Né le 28 mai 1887 à Pont-Authou (Eure), fusillé le 24 juin 1944 au stand de tir du ministère de l’Air, à Paris (XVe arr.) ; contrôleur principal des PTT, directeur du bureau annexe de Paris XIV, square Delormel ; homme de lettres ; résistant, membre du réseau « Action PTT ».

Édouard Chennevière
Édouard Chennevière
Crédit : Dominique Mabin
Fils d’Edouard Spartacus et de Marguerite, née Vieuxbled, Edouard Chennevière épousa Marie Le Dilavrec, receveuse des PTT. Le couple eut deux enfants et demeurait 26, rue de Paris à Bièvres (Seine et Oise, Essonne). Agent P2 du réseau « Action PTT » depuis août 1942, il était chargé de la transmission de documents secrets ainsi que de la censure des plis officiels. En contact avec un membre du réseau, il subtilisait des courriers de la Gestapo émanant de l’aéroport d’Orly ; par l’intermédiaire de cheminots de Juvisy, il renseignait sur les convois allemands, notamment de munitions. Il participait à la fabrication de fausses cartes d’identité pour des résistants recherchés par la police. Il fut responsable du Service de Propagande et de Recrutement pour les maquis auprès de jeunes postiers du XIVe arrondissement. Il servit d’intermédiaire pour faire cacher des Juifs et des travailleurs désignés pour partir en Allemagne (STO). Un couple de Français l’ayant dénoncé à la Gestapo pour cette dernière activité, celle-ci lui tendit un piège. Il fut arrêté le 5 octobre 1943 à son bureau des PTT de Paris XIVe par la police de sécurité et du renseignement de la SS (Sipo-SD). Incarcéré à Fresnes, cellule 473, il fut jugé le 15 juin 1944 par le tribunal militaire allemand de la Kommandantur du Gross-Paris qui siégeait à l’hôtel Continental rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), et condamné à mort pour « intelligence avec l’ennemi ». Il fut passé par les armes le 24 juin 1944, à 15h 24, au stand de tir du ministère de l’Air, place Balard.
Citation à l’ordre de la Division (général Koenig) à titre posthume. Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre avec étoile d’argent (27 mars 1946). Médaille de la Résistance française à titre posthume (décret du 11 mars 1947). Médaille militaire à titre posthume ; cette concession comporte l’attribution de la Croix de guerre avec palme (décret du 29 novembre 1958).
Edouard Chennevière a été homologué au grade de Sous-lieutenant FFC à titre posthume, pour prendre rang du 1er juin 1944 (arrêté du 30 juin 1947).
Le ministère des Anciens Combattants lui attribua la mention « Mort pour la France ». Le nom d’Edouard Chennevière figure sur une plaque commémorative inaugurée le 24 juin 1945 dans les locaux du Bureau des PTT-Paris XIV, 15 bis avenue d’Orléans (rebaptisée avenue du Général Leclerc, le 10 février 1948). Cette plaque a été transférée en 1978 au Centre de Distribution de la Poste, Paris XIV, 115 bd Brune. Son nom figure aussi sur une plaque commémorative au Panthéon, dédiée « Aux écrivains morts pour la France ». Il est inscrit sur le monument aux morts de Bièvres. Le conseil municipal donna son nom à la grand-place de la ville.
D’abord inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine, puis à Bièvres, il fut réinhumé au cimetière de Broons (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), le 30 mars 1948.
Son épouse, née Marie–Louise Le Dilavrec, fut nommée chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur (décret du 5 août 1946). Ils eurent deux enfants : Suzanne Mabin, née Chennevière, pharmacien ; Jacques Chennevière, lieutenant de la 1ère DFL, 13e demi-Brigade de la Légion Étrangère, mort pour la France à Sousse (Tunisie), le 21 janvier 1946, à l’âge de 26 ans. Cité à l’ordre de la Brigade (15 juin 1945), décoré de la Croix de guerre 1939, de la médaille des Evadés, de la médaille des Blessés, il est officier de l’ordre du Nichan Iftikhar ; il est inhumé à Broons (Cotes d’Armor).
Un de ses petit-fils, Yves Mabin Chennevière (1942-2020) fut un diplomate et un écrivain en vue (Le Monde, 24 juin 2020).
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, Boîte 5/B VIII 5/FN, Liste S 1744-449/44 (Notes Thomas Pouty). – Bureau Résistance GR 16 P 126226. – Lèon Tsévéry, Florence Sekhraoui, Les 161 fusillés du polygone de Balard, FFDJF, 2011. – Mémorial GenWeb.— Notes de son petit-fils Dominique Mabin, juin 2017.

Daniel Grason

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