Né le 8 novembre 1886 à Vanne (Haute-Saône), fusillé le 14 mai 1941 à Frotey-lès-Vesoul (Haute-Saône) suite à une condamnation à mort ; cultivateur ; résistant.

Jules et Marthe Mongin
Jules et Marthe Mongin
Archives privées
Archives privées
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Avis d'exécution
Avis d’exécution
Archives privées
La dernière lettre de Jules Mongin à son épouse, le 14 mai 1941
La dernière lettre de Jules Mongin à son épouse, le 14 mai 1941
Archives privées
Edmond, Jules (prénom d’usage) Mongin était le fils de Louis Jean-Baptiste né le 7 (?) octobre 1849 et de Marie-Céline Bégard née en 1854, natifs l’un et l’autre de Vanne. Il était le second d’une fratrie de quatre (Jeanne, née en 1883, Henriette née en 1894, Hippolyte né en 1896). Jules avait été artilleur durant la Grande Guerre, notamment à Verdun.
Il épousa Marthe, née Choulet et il était père de dix enfants. Agriculteur, il résidait à Vanne.
Le 16 juin 1940, il partit en voiture avec un autre agriculteur de Vanne, Arthur Létang, chercher de la farine au moulin Ramondot de Soing, distant de quatre kilomètres, en bordure de Saône. Un soldat allemand en moto s’y était égaré. Les deux hommes s’approchèrent. L’Allemand se montra très vite menaçant, frappant Arthur Létang au visage et agrippant Jules Mongin par sa chemise, puis il les mit en joue avec son fusil. Mongin parvint à lui arracher son arme et à lui asséner plusieurs coups de crosse mortels.
Avec l’éclusier et des villageois, le corps, le fusil et la moto furent jetés dans le canal.
La semaine suivante, le corps remonta à la surface et le maire de Soing, Octave Vairon – beau-frère de Jules Mongin -, en fut averti. Arthur Létang, Jules Mongin et Octave Vairon l’enterrèrent dans un champ propriété des Mongin et la moto repéchée fut jetée dans un trou de la Saône.
Au début du mois de mars 1941, le fromager de Soing, étranger d’origine suisse-allemande, prévint Henry Choulet, un autre beau-frère de Jules Mongin, que les Allemands étaient informés du sort du soldat Ahrons, et que les deux hommes devaient se réfugier en zone « libre ». Ces derniers refusèrent d’abandonner leurs familles exposées à d’éventuelles représailles.
Le dimanche 23 mars, les Feldgendarmes vinrent arrêter Jules Mongin, puis Arthur Létang deux jours plus tard. Octave Vairon, des fils de Jules Mongin et des témoins furent également (et temporairement) emprisonnés. Tous furent incarcérés à Gray puis à Vesoul. Au cours de l’enquête menée avec les gendarmes français, Jules Mongin dut indiquer les lieux de la sépulture et de l’immersion de la moto.
Le samedi 26 avril, les deux hommes furent jugés par le tribunal militaire allemand de Vesoul (FK 551). Ils disposaient d’un avocat désigné par les Allemands, Maître Wandal, d’Épinal (Vosges). Ils furent condamnés à mort.
Le 14 mai 1941 à 6h10, Arthur, Paul Létang et Jules Mongin, qui refusèrent de se laisser bander les yeux et lier les mains, furent passés par les armes par les soldats allemands au lieu-dit "Combe Freteuille" à Frotey-Lès-Vesoul. Ils furent les premiers fusillés de La Combe Freteuille où leurs noms sont inscrits sur la stèle commémorative avec 39 autres. Ils furent homologués internés résistants.
L’acte de Jules Mongin et de son ami a été reconnu comme le tout premier acte de résistance civile de la guerre.

Dernière lettre rédigée par Jules Mongin le 14 mai 1941 quelques instants avant son exécution, adressée à son épouse Marthe et à ses dix enfants. [Orthographe et ponctuation respectées].
Vesoul le 14 mai 1941, 4h ½
Ma pauvre femme chérie mes pauvres enfants
Voilà le terrible évènement qui est arrivé. Les soldats allemands viennent nous chercher à l’instant pour la terrible sentance ce jour mercredi 4h1/2 nous allons être exécuté à un lieu que nous ne connaissons pas les 2 Arthur.
Ma femme adorée soit forte et courageuse tu ne dois pas avoir une minute de défaillance il faut que tu élèves nos 10 chers petits je n’ai jamais beaucoup espéré car je savais bien que l’armée allemande était sévère
Mais je vais mourir avec la conscience tranquille car nous sommes Arthur et moi deux innocents je vais encore à nouveau prier Dieu pour vous vous tous et ma femme Chérie que j’aime de tout mon cœur je t’embrasse mille fois Embrasse aussi pour moi nos Chers 10 enfants que j’aime aussi de tout mon cœur.
Je ne sais ou que nous serons enterrés Mr l’interprète ne peut nous le dire. Mais je te demanderais mon amour chéri de demander que l’on m’enterre auprès de ma famille à Vanne afin que tu puisses avec nos enfants venir de temps en temps dire une petite prière et moi du fond de ma tombe je veillerai sur vous. Mes enfants la volonté de votre père qui va mourir veut que vous vous aimiez toujours toujours. Votre chère Maman il faut que vous la combliez de caresses pour qu’elle supporte cette épreuve.
Nous venons encore une fois d’être communiés par un prêtre allemand. Je suis en état de me présenter à Dieu.
Adieu donc ma femme que j’aime par dessus toute chose.
Adieu mes chers enfants que j’aime.
Soyez tous bons l’un pour l’autre aimez vous les uns les autres.
Je vous embrasse tous de tout mon cœur.
Ton homme qui t’aime.
Votre papa qui vous aime.
Jules Mongin
Sources

SOURCES : Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 426050 (à consulter). — DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Arch. Dép. Haute-Saône, 27W 51 et 44W 2 — Mémorial GenWeb. — Site consacré à Jules Mongin. — Archives privées.

Delphine Leneveu, Dominique Tantin

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