Né le 26 juillet 1903 à Paris, fusillé le 30 juin 1944 à Condé-sur-Sarthe (Orne) ; entrepreneur-peintre ; résistant au sein de l’Armée secrète (AS).

En 1939, Paul Moreau décida d’établir son entreprise de couleurs et de cartonnages à Mauves-sur-Huisne (Orne) ; il vivait auparavant en région parisienne. Mobilisé au début de la guerre, il fut fait prisonnier en 1940 et put réintégrer ses foyers en 1943.
Il s’engagea rapidement en Résistance et organisa à Mauves-sur-Huisne un premier groupe de résistants, dont il devint le responsable. Ce fut sur la base de son groupe que s’organisa le maquis de Courcerault, composé pour l’essentiel de jeunes réfractaires au Service du travail obligatoire (STO) et de jeunes résistants venant de la capitale. Dans l’attente des opérations liées au futur débarquement des forces alliées en France, le groupe se constitua un petit stock d’armes et de munitions ainsi qu’un dépôt de matériel de sabotage. Il n’eut malheureusement pas l’occasion de passer à l’action et de voir ces opérations se déclencher.
En effet, à la fin du mois de mai 1944, un membre du groupe, Jean Richard, demanda à un jeune homme travaillant pour l’entreprise de son père, Eugène Duru, de bien vouloir l’aider à transporter des containers d’armement jusqu’au maquis. Jean Richard ignorait malheureusement que Duru était un ami proche de Bernard Jardin, le chef des auxiliaires français de la Gestapo de l’Orne.
Le 4 juin 1944, Jardin et Duru se rendirent à Mortagne-au-Perche (Orne) et rencontrèrent, dans un restaurant, Jean Richard accompagné de plusieurs de ses camarades maquisards. Au cours de la soirée, Jardin s’éclipsa et téléphona au siège de la Sipo-SD à Alençon, réclamant l’envoi d’une troupe et de plusieurs agents.
À minuit, l’opération débuta par l’arrestation de plusieurs résistants à leurs domiciles, parmi lesquels Paul Moreau. Puis, la troupe se dirigea vers le maquis. Surpris, les résistants n’eurent pas le temps de se défendre. Douze personnes furent capturées, internées à la prison de Mortagne-au-Perche puis à celle d’Alençon et rapidement déférées devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 916 d’Alençon. Elles furent condamnées à mort le 30 juin 1944 et passées par les armes le jour même à Condé-sur-Sarthe, à la carrière de la Galochère. Paul Moreau était l’un de ces hommes.
Ses onze camarades étaient : Bernard Closet, Jean Deschamps*, Gilbert Ducluzeau*, Pierre Keraen, Roger Lepoutre, Robert Leygnat, Bernard Monnier, Pierre Mulot, Georges Noë, Jean Richard et Rémy Sevestre.
Leurs dépouilles ont été ramenées le 30 août 1944 à Mortagne-au-Perche et reposent aujourd’hui dans un caveau unique placé sous le monument élevé par leurs camarades de la Résistance. Les noms des suppliciés figurent sur le monument érigé à la clairière de la Galochère, inauguré le 5 août 1945.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, Liste S 1744. – La Résistance dans l’Orne CDrom AERI. – Arch. Dép. Calvados : 996W41 : réquisition contre Eugène Duru, Cour de justice de l’Orne. – Thomas Pouty, La répression franco-allemande dans le département de l’Orne, 1940-1944, Université de Caen, 2001.

Thomas Pouty

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