Né le 24 avril 1913 à Laxou (Meurthe-et-Moselle), fusillé comme otage le 7 mars 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; manœuvre ; militant et résistant communiste.

Célibataire, domicilié à Nancy (Meurthe-et-Moselle), Jean Gille était un militant communiste chevronné, ex-secrétaire de cellule, ex-secrétaire de l’association pour l’Espagne républicaine, et actif dans le travail de propagande de l’organisation clandestine du Parti communiste français (PCF) sous l’Occupation.
Il fut arrêté à Nancy par des policiers français le 30 septembre 1941 et condamné pour « distribution de tracts communistes » à quatre ans de travaux forcés – un jugement étonnamment indulgent – par le tribunal militaire de la Feldkommandantur 591 de Nancy à une date non renseignée.
Jean Gille fut exécuté comme otage au Mont-Valérien le 7 mars 1942 à 11 h 16 en représailles à l’attentat de Dijon du 28 décembre 1941 au cours duquel Lucien Dupont et un militant italien, Armand Tosin, surnommé Riqui (ou Riquy), membres de l’Organisation spéciale (OS), abattirent un officier allemand rue Victor-Hugo et à celui du 10 janvier 1942, où ils lancèrent un engin explosif dans le local de la Soldatenheim, place du théâtre de Dijon.
La mention « Mort pour la France » ne lui fut attribuée que le 19 janvier 2012 par l’ONAC de Caen.
Son nom est inscrit sur le mémorial du Mont-Valérien.
L’abbé Franz Stock l’évoque dans son Journal de guerre :
« Samedi 7.3.42
Matin, 8 heures, départ pour la Santé, 3 otages seulement [on lui en avait annoncé 6], le capitaine lit l’ordre du commandant. Avait pris ma valise chapelle, voulait dire la messe là-bas, dans l’espoir d’un convaincre au moins 1 d’entendre la sainte messe, efforts vains. Le 1er, un Juif : Frydmann, venait du camp de Drancy, se considerait parfaitement innocent : « Je suis fusillé pour la seule raison que je suis Juif ». Le 2e, un communiste [Gunsbourg Maurice], qui n’eut de casse de rappeller son athéisme jusqu’au bout, croyait en l’idéal communiste : "Le jour de la vengeance viendra, comme le sang des premiers chrétiens... Dieu ne peut pas exister ". Le troisième [Gille Jean] avait été arrêté pour propagande communiste à Nancy, voulut d’abord entendre la messe masi un communiste l’en dissuada pendant que je préparais tout. Je dis donc la messe dans une cellule, servie par un sacristain, j’ai prié Dieu, l’ai supplié d’attendrir leurs cœurs.Retour ligne automatique
Nous partîmes. Au fort du Mont Valérien, j’eus encore l’opportunité de passer 1/4 d’heure seul avec eux, rien à faire. Le 1er, communiste : "Si vous voulez dire à ma soeur ou à ma femme, détenue à La Roquette, que je suis mort avec courage." Ce fut son dernier voeu. Le 2e communiste semblait vouloir lentement se dégeler, tentai de la motiver sur le chemin vers le peloton ; non pas qu’il priât, mais il avait eu tort de ne pas assister à la messe. Devant le poteau, je fis moi même acte de contrition, ce fut tout. Les noms des deux : Gunsbourg, Maurice, et Gille, Jean.Retour ligne automatique
L’enterrement a lieu lundi seulement. »
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. — Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p.70-71.

Dominique Tantin

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