Né le 6 mai 1921 à Paris (Xe arr.), fusillé, par condamnation, le 11 juin 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; maroquinier ; militant communiste ; résistant au sein de l’Organisation spéciale (OS).

Georges Tondelier
Georges Tondelier
Georges Tondelier (Arch. PPo. GB 189)
Georges Tondelier (Arch. PPo. GB 189)
Georges Tondelier adhéra à la Jeunesse communiste (JC) en 1935 à l’âge de quatorze ans, dans le XIXe arrondissement de Paris, et devint en 1936 responsable des activités plein air de l’arrondissement. Il demeurait chez ses parents dans les HBM de l’avenue Mathurin-Moreau (XIXe arr.), où le Parti communiste était très actif. Au printemps 1937, il créa le groupe de campeurs Les Crocodiles, qui, en cette période du Front populaire, prit rapidement de l’extension. Le groupe fréquentait la piscine de Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis) ouverte dès 6 heures du matin, jouait au billard au café de la place du Combat (aujourd’hui place du Colonel-Fabien), organisait des soirées dansantes. La diffusion de L’Avant-Garde et la diffusion des tracts structuraient l’activité politique de la JC, les campagnes de solidarité avec l’Espagne républicaine furent des moments forts.
Le décret-loi du 26 septembre 1939 officialisa la dissolution des organisations communistes, et sur les deux cents membres de la JC, une vingtaine à peine continua à militer. En mai 1940, Georges Tondelier fut interpellé par la police française pour distribution de tracts. Incarcéré, il resta trois semaines en prison. Il fut libéré par les autorités allemandes après leur arrivée, comme trois cents communistes de la Seine arrêtés pendant la « drôle de guerre » – une façon pour les Allemands de semer des illusions dans la courte période où la direction clandestine communiste joua la carte « légaliste ».
La direction du Parti communiste chargea Georges Tondelier envoyé en province d’organiser la diffusion de la propagande communiste dans les départements de la Nièvre, la Côte-d’Or, la Marne, la Haute-Marne, l’Aube, l’Yonne et la Saône-et-Loire. De retour à Paris, apprenant en avril 1941 qu’un mandat d’arrêt était lancé contre lui, Georges Tondelier entra dans la clandestinité et devint membre de l’OS. Sous la direction de Pierre Tourette, il participa à plusieurs actions.
Le 21 novembre 1941 vers 21 h 30, place de la Sorbonne (Ve arr.), deux engins explosifs furent jetés à l’intérieur de la librairie Rive Gauche, occasionnant de nombreux dégâts. Le 18 décembre vers 7 h 10, un membre de l’OS envoya une bombe dans le bureau d’un garage ; l’engin, de faible puissance, n’occasionna que des bris de vitres et détériora quelques meubles. Le 2 janvier 1942, des membres du groupe tirèrent vers 18 h 40 sur une permanence du Rassemblement national populaire (RNP) au 118 rue du Faubourg-Saint-Martin (Xe arr.) ; personne ne fut touché. Deux actions à l’explosif menées gare de l’Est les 11 et 12 février 1942 échouèrent.
Le 1er mars, vers 9 h 35, Georges Tondelier participa à une opération avec six autres jeunes combattants rue de Tanger (XIXe arr.) – l’action était supervisée par Pierre Georges, futur colonel Fabien, mais dirigée par Jean Debrais. Dans l’école qui servait de cantonnement à des soldats allemands, une bombe fut déposée. Elle n’explosa pas, mais Karl Schönhaar tira sur la sentinelle, qui tomba... morte.
Le 8 mars 1942, quatre hommes sous la responsabilité de Jean Debrais devaient commettre un attentat dans l’enceinte de l’exposition « Le Bolchevisme contre l’Europe », où Georges Tondelier et Karl Schönhaar devaient déposer chacun une valise bourrée d’explosifs. Ils entrèrent comme des visiteurs, leur valise à la main, les engins étant réglés pour que l’explosion se déclenche à 23 heures. Des inspecteurs les repérèrent alors qu’ils sortaient les mains vides, armés d’un pistolet 6,35 mm, qu’ils n’eurent pas le temps d’utiliser.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, Georges Tondelier fut battu et craqua rapidement. Il parla, livrant de précieux renseignements. Ses camarades membres de l’OS furent arrêtés.
Incarcéré à la prison de la Santé (XIVe arr.), ses camarades lui manifestèrent leur désapprobation. Il comparut avec eux devant le tribunal du Gross Paris qui siégea du 7 au 14 avril 1942 à la Maison de la Chimie, rue Saint-Dominique (VIIe arr.). Georges Tondelier fut condamné à mort pour « activité de franc-tireur ». Son inhumation eut lieu au carré des corps restitués au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Le secrétariat général aux Anciens Combattants attribua à Georges Tondelier la mention « Mort pour la France » le 4 décembre 1945.
Dans une salle de la Maison de la Chimie, une plaque commémorative a été apposée, avec les noms des fusillés : « En ce lieu ont été jugés du 7 au 14 avril 1942 par un tribunal militaire nazi, siégeant à la Maison de la Chimie réquisitionnée, 27 combattants membres des premiers groupes de résistance armée (O.S. – F.T.P.F.), livrés à l’occupant par la police de Vichy ».
Georges Tondelier laissa une dernière lettre à ses parents.
Chers Parents,
Ma petite Maman chérie, dans quelques heures je ne serai plus de ce monde, l’on vient de m’apprendre aujourd’hui à 11 heures qu’à 16 heures je serai fusillé.
Je te demande de prendre tout ton courage et ne pas te livrer au désespoir, car il faut que tu vive pour élever Pierrot et Janine afin d’en faire des hommes fort et courageux qui plus tard pourront se rappeler que leur grand-frère est mort pour qu’ils aient un avenir meilleur.
Ma petite chérie, dans ces dernières heures de la vie, je pense à toute la courte vie que j’ai eu, et les bons moments que j’ai vécu auprès de toi. Je pense aux heures où j’étais petit et où tu allais me chercher à l’école, et aussi les corrections que je méritais lorsque je revenais salle et déchiré, enfin bref, ce n’est pas le moment de parler de bêtises.
J’aurais aussi voulu fonder un foyer, avoir des enfants avec ma copine Léone, que je te demande si un jour tu as l’occasion de la connaître, de lui dire que je l’ai aimée jusqu’à la dernière minute.
Je voudrais te dire beaucoup de chose, mais à quoi bon !!
Je termine cette courte lettre en te demandant pardon de tout le mal que j’ai pu te faire...
Embrasse bien fort tous mes amis que j’aimais ainsi que mon pauvre Papa, Pierrot, Janine et Lucienne, sans t’oublier toi, ma petite maman chérie.
Adieu tous,
Vive la France
Vive l’Idéal pour lequel je suis mort.
Ton fils qui t’aime
Georges
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 1752, BA 2100, KB 18. – DAVCC, Caen, Boîte 5, Liste S 1744-219/42 (Notes Thomas Pouty). – Le Matin, 15 avril 1942. – Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes, op. cit. – André Rossel-Kirschen, Le procès de la Maison de la Chimie (7 au 14 avril 1942), L’Harmattan, 2002. – Denis Peschanski, Vichy 1940-1944 contrôle et exclusion, Éd. Complexe, 1997, p. 113. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb.

Iconographie
PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 189 cliché du 9 mars 1942.

Daniel Grason

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