Né le 17 mars 1910 à Pouilly-sous-Charlieu (Loire), fusillé le 24 juin 1944 au fort de la Duchère (Lyon, Rhône) ; cheminot ; militant du Parti communiste clandestin et de la CGT ; résistant au sein des Groupes francs de Lyon.

Armand Paupier était le fils d’Antoine et d’Antoinette Pinet. Il était marié et avait cinq enfants. Il fut agent SNCF à Saint-Priest (Rhône) et cheminot-manœuvre au dépôt SNCF de Lyon-La Mouche (7e arrondissement). Il milita au Parti communiste clandestin et à la CGT. Il demeurait 3 cité PLM à Saint-Priest.
Dès 1940, Armand Paupier, alias Le Gros, participa à des actes de Résistance avec d’autres cheminots. En novembre 1941, fut créé le groupe de Saint-Priest dont Paupier fut l’un des responsables. En 1942-1943, le groupe agit en lien avec le mouvement Libération-sud puis, en octobre 1943, il intégra les Groupes francs du 5e bureau de l’Armée secrète. En juillet 1943, Armand Paupier provoqua avec deux camarades l’incendie de quinze citernes d’essence à Saint-Priest. De juillet à décembre 1943, il prit part à plusieurs « expéditions de nettoyage contre des miliciens ». Le 21 octobre 1943, Armand Paupier participa à l’action qui se déroula boulevard des Hirondelles (aujourd’hui boulevard des Tchécoslovaques à Lyon) et qui permit la libération de quatorze résistants, parmi lesquels Raymond Aubrac. Le 11 novembre 1943, il protégea avec son groupe le défilé patriotique des maquisards de l’Ain à Oyonnax (Ain). En décembre 1943, Armand Paupier et quelques membres des GF récupérèrent du ravitaillement acheté au marché noir en Saône-et-Loire par des hommes du préfet Angeli. Le 31 décembre 1943, il prit part à la distribution des exemplaires du faux Nouvelliste, journal collaborationniste réécrit et imprimé par les résistants.
Fin janvier 1944, Armand Paupier reçut l’ordre de rechercher une maison isolée pouvant servir de lieu de repli. Le 29 janvier, accompagné de trois camarades, il prit contact avec le propriétaire d’un château à Pollionnay (Rhône). Les quatre résistants se firent passer pour des agents de l’administration des Ponts et Chaussées du Rhône souhaitant réquisitionner une partie du château. Ils proposèrent au propriétaire un rendez-vous à son domicile, 31 quai Saint-Vincent (Lyon, Ier arr.), le 31 janvier à 14h. Les trouvant suspects, le propriétaire du château vérifia leur version auprès de l’administration des Ponts et Chaussées. Découvrant la supercherie, il demanda protection à la police qui dépêcha deux agents pour attendre les faux fonctionnaires avec lui. Le résistant Claudius Mollon se présenta à l’appartement. Contrôlé et fouillé, il fut trouvé en possession d’une arme et appréhendé. Dix minutes plus tard, Armand Paupier sonna et pénétra dans l’appartement. D’après les rapports des deux policiers présents : le commissaire lui demanda de présenter sa carte d’identité et lui annonça « Police française ». Armand Paupier « surpris » sortit un pistolet de sa poche et fit feu sur le policier qui fut touché au bras droit. Le second policier tira à deux reprises et Armand Paupier fut touché à la poitrine, désarmé et arrêté. Dans la rue eut lieu un échange de coups de feu. Les deux autres résistants blessèrent un commissaire et réussirent à s’enfuir. Lors de son arrestation, Armand Paupier fut trouvé en possession de deux carnets contenant plusieurs noms, notamment ceux de deux chefs miliciens. Lors de son interrogatoire, il reconnut faire partie du « groupe de résistance Libération », dans la « section » de Lyon depuis le mois d’octobre 1943, après avoir été membre de la « section » de Saint-Priest, dissoute après plusieurs arrestations. Il déclara être inscrit au mouvement Libération sous le nom de Legros Grisol, matricule 81165. Il cacha ses fonctions militaires et se présenta comme un agent principalement chargé de la distribution de journaux clandestins et de tracts. Il reconnut avoir participé à une mission : « s’être rendu courant octobre aux environs de Givors, pour ramasser des armes parachutées, armes qui auraient été ramenées dans un camion à Lyon ». Il expliqua avoir quitter son domicile et son travail depuis le mois d’octobre 1943 pour échapper à la police allemande qui le recherchait et pour se consacrer entièrement au mouvement Libération. Depuis cette époque, il logeait chez diverses personnes, notamment au 69 route de Vienne (Lyon, VIIe arr.), et il touchait un salaire mensuel de 3000 francs en tant que résistant.
Armand Paupier et Claudius Mollon furent inculpés de tentative d’homicide volontaire, de complicité et de détention illégale d’armes. Il furent écroués à la prison Saint-Paul (Lyon). Armand Paupier fut admis à l’Hôpital de l’Antiquaille (Lyon). René Cussonac, l’intendant de police de Lyon, plaça Paupier et Mollon sous mandat de dépôt et demanda qu’ils soient déférés à la cour martiale du secrétariat général au Maintien de l’ordre. La cour condamna à mort Armand Paupier. Son état de santé ne permit pas qu’il soit exécuté immédiatement. Les médecins acquis à la Résistance retardèrent son exécution aussi longtemps que possible. Finalement, le 24 juin 1944, il fut conduit dans une civière jusqu’aux fossés du fort de la Duchère (Lyon, Ixe arr.) où des GMR le fusillèrent. D’après certains témoignages, avant son exécution, bien que grièvement blessé, il aurait fait les derniers pas jusqu’au poteau d’exécution, il aurait regardé et gardé dans sa main la photographie de sa famille et aurait, selon ses vœux, commandé le tir du peloton de GMR.
Il fut vraisemblablement inhumé au cimetière de la Guillotière (Lyon). En 1957, ses cendres furent transférées à Saint-Priest.
Lyon, fort de la Duchère (19 février - 4 août 1944)
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 90J78,1035W57.— Virginie Sansico, La justice du pire, les cours martiales sous Vichy, 2002. – René Chevailler, Gaëlle Marignan, Bruno Permezel, René Perrin, Les Groupes francs-Libération-Sud, Ve bureau de l’Armée secrète, une résistance lyonnaise en armes, 2004. – Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et alentours : 2824 engagements, 2003. – Mémorial GenWeb. — Crédit photographies : Nathalie Lamy, petite-fille d’Armand Paupier (juin 2020).

Jean-Sébastien Chorin

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