Né le 7 février 1923 à Castiglione delle Stiviere (Mantoue, Italie), fusillé le 27 août 1944 à Ville-le-Marclet (Somme) ; membre des FTPF.

Le père de Vincenzo Ferrari était un antifasciste notoire qui émigra en France pour se soustraire à la police du régime. Il mourut en 1932, laissant sa famille en proie à de grosses difficultés. C’est ce qu’affirme Pia Carena Leonetti. En fait dans le très riche dossier du SHD de Vincennes au nom de Vincenzo Ferrari le père, Guido, semble être bel et bien vivant, et à plusieurs reprises, dans les différents papiers concernant son fils, il intervient pour préciser que jusqu’au jour de son arrestation ’il n’était pas au courant que son fils faisait partie de la Résistance. La mère, Luigia Fedrigotti apparaît souvent, surtout dans la période la plus récente (la dernière pièce du dossier étant une décision, datée du 15 décembre 1964, émanant du Ministère des anciens combattants et victimes de guerre, avec laquelle on attribue à Vincent Ferrari le titre posthume d’interné résistant pour la journée du 27 août 1944, quand il fut fusillé par les Allemands après avoir été arrêté le même jour) comme la destinataire des documents de l’administration concernant Vincenzo Ferrari. Au fil de ces papiers on constate une incertitude quant à la date de la mort de ce résistant : parfois le 18 août, d’autres fois le 24 et enfin, dans les papiers les plus récents, mais aussi dans l’extrait de l’Acte de décès qui lui date du 1erjuillet 1946 et qui porte la mention « Mort pour la France », le 27 août 1944. Parmi les papiers de ce dossier figure aussi le texte manuscrit suivant dont il est précisé qu’il s’agit d’une copie et qui porte comme titre : Honneur et Patrie. Engagement : « Je soussigné déclare m’engager dans les Francs-Tireurs et Partisans pour mener la lutte obscure et ardente contre l’envahisseur de ma Patrie. Je jure d’exécuter les ordres de mes chefs sans hésitations, de donner mes forces et mon initiative à la cause sacrée, de porter avec honneur et probité jusqu’à la mort le nom de FRANC-TIREUR. Je sais que la trahison est punie avec la mort, que l’inconséquence et le bavardage entraînant la perte de camarades sont punis avec la mort. Que le pillage est puni avec la mort. J’accepte la dure discipline de Francs Tireurs Partisans parce que je la juge indispensable » Signé Ferrari Vincent ; nom de guerre : Jacques, n° 27092, 27.
Sous l’Occupation, le jeune Vincenzo, domicilié à Domart-en-Ponthieu (Somme), était employé de bureau chez Monsieur Poiré où il logeait. En juin 1943, il rejoignit les FTPF sous le pseudonyme de "Jacques" et participa à de nombreux sabotages de lignes téléphoniques. En 1944 son action s’intensifia : le 10 mai il participa à la destruction des écluses de Pont-Rémy, le 17 juin il faisait partie du groupe qui coupa les lignes téléphoniques à Berteaucourt-les-Dames et qui sabota le pont sur voie ferrée à Montrelet, le 20 juin il prit part à la destruction d’un train allemand transportant des tanks et le 20 juillet il sabota une automobile allemande à Fransu.
Suite à l’attaque de la prison d’Abbeville (Somme) le 22 juin 1944, la répression s’intensifia, de multiples et violents interrogatoires permirent à la police allemande SD d’Abbeville dirigée par W. Krauss, d’obtenir des noms de résistants.
Le 27 août, à Domart-en-Ponthieu, les soldats allemands appuyés par des unités locales de la Luftwaffe d’une base voisine de V1 entourèrent le village. Des hommes du village furent battus et interrogés violemment par les paras et le personnel de la SD, W. Krauss en tête ; les résistants de Berteaucourt-les-Dames, Marcel Bodelu et Pierre Wimart avaient été capturés en train d’effectuer un sabotage. A la fin de la journée,les hommes arrêtés furent embarqués pour la prison d’Abbeville, mais en traversant Ville-le-Marclet, le convoi s’arrêta, cinq, dont Vincenzo Ferrari, durent descendre et conduits dans le parc du château où ils furent exécutés et jetés dans un puits.
Une stèle rappelle le martyr de Marcel Pierre Bodelu, René Gérard Desmarest, Émile Guillerand, Achille Monflier, Pierre Wimart et Vincent Ferrari.
"Aux Résistants torturés et assassinés le 27 Août 1944 dans le château de Ville-le- Marclet et enterrés dans une fosse commune dans le parc du château".
Dans cette commune, une rue porte son nom.
Vincent Innocent Ferrari a été inhumé dans le cimetière de Maisons-Alfort, division 17 (Seine, Val-de-Marne). Il a été reconnu « Mort pour la France ».


Ville-le-Marclet, le Chateau (Somme), 27 août 1944
Sources

SOURCES : SHD Caen AC 21 P 183739 — SHD Vincennes GR 16 P 221730 . — Pia Leonetti Carena, Les Italiens du Maquis, Paris, Éd. Mondiales, 1968. — Site Aisne, Oise, Somme, Guerre-Occupation-Libération . — Site ville-le-marclet.fr — Mémorial GenWeb. — Daniel Pillon et Catherine Roussel in "La Résistance dans la Somme" DVD Rom. Fondation de la Résistance.

Antonio Bechelloni, complété par Philippe Pauchet

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