Né le 4 août 1918 à Marseille (Bouches-du-Rhône), exécuté sommairement le 13 juin 1944 au Fenouillet, commune de la Roque-d’Anthéron (Bouches-du-Rhône) ; instituteur ; FFI, résistant de l’Organisation universitaire des Mouvements unis de Résistance - Mouvement de libération nationale (OU MUR MLN) et de l’Armée secrète (AS).

Henri Tranchier
Henri Tranchier
Jacky Rabatel, op. cit, p. 271.
Rue Henri Tranchier dans le quartier de L’Île à Martigues (photo de Renaud P-A, avril 2021)
Fils de Paul Joseph Tranchier et de son épouse, Marie, Antoinette, Sidonie, née Chauvet, tôt disparus, Henri Tranchier fut élevé par sa tante maternelle, Marie Chauvet, employée de maison. Devenu instituteur, il enseigna à l’école de Septèmes-les-Vallons (Bouches-du-Rhône) (avec Robert Giudicelli) puis à celle de Croix-Sainte à Martigues (Bouches-du-Rhône). Il habitait alors dans cette ville, 3, rue du Buisson.
Engagé dans la Résistance en 1942, Henri Tranchier fit partie du petit groupe de l’OU MUR-MLN dirigé, à Martigues, par un autre instituteur, Robert Daugey. Il fut désigné, dans le « rapport Catilina » du SIPO-SD, sous le n°11, comme « remplaçant du chef de la ville ».
Henri Tranchier participa, comme ses camarades, à la réunion organisée par Robert Daugey à son domicile 1, rue Hoche à Martigues, avant le départ du groupe au maquis, le 8 juin 1944. Comme eux, il fut interpellé par la Gestapo et incarcéré à Marseille. Le 13 juin, il fut conduit, comme ses camarades, à la clairière du Fenouillet et fusillé. Les corps des résistants furent enterrés dans une fosse commune creusée par les habitants du village.
Le 17 octobre 1944, la presse régionale annonça que l’on venait de découvrir le destin tragique et le lieu d’exécution des huit résistants des Martigues, dont les familles étaient à la recherche depuis la Libération. Mais ce n’est que le 19 octobre que leurs dépouilles furent exhumées et identifiées. Henri Tranchier fut inhumé définitivement au cimetière Saint-Joseph de Martigues, comme ses camarades originaires de cette ville, au cours d’obsèques solennelles, en présence d’une foule nombreuse, le 21 octobre 1944. Le 12 juin 1945, une plaque en l’honneur d’Henri Tranchier fut inaugurée à l’école de Croix-Sainte, en présence de la tante du résistant, des autorités locales, des enseignants et de la directrice de l’école.
Henri Tranchier a obtenu les mentions « Mort pour la France » et « Interné résistant ». Homologué lieutenant à titre posthume, il fut cité à l’ordre de la division n° 17, 9e région militaire, décoré de la Médaille de la Résistance et de la Croix de guerre.
Son nom figure sur la stèle érigée dans la clairière du Fenouillet et sur le mémorial du maquis de Sainte-Anne à Lambesc. La plaque commémorative de l’École normale d’Aix-en-Provence indiquait Henri Tranchier parmi les instituteurs « résistants fusillés par les Allemands » (avec Robert Daugey, Robert Giudicelli, Paul Di Lorto, Louis Porta, Albert Pougaud, Lucien Toulmond, et Louis Vignol).
À Martigues, le nom d’Henri Tranchier a été donné à la rue du Buisson où il habitait, au groupe scolaire de Croix-Sainte et à un gymnase. A l’ancienne école du centre de Septèmes-les-Vallons, il est accolé depuis 1974 à celui de Robert Giudicelli (école Tranchier-Giudicelli). Une plaque relate brièvement le parcours des deux résistants, et lors des commémorations du 8 mai, la municipalité de Septèmes leur rend hommage.
Voir La Chaîne des Côtes et ses environs, Lambesc, Charleval, La
Roque-d’Anthéron, Le Fenouillet (Bouches-du-Rhône), 11 -
13 juin 1944
Sources

SOURCES : AVCC Caen, 21P 164734, 21P 544998. — Arch. nationales, 72 AJ 104, AIII 7 bis, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final […] Affaire Catilina », Marseille, 6 juillet 1944, signé Dunker, SS Scharführer. — Arch. Dép. des Bouches-du-Rhône, 76 W 129, messages téléphonés de la gendarmerie des Bouches-du-Rhône au préfet délégué, 12 et 13 juin 1944 ; rapport téléphonique du sous-préfet d’Aix, 13 juin 1944 ; liste des personnes tuées au cours des opérations allemandes effectuées dans le secteur Lambesc-Charleval, La Roque-d’Anthéron, les 12 et 13 juin 1944 ; rapport de la brigade de gendarmerie de Lambesc, 19 juin 1944. — Combat universitaire, n°1, février 1945. — Journal officiel. Lois et décrets, n° 266, 13 novembre 1947. — La Marseillaise, 17 octobre 1944. — Le Provençal, 13 juin 1945. — Arch. communales de Septèmes-les-Vallons. — Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’Occupation, Martigues, 1939-1945, Martigues, Centre de développement artistique et culturel, 1986. — Madeleine Baudoin,« Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine », thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977. — Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi rouge, ombres et lumières, tome 3, Syllepse, 2011. — Notes de Gérard Leidet et de Renaud Poulain-Argiolas. — État civil. — Cimetière Saint-Joseph (Martigues).

Robert Mencherini

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