Né le 2 septembre 1912 à Venise (Italie), fusillé le 19 avril 1944 à Lyon (Rhône) ; naturalisé français ; navigateur ; Francs-tireurs et partisans (FTP).

Marié et père de deux enfants de 5 et 3 ans, Jacques Cassone résidait à Marseille (Bouches-du-Rhône). Steward à la Compagnie générale transatlantique, il était domicilié Traverse Régalie-Maison Marius Carvin, quartier Saint-Henri à Marseille. C’est aussi dans ce quartier ouvrier que résidait sa mère, Ida Cupito, veuve Cassone.
Il avait fait son service militaire en France et avait été mobilisé en 1939-1940. Communisant, adhérent du syndicat CGT des marins, il fit connaissance en 1942 d’un gérant de bar nommé Paul Longes, qui l’engagea dans l’action clandestine communiste. Henri Masi, premier responsable des FTP marseillais, le fit entrer dans les FTP. Détenteur d’un pistolet automatique, il fut arrêté par la police française (la Section des affaires politiques) le 17 mars 1943 après un attentat, manqué, contre le train de permissionnaires allemands n°1832 Toulon-Mulhouse (le 3 ou le 13 mars). Soumis à un interrogatoire violent, Cassone admit être au courant de l’attentat, mais nia y avoir participé, arguant qu’il avait manqué le rendez-vous. Il fut incarcéré d’abord à la prison Chave de Marseille, puis au Bas Fort Saint-Nicolas où il resta quatre mois au secret et où il fut vraisemblablement maltraité, et ensuite à la prison des Beaumettes. Il devait être traduit devant la section spéciale de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, mais, conformément aux accords Bousquet-Oberg, les Allemands exigèrent qu’il leur soit remis pour être traduit devant un tribunal militaire. Devant les réticences des magistrats français, le 4 juin, le général représentant la Wehrmacht à Vichy demanda au général Bridoux, secrétaire d’État à la Défense, de faire traduire Cassone devant un « conseil de guerre allemand ». Dans un premier temps, les autorités françaises arguèrent d’attendre les résultats des tests et firent valoir que l’action ne concernait pas l’armée allemande, mais les seuls chemins de fer français, puis elles finirent pas accepter. Cette décision provoqua des remous dans la police marseillaise. Lors de la réunions des commissaires divisionnaires à Vichy les 4 et 5 août 1943, celui de Marseille dit que plusieurs de ses subordonnés menaçaient de démissionner, ce que fit, deux jours après, le commissaire Élie Tudesq, directeur de la 9e brigade de la Police de Sûreté. Ce policier fut grièvement blessé à Orange (Vaucluse) quelques temps après par des soldats allemands alors qu’il était en mission pour le réseau Ajax. Jacques Cassone comparut le 2 octobre 1943 devant un tribunal militaire allemand à Marseille qui décida de surseoir et ordonna la confrontation de l’accusé avec les témoins qui pouvaient se trouver sur les lieux de l’attentat. Ce complément d’information eût lieu et fut favorable à Cassone puisque personne ne le reconnut, mais, d’après son avocat, il tombait sous le coup d’un article du code pénal militaire allemand punissant de la même peine que les auteurs une personne qui n’aurait pas dénoncé un attentat dont elle aurait eu connaissance. Accusé de « non-dénonciation d’une activité terroriste connue », Cassone fut renvoyé devant le tribunal militaire pour la Zone sud de Lyon et c’est ce tribunal qui le condamna à mort le 11 avril 1944. Cassone s’attendait à ce verdict dès sa première comparution et avait dit alors à son avocat : « Si l’on m’exécute, on trouvera tatoué sur ma poitrine un drapeau tricolore avec les mots de Vive la France ». Son pourvoi en grâce rejeté, Jacques Cassone fut fusillé le 19 avril 1944 à Lyon.
Le titre de « Mort pour la France » lui a été attribué. Son nom a été donné à un boulevard de Marseille.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône 55W45, dossier Franceschi) : témoignage de Me Bousquet, 15 décembre 1944. — SHD de Vincennes, fonds des tribunaux militaires allemands, 28P8 (communiqué par Fabrice Bourrée). — Adrien Blès, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, Éd. Jeanne Laffitte, rééd. 2001. ⎯ Simon Kitson, Police and Politics in Marseille, 1936-1945, Leiden-Boston, Brill, 2014, p. 173-174.

Jean-Marie Guillon, Delphine Leneveu, Claude Pennetier

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