Né le 28 novembre 1918 à Saint-Denis-du-Payré (Vendée), fusillé le 19 juin 1944 à Périgueux (Dordogne) ; résistant au sein de l’Armée secrète (AS).

Gérard Thurmel était le fils de Pierre Thurmel et de Marie Pénisson.
Arrêté pour « activités de franc-tireur », Gérard Thurmel était membre du groupe Marcel de l’AS, commandé par le capitaine Alfred Fouquet (dit Marcel). Ce groupe couvrait le secteur de Fouleix et le canton de Vergt (Dordogne) ; il comptait 485 hommes à la Libération, dont deux ont été fusillés (outre Gérard, son frère Gabriel Thurmel).
Le 24 mai 1944, à la suite d’un important parachutage d’armes à Beleymas cachées par les frères Thurmel, ceux-ci furent arrêtés à Villamblard par les Groupes mobiles de réserve (GMR). Sur dénonciation, une colonne allemande s’était dirigée vers le camp des maquisards, qui se trouvait à la Maison-Brûlée, vers Villamblard. Jean Rey et Roger Trémoulet furent capturés à ce moment-là.
Dans les documents qu’a bien voulu nous transmettre Evelyne Suiffet, la nièce de Roger Trémoulet, figure une lettre de l’épouse de Benjamin Joseph Pierre Thurmel, Léone Lucie Geneviève, née Rigagneau. Elle y évoque les circonstances de l’arrestation de ses beaux-frères : « Les nôtres deux n’étaient pas dans le maquis. Ils étaient chez eux à la Garnerie. Ils détenaient un dépôt d’armes pour la Résistance. Je vivais avec eux ainsi que mon mari qui a pris le maquis après l’arrestation de ses deux frères. Mon mari n’étant pas à la maison le 24, quand ils sont venus, a pu s’échapper. Ils étaient au moins 30 Allemands. Ils nous ont pris au lit. Ils nous ont fait emmener dehors tout nus. Ils avaient déjà mes 2 beaux-frères, chacun dans un coin. Ils les questionnaient, pour voir s’ils diraient où était le dépôt d’armes. Mais comme ils ne dirent rien, ils sont venus dire à moi et à ma belle-sœur qu’ils ont tué son mari. L’autre n’était pas marié. Ils nous ont frappées à coups de pied, à coups de poing, à coups de mitraillettes dans les côtés pendant plus d’une heure. Le temps paraissait long sous ces menaces. »
N’obtenant pas le résultat escompté, les Allemands reviennent vers les deux hommes. « Ils me prennent par le bras, ajoute-t-elle, et m’emmènent à côté du plus jeune de mes beaux-frères. Ils emmènent sa femme plus loin dans un coin. Ils continuent à la questionner. Moi, ils me font coucher le ventre par terre sur un talus avec son mari. Ils nous disent : "vous ne voulez rien dire. On vous fusille". On ne dit rien. Ils nous relèvent, recommencent à nous questionner. Ils emmènent mon beau-frère dans un coin où ils l’ont esquinté à coups de carrassonne (piquet de châtaignier ou d’acacia qui servaient de tuteur pour les vignes). Ils lui ont cassé un bras. Il vomissait le sang par la bouche. »
Devant le mutisme de l’un, ils s’en prennent à l’autre et redoublent de coups. « A force, souligne-t-elle, il a dit où se trouvaient les armes. 3 tonnes de matériel. Ils partent au dépôt à peu près à un kilomètre… Ils emmènent les deux hommes, fous de joie. »
Si l’on en croit la lettre précitée, leur arrestation, comme celle des deux suivants, est le fait d’une dénonciation. Cette « femme qui travaillait dans le maquis dans le groupe de votre fils, précise-t-elle aux parents de Roger Trémoulet, a été prise. Elle a tout dit pour se racheter. Huit jours après les Allemands l’ont relâchée. Elle a été prise par le maquis et c’est son mari lui-même qui l’a fusillée ».
Incarcérés à la caserne Daumesnil à Périgueux, les quatre résistants furent traduits devant un tribunal militaire allemand et condamnés à mort le 18 juin 1944. Ils ont été fusillés le lendemain, à 17 heures, par un peloton d’exécution allemand, dans l’enceinte de la caserne.
Un monument commémoratif, dit « Mur des fusillés », fut élevé en 1954 (délibération du conseil municipal des 21 et 27 mars 1952) sur ces lieux (rue du 5e Régiment-de-Chasseurs), où quarante-cinq résistants furent exécutés du 19 juin au 24 août 1944.
Le nom des frères Thurmel est aussi inscrit sur les monuments aux morts de Beleymas, Saint-Julien-de-Crempse et Villlamblard.
Voir Périgueux, Mur des Fusillés, Caserne Daumesnil, Rue du 5e Régiment de Chasseurs (5 juin-17 août 1944)
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII dossier 3, Liste S 1744 1/44, Liste S 486/44 (Notes Thomas Pouty). – Mémorial GenWeb. – Site Internet.

Frédéric Stévenot, Jean-Paul Bedoin

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