Né le 20 mai 1916 à Parentis-en-Born (Landes), exécuté sommairement le 13 juin 1944 au Fenouillet, commune de la Roque-d’Anthéron (Bouches-du-Rhône) ; instituteur ; FFI, résistant de l’Organisation universitaire des Mouvements unis de Résistance - Mouvement de libération nationale (OU MUR MLN) et de l’Armée secrète (AS).

Robert Daugey
Robert Daugey
Jacky Rabatel, op. cit, p. 271.
Robert Daugey, était le fils de Jean (Léon) Daugey et de son épouse Marie, née Mesplède, originaires du Sud-Ouest de la France. Il fut, dans les années 1930, élève de l’ École normale de garçons d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) et suivit, en avril-septembre 1939, une formation d’officier de réserve de l’infanterie au terme de laquelle il fut nommé aspirant. Devenu instituteur, marié sans enfant, Robert Daugey enseigna à l’ école maternelle du quartier de Jonquières à Martigues (Bouches-du-Rhône).
En décembre 1943, il s’engagea dans un sous-réseau de Phratrie, le réseau Brick, dirigé par Alain Armengaud alias Menard, auquel il fournit des cartes et informations détaillées sur les fortifications côtières. Il fut, parallèlement, le principal responsable du petit groupe de l’OU MUR-MLN à Martigues. Celui-ci, à partir d’un noyau de jeunes instituteurs, élargit son recrutement à des militants de sensibilité socialistes d’autres milieux. Le numéro 1 de Combat universitaire, organe de l’organisation universitaire des MUR-MLN, présentait, en février 1945, Robert Daugey comme l’un des « promoteurs de la Résistance à Martigues », spécialement chargé de la partie militaire du secteur de la Côte bleue et de l’Étang de Berre. La SIPO-SD (la « Gestapo ») de Marseille, dans un texte qui faisait le bilan de la répression de la Résistance et des maquis de juin 1944 (le « rapport Catilina »), le qualifia de « chef de la ville de Martigues », sous le numéro 4 d’une longue liste de noms.
À l’annonce du débarquement de Normandie, Robert Daugey organisa chez lui, 1, rue Hoche à Martigues, une réunion avant un départ au maquis, le 8 juin 1944. Les membres du groupe, les instituteurs Paul Di Lorto, Lucien Toulmond, Henri Tranchier, le monteur d’aviation, Joseph Barthélémy et l’agriculteur Barthélémy Abbadie, s’étaient équipés dans ce but. D’autres résistants appartenant au courant communiste, Marius Arnaud et Paul Baptistin Lombard, vinrent à cette réunion pour dire leur désaccord avec cette démarche qu’ils jugeaient peu réaliste. Mais la SIPO-SD veillait. Elle avait déjà arrêté, la veille, un autre membre du groupe, l’artisan électricien, Aldéric Chave chez lequel elle s’était emparée de nombreux tracts et documents. Elle avait pu obtenir des renseignements sur les principaux lieux de rassemblement du secteur.
Le domicile de Robert Daugey était connu. Une équipe de la « Gestapo » qui comptait trois agents français intervint, le 8 juin 1944, à la rue Hoche, peu de temps après l’arrivée de Paul Baptistin Lombard à la réunion. Toutes les personnes présentes furent arrêtées. Marius Arnaud, arrivé plus tardivement, fut grièvement blessé par balles dès son entrée dans l’immeuble. Deux mitraillettes, plusieurs pistolets, des plans très précis de la défense côtière allemande, et un fichier des collaborateurs du Sicherheitspolizei furent saisis à cette occasion. Les résistants interpellés furent emmenés à Marseille au siège de la SIPO-SD, 425 rue Paradis, interrogés et incarcérés. Le 13 juin 1944, Robert Daugey fut conduit, comme ses camarades, à la clairière du Fenouillet et fusillé, avec d’autres détenus, extraits du 425 rue Paradis ou des Baumettes, et de maquisards de la chaîne des Côtes. Les corps des résistants furent enterrés dans une fosse commune creusée par les habitants du village.
Le 17 octobre 1944, la presse régionale annonça que l’on venait de découvrir le destin tragique et le lieu d’exécution des huit résistants des Martigues, dont les familles étaient à la recherche depuis la Libération. Mais ce n’est que le 19 octobre que leurs dépouilles furent exhumées et identifiées. A Martigues, des obsèques solennelles furent organisées le 21 octobre, en présence des autorités et d’une foule nombreuse. Robert Daugey fut inhumé dans le caveau familial du petit cimetière communal de Luynes (commune d’Aix-en-Provence).
Robert Daugey a obtenu les mentions « Mort pour la France » et « Interné résistant ». Homologué capitaine à titre posthume, il fut décoré de la Médaille de la Résistance et de la Croix de guerre. Son nom est gravé sur la stèle érigée dans la clairière du Fenouillet et sur le mémorial du maquis de Sainte-Anne à Lambesc (Bouches-du-Rhône). À Martigues, le nom de Robert Daugey a été donné à la rue Hoche où il habitait et à deux écoles, élémentaire et maternelle. Il est inscrit sur la plaque commémorative de l’École normale d’Aix-en-Provence dont il a été l’élève. Plusieurs localités du pays d’Aix ont attribué son nom à une rue. C’est le cas à Luynes, où ses parents résidaient et où il figure aussi sur le monument aux morts. À Gréasque (Bouches-du-Rhône), une rue et la bibliothèque municipale portent son nom, ainsi que des allées du quartier de Sainte-Marguerite à Marseille (IXe arrondissement, Bouches-du-Rhône). Il est également honoré, parmi les victimes des deux guerres et de la Libération, sur le monument aux morts du même arrondissement, place du docteur Vauthier.
Voir La Chaîne des Côtes et ses environs, Lambesc, Charleval, La
Roque-d’Anthéron, Le Fenouillet (Bouches-du-Rhône), 11 -
13 juin 1944
Sources

SOURCES : AVCC Caen, 21P 251516, 21P 277309, 21P 626239. — Arch. nationales, 72 AJ 104, AIII 7 bis, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final […] Affaire Catilina », Marseille, 6 juillet 1944, signé Dunker, SS Scharführer — Arch. Dép. des Bouches-du-Rhône, 76 W 129, messages téléphonés de la gendarmerie des Bouches-du-Rhône au préfet délégué, 12 et 13 juin 1944, photographie 1080076-77 ; rapport téléphonique du sous-préfet d’Aix, 13 juin 1944 ; liste des personnes tuées au cours des opérations allemandes effectuées dans le secteur Lambesc-Charleval, La Roque-d’Anthéron, les 12 et 13 juin 1944 ; rapport de la brigade de gendarmerie de Lambesc, 19 juin 1944. — Combat universitaire, n°1, février 1945. — Journal officiel. Lois et décrets, n° 225, 25 septembre 1938 ; n° 277, 11 novembre 1939 ; n° 175, 26, juillet 1947. — La Marseillaise, 17 octobre 1944. — Le Provençal, 13 juin 1945. — Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’Occupation, Martigues, 1939-1945, Martigues, Centre de développement artistique et culturel, 1986. — Madeleine Baudoin, « Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine », thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977. — Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi rouge, ombres et lumières, tome 3, Syllepse, 2011. — Mémorial GenWeb. — État civil.

Robert Mencherini

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