Né le 13 novembre 1915 à Marseille (Bouches-du-Rhône), grièvement blessé le 8 juin 1944 à Martigues, mort à Marseille ; cultivateur ; FFI, résistant des Francs-tireurs et partisans français (FTPF).

Portrait de Marius Arnaud au siège de la section du PCF de Martigues (cliché réalisé par Renaud Poulain-Argiolas).
Le grand-père paternel de Marius Arnaud était boulanger à Aix en Provence. Son père, Sylvain, Roger, Raphaël Arnaud, né le 1er décembre 1884 dans cette ville, exerça la même profession à Martigues, aidé par son épouse, Joséphine Françoise, née Boyer, et plusieurs de ses enfants. La famille Arnaud comptait, pendant la Seconde Guerre mondiale, sept enfants, quatre filles et trois fils. La boulangerie familiale, située au sud de la ville dans le quartier, encore agricole, de Saint-Pierre, servit de lieu de rencontre à la Résistance. C’est dans son fournil que Maurice Tessé, responsable FTPF du secteur de Martigues, fit prêter serment à ses premières recrues. Il y eut, parmi celles-ci, en janvier 1943, les trois frères Arnaud, Albert (âgé de 31 ans), Henri (âgé de 19 ans), et Marius (âgé de 28 ans). Ce dernier, qui avait épousé, le 25 janvier 1939, Pierrette, Rose Schiano, journalière, fille de pêcheur, était, à ce moment-là, père de deux enfants, nés en octobre 1939 et en août 1942.
Marius Arnaud devint rapidement l’adjoint de Maurice Tessé. Il participa à des transports d’armes et d’explosifs depuis Aix-en-Provence et à de nombreuses actions dans le secteur de l’Étang de Berre. Ce fut, le 7 janvier 1944, la tentative de sabotage (qui échoua) de la voie ferrée Martigues-Marseille, près de la gare de Ponteau-Saint-Pierre, puis, dans la nuit du 31 janvier 1944, l’intervention à la poudrerie de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône) pour se procurer des armes, le 10 février 1944, la pose d’explosifs sur deux locomotives à la gare du réseau des chemins de fer des Bouches-du-Rhône (dit le BDR), le 22 février, le vol de fûts d’essence à la raffinerie de La Mède ou le 10 avril, la destruction par explosifs d’installations de la plâtrière de Saint-Pierre. Marius Arnaud était alors en charge du groupe FTPF de Martigues dont le premier responsable, Maurice Tessé, avait été tué lors d’une action le 22 février 1944.
En juin 1944, les responsables du PCF, du Front national et des FTPF, informés du projet des MUR-MLN (Mouvements unis de Résistance-Mouvement de Libération nationale) de prendre le maquis à l’annonce du débarquement de Normandie, décidèrent de se rendre à la réunion organisée dans ce but le 8 juin 1944, au domicile de Robert Daugey, 1, rue Hoche à Martigues. Ils voulaient faire entendre leurs réticences pour une action jugée peu réaliste. Marius Arnaud arriva le dernier chez Robert Daugey où les militants des MUR-MLN sur le départ (Joseph Barthélémy, Paul Di Lorto, Lucien Toulmond, Henri Tranchier) et Paul-Baptistin Lombard, qui représentait le PCF, avaient déjà été interpellés par une équipe du SIPO-SD (la « Gestapo »). A peine entré dans le couloir de l’immeuble, Marius Arnaud se heurta à un policier posté dans les escaliers, essaya d’utiliser son arme et fut grièvement blessé. Il fut chargé, roulé dans une couverture, dans le véhicule qui emmena les prisonniers à Marseille. Il décéda vraisemblablement dans le transport ou au siège du SIPO-SD, 425 rue Paradis à Marseille. Il fut désigné, dans le « rapport Catilina » dans lequel le SIPO-SD fait le bilan de la répression des maquis de juin 1944, sous le n° 5, comme membre des FFI. Ses camarades furent fusillés dans la clairière du Fenouillet à La Roque d’Anthéron, mais son corps ne fut pas retrouvé.
Marius Arnaud a obtenu les mentions « Mort pour la France » et « Interné résistant ». Il fut homologué aspirant à titre posthume. Son nom figure sur la stèle érigée dans la clairière du Fenouillet et sur le mémorial du maquis de Sainte-Anne à Lambesc. À Martigues, le nom de Marius Arnaud a été donné à une rue.
Voir La Chaîne des Côtes et ses environs, Lambesc, Charleval, La
Roque-d’Anthéron, Le Fenouillet (Bouches-du-Rhône), 11 -
13 juin 1944
Sources

SOURCES : AVCC Caen, 21P 89. — Arch. nationales, 72 AJ 104, AIII 7 bis, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final […] Affaire Catilina », Marseille, 6 juillet 1944, signé Dunker, SS Scharführer. — Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’Occupation, Martigues, 1939-1945, Martigues, Centre de développement artistique et culturel, 1996. — Madeleine Baudoin, « Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine », thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977. — Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi rouge, ombres et lumières, tome 3, Syllepse, 2011. — État civil.

Robert Mencherini

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