Né le 10 décembre 1922 à Saint-Aquilin-de-Corbion (Orne), fusillé le 30 juin 1944 à Condé-sur-Sarthe (Orne) ; commis boucher ; résistant au sein de l’Armée secrète (AS).

Pendant l’Occupation, Pierre Keraen était domicilié à Loisail (Orne) où il exerçait la profession de commis boucher. Il s’engagea précocement en résistance. Dès 1940, il avait rejoint un embryon de groupe composé de patriotes de Mortagne-au-Perche (Orne). Avec eux, il participa activement à la constitution d’un dépôt d’armes et de munitions. Puis, à l’automne 1940, il rejoignit l’antenne de Mortagne-au-Perche du réseau Hector et se mit à récolter des renseignements sur les troupes allemandes. Il fut également chargé de constituer un stock de postes émetteurs destinés à assurer les transmissions du groupe. Le réseau Hector fut totalement démantelé par le contre-espionnage allemand au cours du premier trimestre 1942, mais Pierre Keraen parvint à échapper aux vagues d’arrestations. À la fin du mois de mai 1944, ses contacts lui permirent d’être intégré au maquis de l’Armée secrète établi à Courcerault (Orne), dans une bouverie isolée et inhabitée. Dans l’attente des opérations liées au futur débarquement des forces alliées en France, le groupe s’était constitué un petit stock d’armes et de munitions ainsi qu’un dépôt de matériel de sabotage. Il n’eut malheureusement pas l’occasion de passer à l’action et de voir ces opérations se déclencher.
En effet, à la fin du mois de mai 1944, un membre du groupe, Jean Richard, demanda à un jeune homme travaillant pour l’entreprise de son père, Eugène Duru, de bien vouloir l’aider à transporter des containers d’armement jusqu’au maquis. Jean Richard ignorait malheureusement que Duru était un ami proche de Bernard Jardin, le chef des auxiliaires français de la Gestapo de l’Orne.
Le 4 juin 1944 Jardin et Duru se rendirent à Mortagne-au-Perche (Orne) et rencontrèrent, dans un restaurant, Jean Richard accompagné de plusieurs de ses camarades maquisards. Au cours de la soirée, Jardin s’éclipsa et téléphona à Alençon, au siège de la Sipo-SD, réclamant l’envoi d’une troupe et de plusieurs agents.
À minuit, l’opération débuta par l’arrestation de plusieurs résistants à leurs domiciles puis la troupe se dirigea vers le maquis. Surpris, les résistants n’eurent pas le temps de se défendre. Douze personnes furent capturées, internées à la prison de Mortagne-au-Perche puis à celle d’Alençon et rapidement déférées devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 916 d’Alençon. Elles furent condamnées à mort le 30 juin 1944 et passées par les armes le jour même à Condé-sur-Sarthe, à la carrière de la Galochère. Pierre Keraen était l’un de ces hommes.
Ses onze camarades étaient : Bernard Closet, Jean Deschamps*, Gilbert Ducluzeau*, Roger Lepoutre, Robert Leygnat, Bernard Monnier, Paul Moreau*, Pierre Mulot, Georges Noë, Jean Richard et Rémy Sevestre.
Leurs dépouilles ont été ramenées le 30 août 1944 à Mortagne-au-Perche et reposent aujourd’hui dans un caveau unique placé sous le monument élevé par leurs camarades de la Résistance. Les noms des suppliciés figurent sur le monument érigé à la clairière de la Galochère, inauguré le 5 août 1945.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, Liste S 1744. – « La Résistance dans l’Orne », CDrom AERI. – Arch. Dép. Calvados : 996W41 : réquisition contre Eugène Duru, Cour de justice de l’Orne. – T. Pouty, La répression franco-allemande dans le département de l’Orne, 1940-1944, mémoire de maîtrise, Université de Caen, 2001.

Thomas Pouty

Version imprimable