Sa dernière lettre :
Le 16-2-44
 
Ma chère Maman chérie, mon petit Papa chéri,
Mon cher petit Frère et toute ma chère Famille.
 
C’est un mercredi, par un beau matin de février que mon pauvre corps tombera sous les balles de nos ennemis. Soyez forts tous chers regrettés et soyez fiers de ma mort honorable.
 
Je suis né Français et mourrai en Français. A cette dernière heure, mon esprit est calme ainsi que mon corps, mes idées bien définies ainsi que mes actes.
 
En cette heure tragique, mes bourreaux nazis ont eu l’audace de m’offrir une cigarette, je l’ai refusée. M’entendez-vous ?
 
Pendant mon écrouement par eux et par suite de l’infâme traître (passage censuré), je n’ai absolument rien sollicité de leur faveur, c’est en digne et noble Français que je veux mourir. Courage, parents chéris et patriotes, je meurs, mais dans l’espoir de nous venger. Punissez les actes odieux qu’ils ont commis sur notre terre chérie.
 
Adieu, France chérie et immortelle. Adieu, petite Maman chérie, Papa et petit Frère. Je redis avant de mourir les nobles et belles paroles qu’un Patriote comme moi a dites avant de mourir : « Je meurs pour que la France vive* ».
 
A un beau jour là-haut près du Bon Dieu.
 
Bernard Maître
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — MémorialGenWeb. — Notes de Colette Gaidry, présidente de l’ANACR Haute-Saône en 2018. — Musée de tradition des fusiliers marins commandos à Lorient.

Delphine Leneveu, Annie Pennetier

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