Né le 15 novembre 1915 à Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines), fusillé le 21 juin 1940 au champ de tir de Verthamon, à Pessac (Gironde) ; ajusteur-outilleur.

Fils d’Élie et d’Aimée, née Dugast, Marcel Rambaud, marié et père d’un enfant de trois ans, habitait 13 rue Royale à Versailles. Appartenant à la classe 1935, il fit son service militaire au 503e Régiment de chars de combat stationné dans sa ville natale. Il fut mobilisé lors de la déclaration de guerre dans le même régiment, affecté dans un atelier de réparation des chars de combat. À la suite de sabotages de moteurs d’avion à la Société nationale de constructions aéronautiques du Centre (SNCAC) à Boulogne-Billancourt, la direction de l’entreprise porta plainte. Le chef d’équipe de l’atelier déclara que le sectionnement d’un frein du raccord d’arrivée d’essence avait été fait dans la semaine du 22 au 27 avril 1940. Le sabotage fut constaté le 27 au Bourget. Un précédent sabotage avait été constaté fin janvier mais il n’y avait eu aucun soupçon.
Le jeune frère de Marcel Rambaud, Roger, militant des Jeunesses communistes (JC), travaillait dans cette entreprise comme ajusteur dans l’atelier de fabrication des moteurs d’avion. Il mit en cause son frère aîné. Alors qu’il était en permission, Marcel Rambaud fut interpellé le 8 mai 1940 à son domicile par des policiers de Boulogne-Billancourt. Après différentes auditions, il fut établi qu’il était connu dans son entourage pour ses opinions antimilitaristes. Marcel Rambaud affirma qu’il y avait du sabotage dans l’usine d’aviation Breguet à Villacoublay et en parla à son jeune frère Roger. Il critiquait l’armée, recommandait à ses amis qui travaillaient dans des usines de fabrication de matériel de guerre, d’en « faire le moins possible ». Lui-même n’avait participé à aucune action de sabotage mais, acte lourd de conséquences, il dessina pour son frère Roger le croquis d’un moteur d’avion où il indiquait le fil en laiton qu’il fallait sectionner.
Outre Roger et Marcel Rambaud, furent interpellés Maurice et Léon Lebeau, Roger Leroux et Raymond Andrieux. La justice militaire poursuivit l’enquête, qui permit d’établir qu’à la suite d’un sabotage, un avion en vol prit feu et s’écrasa au sol. Le pilote mourut. Plusieurs moteurs sabotés furent mis sous scellés. Ni l’enquête de police ni l’instruction ne parvinrent à prouver l’appartenance des inculpés au Parti communiste ou aux Jeunesses communistes.
Tous comparurent le 27 mai 1940 devant le 3e tribunal militaire de Paris présidé par le colonel Gaffajoli. Les frères Rambaud et Léon Lebeau furent condamnés à mort pour « sabotage ». Le Matin, journal proche de l’extrême droite, titra : « La mort pour les saboteurs ». Maurice Lebeau, Roger Leroux et Raymond Andrieux, condamnés à vingt ans de travaux forcés, déposèrent un pourvoi en cassation, rejeté le 29 mai.
Le 6 juin, son avocate Juliette Goublet évoque son cas dans un convesation téléphonique à sa consoeur Odette Moreau (écoutes) : celle-ci lui demandant s’il est vraiment communiste, Juliette Goublet répond furieuse "Ma chère, je tiens à vous déclarer que le parti communiste, même clandestin, n’a jamais donné d’ordre de sabotage et qu’il s’élève de toutes ses forces contre de temps actes."
Détenus à la prison militaire de Paris, le 10 juin 1940 du fait de l’arrivée imminente de l’armée allemande, les prisonniers furent transférés au fort du Hâ à Bordeaux (Gironde). Le 21 juin 1940 à 5 h 45, des sergents et caporaux du 181e Régiment régional passèrent par les armes Marcel et Roger Rambaud, et Léon Lebeau ainsi que d’autres détenus condamnés pour « espionnage » ou « trahison ».
Le destin de Marcel Rambaud resta longtemps inconnu.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. CB 83.23. – Le Matin, 28 et 30 mai 1940. – Le Petit Parisien et L’Action Française, 28 mai 1940. – Amilcar Rossi (Angelo Tasca), Les communistes français pendant la drôle de guerre 1939-1940, Éd. Albatros, 1972. – Blog de Jacky Tronel.

Daniel Grason

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