Né le 12 juillet 1920 à Sokolow en Mazovie (Pologne), fusillé comme otage le 16 septembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tailleur ; résistant communiste.

Fils de Majer et de Chaja, née Dorfumann, Henri, Aron Bekerman demeurait 21 rue de Tourtille à Paris (XXe arr.). Il fut naturalisé par décret du 21 décembre 1932. Membre de la sous-section juive du Parti communiste, il figurait sur une photographie à la Fête de l’Humanité, en 1938 à Garches (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Il épousa Jachet Brukarz le 5 novembre 1940 à la mairie du XIXe arrondissement. Le couple eut une fille, Reine, née le 23 avril 1941 à Paris (XIIe arr.).
Le 8 juillet 1941, Henri Bekerman fut arrêté selon la police par deux marins allemands à la station de métro Strasbourg-Saint-Denis alors qu’il collait dans les couloirs des tracts qualifiés de « gaullistes », plus probablement édités par le Parti communiste français (PCF). Emprisonné à Villeneuve-Saint-Georges (Seine, Val-de-Marne), il comparut le 24 juillet 1941 devant le tribunal du commandement militaire pour la France (MBF) rue Boissy-d’Anglas à Paris (VIIIe arr.). Il fut condamné à sept mois de prison et fut transféré le 31 juillet à la prison du Cherche-Midi à Paris (VIe arr.) jusqu’au 21 août où il fut à nouveau incarcéré à Villeneuve-Saint-Georges.
Les militaires allemands firent l’objet de plusieurs actions de la Résistance à Paris début septembre 1941. Le 6 vers 4 h 30 du matin des sentinelles allemandes de faction devant la propriété d’un collaborateur dans le XVIe arrondissement essuyèrent des coups de feu. Le même jour, vers 23 h 30 l’adjudant Hoffmann fut pris pour cible, rue Fontaine (XVIe arr.). À la même heure, boulevard Bonne-Nouvelle (Xe arr.), Ehwin Gerstner reçut plusieurs coups de poing au visage. Au moment où il prenait son billet à la station Porte Dauphine (XVIe arr.), le matelot Denecke fut blessé d’une balle à la cuisse le 10 vers 19 h 15. Enfin, le 11 sur les Champs-Élysées (VIIIe arr.) le trésorier général Knop reçut un coup de matraque sur la tête.
Les autorités d’occupation décidèrent de fusiller en représailles dix otages le 16 septembre 1941 au Mont-Valérien. Henri Bekerman, vingt et un ans fut passé par les armes à 8 h 30 en compagnie de : Lucien Matheron, vingt et un ans, René Joly quarante et un ans, Lucien Clément vingt-neuf ans, Albert Gokelaere vingt-six ans, Jules Bonnin vingt-quatre ans, David Liberman dix-neuf ans, Isaïe Bernheim soixante-douze ans, Chil Opal cinquante ans et Léon Blum soixante-deux ans.
Le lendemain Le Matin publia un « Avis » avec les noms, accompagnés d’un texte du journal collaborationniste qui relevait que parmi les dix hommes qualifiés de « communistes » il y avait « cinq Juifs ». Un appel à la délation était lancé : « Tout Français, digne de ce nom, doit donc aider la justice à faire la lumière dans ces affaires et dénoncer les criminels. Les Français se le doivent à eux-mêmes, ils le doivent à leur famille. »
Les jeunes communistes de Belleville décidèrent de rendre hommage à Henri Bekerman. Annette Wieviorka écrit : "Tôt le matin, Paulette Shlivka et Victor Zigelman déposent des fleurs devant une maison rue Rébeval, collent une affiche. Pourquoi rue Rébeval ? Petit mystère. La maison de Henri Beckerman se trouve rue de Tourville."
Henri Bekerman fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 16 septembre 1941 division 39, ligne 4, n°19 ; il fut transféré à Paris le 18 janvier 1950.
Henri Bekerman fut reconnu à titre posthume comme FTP par le ministère des Anciens Combattants avec la mention « Mort pour la France » qui lui fut attribuée le 20 septembre 1972. Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien et sur une stèle commémorative à Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine) ; enfin une plaque est apposée sur l’immeuble du 21 rue de Tourtille à Paris (XXe arr.) où il a habité avec ses parents : « Ici vécut Henri Bekerman, Héros de la Résistance, fusillé sous l’Occupation à l’âge de vingt et un ans pour son action au service de la France. »
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 77W 2926. — DAVCC, Caen, Otage B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). — Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. — David Diamant, Les Juifs dans la Résistance française, 1940-1944, Éd. Le Pavillon, 1971. — Le Matin, 17 septembre 1941. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Site Internet CDJC cote, MXII-9050. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason

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