CHRISTOPH Blaise

Voiturier, Blaise Christoph fut incorporé dans la Wehrmacht le 25 avril 1943 et, après ses classes, affecté à une unité au Danemark. A la fin d’une permission de quinze jours, le 3 février 1944, alors qu’il s’apprêtait à regagner son unité en prenant le train à Sarrebourg, il fut pris en charge par Mme Scius, pharmacienne et responsable d’une filière de passeurs. Elle le ramena à Dabo où il se cacha dans la forêt avec son frère Théodore, un cousin, Aloyse, et un beau-frère Auguste Gasser. Un autre frère, Louis, fut arrêté pour insoumission, interné le 2 octobre 1943 au camp de Schirmeck (Alsace annexée), puis déporté à Natzweiler-Struthof (Alsace annexée) et à Flossenburg (Allemagne).
Imprudents, et pensant que les Allemands étaient partis, les déserteurs regagnèrent le domicile de leurs parents, rue des Pins. Le 1er septembre 1944, alors que la panique avait gagné les autorités allemandes en Moselle et qu’elles refluaient vers la Sarre, le jeune homme sortit de sa cachette pour voir sa mère et lui dit : "Maman, les Français arrivent, les Allemands sont perdus." Il passa alors la nuit chez sa mère.
Mais dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, alors que les Allemands quittaient la Moselle, la maison du Forstmeister de Dabo, le chef de l’administration locale des forêts, fut cambriolée. Des pétards furent également lancés dans la maison d’une femme qui fréquentait le chef local de la gendarmerie, un dénommé Ludwig. Elle en parla au gendarme qui organisa une expédition punitive.
Le 2 septembre 1944, un détachement d’une trentaine de soldats allemands guidé par le chef de gendarmerie Ludwig investit Dabo vers 11h. Le restaurant Weber connu pour être fréquentés par des déserteurs et insoumis fut fouillé. Un détachement se rendit au bureau des Eaux et Forêts, situé un peu à l’écart, mais en vain. Le Hauptmann menaça alors de fusiller un homme sur dix si les objets volés n’étaient pas restitués dans les 24 heures. Sans succès, mais la menace ne fut pas mise à exécution.
Vers 13h, alors que les Christoph et Auguste Gasser nettoyaient des fusils, ils furent prévenus par la sœur de Blaise âgée de 13 ans qu’un détachement arrivait vers le haut du village. Ils eurent juste le temps de se cacher, Blaise Christoph et Auguste Gasser dans le foin du 42 rue des Pins. La maison du 42 fut encerclée et les fouilles entreprises. Les soldats tirèrent dans les meules. Personne ne bougea. Les Allemands retournèrent alors le foin. Les deux jeunes furent pris, plaqués contre un mur, les bras en l’air. Selon les sources, Blaise Christoph soit aurait donné un coup de poing au policier allemand qui voulait lui mettre les menottes et se serait enfui, soit il aurait été poussé par son beau-frère pour qu’il prenne la fuite. Mais au cours de sa fuite, il fut touché par un tir au bras et s’effondra dans le jardin de ses parents. Les Allemands ne permirent pas qu’on lui portât secours. Il fut achevé à coups de crosses et inhumé au cimetière de Dabo.
Auguste Gasser fut interné et condamné le 9 septembre 1944 par un tribunal militaire à 10 ans de travaux forcés et déporté à Torgau (Tchécoslovaquie). Aloyse Christoph put s’enfuir en passant par la cheminée. Théodore caché au 40 rue des Pins fut repoussé dans la cave par un soldat allemand alors qu’il voulait sortir de sa cache. Deux agents sont venus quelques jours plus tard chercher la mère de Blaise. Elle profita d’un moment d’inattention pour partir et se cacher chez la pharmacienne Scius.
Le nom de Blaise Christoph nom figure sur le monument aux morts de Dabo.