Né le 29 mai 1911 à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), fusillé le 27 juin 1944 à Castelmaurou (Haute-Garonne) ; officier d’active de l’armée de l’Air ; dessinateur industriel ; résistant de la Haute-Garonne (Combat, AS, GFL, et réseaux Morhange et Mithridate), de la Vienne et de la Haute-Vienne ; un des cadres résistants les plus en vue de la R4 (1942-1944).

Marcel Joyeux
Marcel Joyeux
photo DPA EH, La Dépêche
Marcel Joyeux était le fils d’Auguste, Théodore mutilé de la Grande Guerre et de Marcelline, Gabrielle, Célestine Busseau. Il épousa Margueritte Josselin. Le couple eut un fils qui joua un rôle déterminant dans l’identification de son père en 2013. Marcel Joyeux avait aussi des attaches familiales dans la région de Poitiers (Vienne). L’acte de décès établi seulement le 27 novembre 2013 porte en mention marginale la mention "Mort pour la France". Celle-ci indique aussi qu’il était domicilié à Toulouse, rue Job.
Capitaine de l’armée de l’Air, Joyeux fut dessinateur d’études pour la Marine et l’Aviation. Il s’illustra aussi comme moniteur de vol à voile.
Marcel Joyeux s’engagea dans la Résistance à partir de septembre 1942. Il fut un résistant actif, principalement de Toulouse, de la Haute-Garonne et de la R4. Il adhéra d’abord au mouvement Combat et continua son action clandestine dans les MUR. Il participa aux activités de l’AS puis des Groupes francs (GF) de Libération dont il devint l’un des responsables, adjoint de Serge Ravanel, le « bras droit », ainsi que l’écrivit Emmanuel Haillot dans La Dépêche du 11 septembre 2013. En 2013, des jugements ont été émis à son propos : « Homme incontrôlable et talentueux », d’après Georges Muratet qui s’est intéressé aux « inconnus » fusillés à Castelmaurou, cité dans cet article ; « Homme intrépide et courageux », selon Michel Goubet, historien de la Résistance dans la Haute-Garonne cité dans ce même article. Serge Ravanel était très critique à son égard, l’accusant de se comporter davantage "en chef de bande qu’en responsable d’une organisation de Résistance". Marcel Joyeux était en contact avec Louis Pélissier, Jules Pêcheur et Marcel Taillandier, résistants haut-garonnais, ce dernier fondateur et animateur du réseau toulousain Morhange des Services spéciaux de la défense nationale. Joyeux fut donc aussi un agent permanent de renseignements de Morhange, parmi les plus audacieux. Il recruta et forma des résistants issus des usines toulousaines d’aviation et parmi les étudiants de la « ville rose ». Il avait le grade de capitaine dans les FFI. Il fut aussi un agent du réseau Mithridate. En 2013, un article qui évoquait son inhumation au cimetière de Jaunay-Clan, lui attribuait le grade de commandant des FFI.
En juillet 1943, il devint chef national adjoint des GF des MUR. Il fut aussi un moment (octobre 1943) chef des groupes francs de la R5 (Limoges), fonction qu’il cumula, depuis Toulouse où il résidait, avec la direction des GF de la R4. Ravanel lui reprocha de ne pas s’être occupé de la R5, tâche qu’il dut assumer lui-même, d’après un de ses écrits postérieurs à la Libération. Plus tard, en 1995, Serge Ravanel reconnut cependant que Marcel Joyeux avait été un homme "de grande qualité".
Homme d’action, payant de sa personne, Marcel Joyeux, commandant FFI, lutta contre la SIPO-SD et la Milice. Assurant le transport — il conduisait lui-même des camions — et la cache d’armes, il réceptionnait, avec d’autres membres des GFL, les matériels parachutés par les Alliés (il était en relation avec l’IS. Il posa des bombes, au siège du RNP, aux domiciles de collaborateurs dont il organisait les filatures et, parfois, les tabassages. En juin 1943, il assura l’évasion spectaculaire de quatre résistants de la prison d’Agen (Lot-et-Garonne). Avec des membres du groupe Morhange, il enleva trois membres du PPF toulousain afin d’obtenir des informations sur les intentions des forces d’occupation et des collaborationnistes. Il participa à des opérations d’exécution de résistants "retournés" et informateurs de l’ennemi. Il organisa le noyautage des services de la police et de la préfecture, s’empara également, pour la Résistance d’automobiles de la commission d’armistice. En décembre 1943 ou janvier 1944, il aurait, d’après Serge Ravanel, refusé de remettre des armes à Raymond Deleule, le GF que les MUR et l’AS avaient chargé de remettre clandestinement aux détenus de la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne). Le prétexte que "Joly" aurait invoqué était que les résistants internés à Eysses étaient communistes, pour la plupart, et que le contact de Ravanel, Vincent Fenoglio l’était aussi. Au début de1943, Ravanel avait reçu l’ordre du CNR d’organiser l’évasion des détenus politiques résistants de la centrale d’Eysses. L’un de ses contacts était en effet Vincent Fenoglio, communiste évadé d’Eysses que Ravanel mit en relation avec le responsable des GF, Marcel Joyeux, et Raymond Deleule.
On attribua longtemps à "Joly" une action spectaculaire contre les Allemands à Semur-en-Auxois (Côte-d’Or) en mai 1944. Mais ceci était faux. En effet, il fut arrêté le 24 mars 1944 par la SIPO-SD à Toulouse, ainsi que le stipula son dossier administratif. la commission régionale d’attribution de la Légion d’honneur entérina le fait qu’il "était tombé en martyr dans les geôles allemandes sans livrer de secrets". Son dossier administratif indiquait que, après son arrestation à Toulouse, il avait été incarcéré à la prison Saint-Michel, puis à Paris, à Fresnes, de juin à juillet 1944 avant d’être déporté en Allemagne le 16 juillet. Il avait été déclaré officiellement disparu à la date du 15 mai 1945, sans indication de lieu.
Sa femme fut aussi une militante clandestine de Combat. Elle fut agent de liaison entre Toulouse, Limoges et Lyon. Leur fils Jean-Pierre, né en 1939, fut pris en charge par ses grands-parents à Jounay-Clan (Vienne) qui résidaient dans cette commune. Après l’arrestation à Toulouse de Marcel Joyeux, sa femme et son fils se réfugièrent dans la Montagne Noire, au sud du Massif Central, aux confins de l’Aude et du Tarn.
Marcel Joyeux fut donc arrêté le 24 mars 1944 et emprisonné à la prison Saint-Michel de Toulouse. Il en fut extrait par les Allemands qui le fusillèrent avec quatorze autres résistants dans le bois de la Reulle entre les communes de Castelmaurou et de Gragnague (Haute-Garonne).
Pendant longtemps Jean-Pierre Joyeux et sa mère ignorèrent le sort réel de leur père et mari. Ils pensaient, en effet, qu’il était mort en déportation. De fait, Marcel Joyeux faisait partie des cinq des quinze fusillés du bois de la Reulle dont l’identité demeura inconnue jusqu’aux années 2010. Un groupe de personnes originaires du Nord de la Haute-Garonne formèrent une association animée par Georges Muratet qui décida d’élucider le mystère de l’identité de ces fusillés inconnus. Ils firent effectuer des prélèvements de l’ADN d’apparentés des victimes dont les corps étaient ensevelis au cimetière de Castelmaurou. Le premier identifié, en 2012, fut l’aviateur belge Charley de Hepcée. Le second fut Maurice Joyeux et le troisième Pierre Cartelet. Ce fut le fils de Marcel Joyeux, Jean-Pierre, qui, sollicité, fournit l’ADN qui permit d’identifier formellement les dépouilles de Maurice Joyeux. Les résultats de cette analyse, effectuée à Strasbourg, connus, l’acte de décès de Marcel Joyeux fut officiellement signé dans la mairie de la commune dans la mairie de Castelmaurou par Magali Schardt-Mirtain, maire, et Jean-Michel Peltier, procureur adjoint de Toulouse en présence du groupe de travail, maître d’œuvre de la recherche des identités des victimes inconnue. Le 28 juin 2014, fut solennellement commémoré le 70e anniversaire de la tuerie du bois de la Reulle.
Le 5 novembre 2013, les dépouilles de Marcel Joyeux ont été amenées à Jaunay-Clan (Vienne) commune de de résidence de son fils Jean-Pierre. Elles furent inhumées au cimetière de la commune, dans la tombe familiale, au cours d’une cérémonie présidée par le Souvenir français. Jean-Pierre Joyeux s’était rendu au bois de la Reulle, en compagnie des deux filles de Charley de Hepcée sur le lieu d’exécution de la fusillade des quinze résistants. Il accompagna ensuite les dépouilles de son père à Jaunay-Clan.
Le nom de Marcel Joyeux a été gravé, au titre de son appartenance au réseau Morhange, sur le monument érigé à Ramatuelle (Var) au Mémorial dédié aux membres des services de renseignements et de contre-espionnage tués ou disparus lors d’actions de résistance entre 1940 et 1945. Son nom a été rajouté en 2013 sur la plaque apposée sur la stèle commémorative du bois de la Reulle.
Une rue Marcel Joyeux a été inaugurée le 16 novembre 2019 à Saint-Jean (Haute-Garonne) en présence de son fils Jean-Pierre.
Voir : Lieu d’exécution : Castelmaurou (Haute-Garonne), fusillés sommaires du Bois de La Reulle (ou Reule)
Sources

SOURCES : Emmanuel Haillot, « Le résistant de Castelmaurou identifié par son ADN », La Dépêche (Toulouse), 11 septembre 2013. — Henri Noguères, Marcel Degliame-Fouché, Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945, tome 3, Et du Nord au Midi, novembre 1942-septembre 1946, Paris, Robert Laffont, 1972, 717 p. [pp. 517-518] ; tome 4, Formez vos bataillons !, octobre 1943-mai 1944, Paris, Robert Laffont, 710 p. [p. 231, p. 371]. — Serge Ravanel, L’esprit de résistance, Paris, Le Seuil, 1995, 444 p. [en particulier, p. 198-199 et p. 231]. — « Castelmaurou. Acte de décès de Marcel Joyeux fusillé au bois de la Reulle », La Dépêche (Toulouse), 17 septembre 2013. — E. H. et J.-C. P., « Castelmaurou. Fusillés de la Reulle, l’émotion d’une famille », La Dépêche (Toulouse), 6 novembre 2013. — Marcel Wast, « Marcel Joyeux, l’inconnu du bois de la Reulle », La Nouvelle République, édition de la Vienne, 31 octobre 2013. — SHD GR 16 P 313655. -

Archives du bureau "résistance ", Bulletin de l’’AASSDN, n° 1, en ligne, consulté le 5 février 2015. — Acte de décès, transmis le 4 février 2015 par Mme la maire de Castelmaurou.

André Balent

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