Né le 12 avril 1905 à Melleran (Deux-Sèvres), fusillé le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; entrepreneur de transport ; résistant, membre fondateur du groupe Élie rattaché au réseau CND Castille.

Louis-Jean Élie
Louis-Jean Élie
Crédit : Gildas PRIOL
Fils naturel de Noémie Élie, sans profession, Louis-Jean Élie, résidait à Brest, 90 rue Jean-Jaurès. Il était marié depuis 1929, avec Blanche De Clerck, le couple avait adopté leur neveu Maurice De Clerck. Il était entrepreneur de transports et tenait un garage rue Jean-Jaurès, après avoir acheté son premier camion en 1933. Précédemment, il s’était engagé dans la Marine à dix-huit ans, comme matelot mécanicien, y restant cinq ans, durant lesquels il avait appris notamment à lire et à écrire. Louis-Jean Élie était politiquement proche du Parti social français du colonel de La Rocque, mais plus comme sympathisant que militant.
Louis-Jean Élie forma à Brest dès novembre 1940 ce que l’on s’accorde à considérer comme le tout premier groupe de résistance breton. La plupart de ses membres (une dizaine d’hommes) faisaient partie du patronage Saint-Martin. Le capitaine René Drouin, contacté par Louis-Jean Élie, parvint à entrer en contact avec le colonel Rémy et le réseau CND Castille. La mission du groupe Élie consistait notamment à récupérer des armes dans des cafés fréquentés par les Allemands. Partisan d’une lutte directe, Louis-Jean Élie participa à Brest le 1er janvier 1941 à l’exécution de deux Allemands dans la rue Kerfautras puis le 28 février il distribua des armes en vue d’attaquer la batterie DCA allemande de la rue Carnot, et le 18 mars il participa à la tentative d’évasion de neuf internés de la prison de Pontaniou .
C’est lors d’une de ces opérations, le 28 avril 1941, que se joua le destin du groupe, lors d’une bagarre dans un café de la rue Louis-Blanc avec plusieurs soldats allemands. Si tous parvinrent à s’échapper, la Gestapo, par l’arrestation d’un suspect, mit ensuite la main sur une liste de noms dont plusieurs des membres du groupe Élie, qui furent arrêtés les uns après les autres dont Louis-Jean Élie le 15 mai 1941 à son domicile vers 13h 30. Torturé lors de ses interrogatoires, il eut les deux jambes brisées.
Incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), Louis-Jean Élie fut condamné à mort le 22 novembre 1941 par le tribunal allemand du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) et fusillé au Mont-Valérien le 10 décembre 1941 avec dix de ses camarades : Georges Bernard, Robert Busillet, René Gourvennec, Roger Groizeleau, Albert Muller, Roger Ogor, Joseph Prigent, François Quéméner, Louis Stephan et Joseph Thoraval.
Un service religieux célébré à Saint-Martin le 8 janvier 1942 en mémoire des onze membres du groupe Élie fusillés le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien réunit plusieurs centaines de personnes.
Par une lettre du 17 décembre 1941, le maire de Brest demanda au Délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés Fernand de Brinon, d’intervenir auprès des autorités allemandes pour que les corps des onze brestois qui avaient été inhumés le 10 décembre 1941 au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), division 39 ligne 3, soient rendus aux familles. Sans succès. C’est à partir de juillet 1947 que les remises de corps s’effectuèrent. Louis-Jean Élie, qui avait été inhumé au cimetière d’Ivry division 39 ligne 3 n°15 a été réinhumé le 18 janvier 1950 au cimetière Saint-Martin à Brest (carré D, rang 7, tombe 18).
Reconnu Mort pour la France par le Secrétaire général aux Anciens Combattants le 23 mars 1945, il a été homologué adjudant des FFC et interné résistant (DIR). Il reçut la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile d’argent en 1946 puis fut décoré de la Médaille de la Résistance en 1955.
Le nom de Louis-Jean Élie figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.
En souvenir du groupe Élie, la ville de Brest a appelé rue des 11-Martyrs l’une de ses voies qui donne sur son hôtel de ville, perpendiculairement à la rue Jean-Jaurès. Une plaque a été apposée. Une stèle a été érigée en 2003 dans le square Rhin-Danube rappelant les noms des seize résistants du groupe Élie Morts pour la France, avec la mention "La ville de Brest A la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour que nous puissions vivre libres - Groupe Élie : premier groupe de résistance brestoise.". On y trouve les noms des onze membres du groupe Élie fusillés le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, et aussi les noms de cinq membres du groupe Élie morts en déportation : Jean Caroff, Capitaine René Drouin, Yves Féroc, Jean Gouez et Hervé Roignant.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, 21P 447297 et B VIII 4 (Notes Thomas Pouty). — Arch. Dép. Finistère, 200 W 84 (exécutions). – Arch. Mun. Brest. — SHD, Vincennes, dossier du procès du groupe Élie, GR 25P 16344, et dossier individuel GR 16P 208664. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Georges-Michel Thomas et Alain Le Grand, Le Finistère dans la Guerre (1939-1945), t. 1 : LOccupation, p. 247-250. — Biger Brewalan, René-Pierre Sudre, Les fusillés du Finistère 1940-1944, master 1, Université de Bretagne occidentale, 2009-2010. — État civil. — resistance-brest.net. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Biger Brewalan, Annie Pennetier, René-Pierre Sudre

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